Dans un entretien très intéressant publié par But Football Club, Olivier Jarosz, ancien directeur de l'ECA (European Club Association) et actuel membre du board de LTT Sports, une société indépendante de conseils pour les clubs, explique ne quoi les Américains se tournent vers les clubs de football, notamment en france. Il évoque plus particulièrement David Blitzer qui projette de racheter l'ASSE...

"Pour les investisseurs cherchant à sécuriser leur capital, oui. Le football est tout indiqué pour ça. Les clubs sont considérés au même niveau que des biens publics avec des Etats toujours prêts à les soutenir. Aujourd'hui, les franchises nord-américaines se vendent à plusieurs milliards. La semaine passée, en NFL (football américain), les Broncos de Denver se sont vendus pour 4,65 milliards de dollars. Finalement, c'est quoi d'acheter un club de foot en France à 20, 30 ou 50 M€ ?

On distingue quatre groupes d'investisseurs dans le football européen. On peut trouver « l'investisseur fan » qui veut se faire plaisir et s'acheter un club pour profiter le week-end, « l'enthousiaste » qui aime bien le football et investit pour le contact avec les gens, et deux écoles de businessmen. Ceux qui cherche à faire de l'argent en revendant le club avec une plus-value et ceux qui vont se servir du football pour faire des affaires à côté, pour enrichir le carnet d'adresse et toucher des entreprises locales. 

Blitzer est à mi-chemin entre « l'enthousiaste » et le « businessman »

Mar 5, 2022; Sandy, Utah, USA; Majority Owner David Blitzer poses for a photo prior to the Real Salt Lake game against Seattle Sounders FC at Rio Tinto Stadium. Mandatory Credit: Melissa Majchrzak-USA TODAY Sports/Sipa USA - Photo by Icon sport

"Pour moi, Blitzer est entre le « 2 » et le « 3 ». C'est quelqu'un qui a avancé dans l'ombre car il a les moyens. Il est à mi-chemin entre « l'enthousiaste » et le « businessman » qui veut faire de l'argent avec les nombreux clubs de football qu'il rachète. David Blitzer n'est pas quelqu'un qui n'investit que dans le football. On retrouve aussi son nom dans les nouvelles technologies, dans des sociétés « growth », dont les revenus augmentent généralement très vite. En 2022, c'est devenu un secteur à risques et le fait qu'on le voit se lancer dans l'acquisition de clubs de football (Salt Lake City et ADO Den Haag en 2022, NDLR) montre qu'il cherche plus de sécurité dans ses placements.

Je ne sais pas quels sont ses réelles intentions mais je dirais qu'on est dans un schéma visant à faire du business au travers du football, un peu à la manière de placements boursiers. J'achète 30% d'un club. Cela me coûte 10 M€. Je revends 10 points de pourcentage quelques années plus tard et je récupère ma mise en ayant toujours des parts dans le club... Peut-être que certaines de ses entreprises hors football auraient un intérêt dans l'industrie à Saint-Etienne ou dans la région. Peut-être aussi que la chute en Ligue 2 et la baisse du prix crée une opportunité à saisir."