Jean-Pascal Gayant est professeur de sciences économiques à l'Université du Mans. Interrogé par Le Progrès, il se dit très étonné par les résultats financiers d'une ASSE qui vend beaucoup mais se retrouve inexorablement en difficulté financière, sans pour autant se noyer...

L'ASSE se classe parmi les 50 clubs au monde ayant engrangé le plus de profits depuis 2015. Le club stéphanois est même classé 33ème avec 89 millions de bénéfices sur sa balance des transferts sur cette période. Un résultat qui aurait pu mettre à l'abris le club. Pourtant, sur cette même période, le club stéphanois n'a jamais fait de folies et n'a pas particulièrement investi. Pire, il s'est même retrouvé dans la peau d'une écurie incapable d'investir le moindre centime sur le marché des transferts. Pour autant, alors que de graves difficultés financières étaient annoncées par Médiapart il y a quelques mois, l'ASSE n'a jamais sombré. Une situation qui étonne Jean-Pascal Gayant, professeur de sciences économiques à l'Université du Mans :

"Ce qui est surprenant, c’est qu’on a ce solde des ventes positif en engrangeant des dizaines de millions d’euros, et un club qui est dans une situation pécuniaire très difficile. Il y a un hiatus, c’est un peu un mystère. La plupart des clubs équilibrent les comptes avec la vente des meilleurs talents. Le système est déficitaire entre les simples produits et charges. Peut-être que le club est parti sur des budgets trop optimistes, avec des dépenses malgré tout conséquentes. En plus le Covid et Mediapro ont porté un gros coup qui accentue cette situation. L’ASSE me paraissait en difficulté financière en 2019, et on a eu des résultats qui semblaient miraculeux, en particulier en 2020. Ça m’a beaucoup surpris. Le Conseil de Surveillance avait validé les comptes et on n’était pas sur les mêmes chiffres (ndlr : que ceux révélés par Mediapart), avec un résultat légèrement positif. J’ai du mal à savoir comment les chiffres pouvaient être autant différents. Les informations de la DNCG ont été tardives et laconiques l’année dernière, on a du mal à connaître la situation des clubs. On sera très attentif au prochain rapport de la DNCG."