La marche était trop haute. Sous le déluge de Rabat, le Gabon a vu son rêve de première Coupe du monde s’écrouler face au Nigeria (1–4 a.p.). Avec lui, les espoirs de deux anciens Verts, Pierre-Emerick Aubameyang et Denis Bouanga, s’envolent. Pour le premier, 36 ans, ce barrage représentait probablement la dernière occasion de marquer l’histoire de son pays sur la scène mondiale. Pour le second, en pleine maturité sportive, cette élimination sonne comme un immense coup d’arrêt.
L’avant-match avait placé Aubameyang au centre de toutes les attentions. Le Marseillais, revenu en sélection avec un sérieux salué par tout le staff, avait retrouvé un rôle majeur dans un groupe où il n’a pas toujours navigué sans turbulences. Thierry Mouyouma, le sélectionneur, avait d’ailleurs instauré une hiérarchie claire : « Le capitaine, ce sera Bruno Ecuele Manga. Pierre-Emerick l’a accepté sans problème, ça lui enlève même un peu de pression. »
À l’image d’un joueur impliqué, prêt à tout donner pour emmener le Gabon en Coupe du monde, Aubameyang arrivait gonflé à bloc après un quadruplé contre la Gambie et un but en Ligue 1 avec l’OM qui avait relancé sa confiance. Ses coéquipiers le disent : « En 2012, on jouait tout pour lui. On l’appelait ‘suivez le guide’. »
La perspective de sortir le Nigeria d’Osimhen et de se hisser en finale des barrages donnait à ce match un parfum de rendez-vous avec l’histoire.
Un scénario cruel pour Aubameyang et Bouanga dans une soirée interminable
Le match a tourné à l’épreuve physique et mentale. Sous une pluie dense, le Gabon a longtemps tenu grâce à un gardien héroïque, Loyce Mbaba, qui a multiplié les parades face à Osimhen.
Mais la rencontre a basculé sur une erreur fatale : une passe en retrait mal assurée, Akor Adams qui intercepte, crochette le gardien, et marque dans le but vide (78e).
Mario Lemina a prolongé l’espoir en égalisant d’une frappe lourde (89e), envoyant l’affrontement en prolongation. Là, la différence de densité, de rythme et de talent offensif s’est creusée. Ejuke (97e) puis Osimhen (102e, 110e) ont assommé les Panthères.
Aubameyang, aligné jusqu’au bout, a tout tenté sans jamais pouvoir trouver la faille. Bouanga, lui aussi titulaire, a souffert dans un collectif dominé de bout en bout (1 tir gabonais contre 10 nigérians à la fin du temps réglementaire). Même la VAR n’a pas offert de répit : un possible penalty pour tirage de maillot sur Appindangoye (55e) n’a pas été accordé.
Bouanga, l’autre ancien Vert qui tombe avec son pays
Denis Bouanga, longtemps l’un des hommes forts de la sélection, avait retrouvé une place importante dans le projet Mouyouma aux côtés de Ndong, Lemina et PEA. Son activité et sa capacité à percuter ont souvent aidé le Gabon durant cette campagne, mais l’ensemble est resté trop fragile collectivement pour envisager un exploit face à un Nigeria taillé pour le haut niveau. Avec cette élimination, l’attaquant voit lui aussi s’effondrer un rêve mondial souvent évoqué au fil de ses saisons réussies à Los Angeles.
Aubameyang et Bouanga ont marqué l’ASSE à des périodes différentes, mais tous deux restent fortement associés à l’identité offensive récente des Verts. Les voir réunis en sélection, porteurs d’un pays entier, ravivait forcément un pan de la mémoire stéphanoise. Leur élimination laisse un goût amer : l’occasion semblait unique, presque écrite, avec un groupe gabonais soudé comme rarement. Aubameyang, 81 sélections, 39 buts, n’aura peut-être plus la chance de mener son pays dans une campagne aussi favorable. Bouanga, lui, devra attendre un nouveau cycle, mais il sait : accéder à un Mondial depuis la zone Afrique est une épreuve titanesque.