L'Equipe du jour livre des révélations sur les interventions de Vincent Labrune dans les dossiers de transfert de plusieurs clubs, dont l’AS Saint-Étienne, mettent en lumière des pratiques aussi opaques que tendancieuses. Les relations entre Labrune, aujourd’hui président de la LFP, et Bernard Caïazzo, ex-président du conseil de surveillance de l’ASSE, pose question par leur proximité alors qu'ils occupaient des postes au sein de la LFP. Explications.
Labrune le "facilitateur" dans l'ombre
"L'Équipe démontrent que Labrune ne jouait pas uniquement auprès des clubs le simple rôle de donneur d'avis décrit, notamment du côté de l'ASSE et d'Amiens. Selon nos informations, entre 2017 et 2019, ce dernier apparaît dans au moins une dizaine d'échanges internes au sujet de recrutement. En copie, comme destinataire, mais aussi en tant qu'expéditeur.
L'essentiel de ses activités stéphanoises, d'abord, s'est concentré à l'été 2017. À l'époque, des conversations tournent autour de trois hommes : Labrune, Caïazzo et l'agent Meïssa Ndiaye, avec qui le premier a beaucoup collaboré à sa période marseillaise. Labrune utilise son adresse professionnelle et Caïazzo la messagerie du club."
En 2017, un an après son départ de l’OM, Labrune, officiellement reconverti dans le conseil en communication, multiplie les échanges directs avec des présidents de clubs. Labrune avait été élu en novembre 2016 en tant que membre indépendant du conseil d'administration de la LFP. C'est à ce moment qu'il a pu rendre de nombreux services à des présidents jusqu'à son élection par ses derniers en tant que Président de la LFP.
Labrune - Caïazzo, un duo très lié
L'ancien propriétaire de l'ASSE le qualifiait d’ami et de « facilitateur ». L'Equipe du jour publie des échanges où Vincent Labrune intervient dans le mercato stéphanois. Plusieurs conversations sont publiées et concernent plusieurs joueurs : Yann Karamoh, Yannis Salibur, Majeed Waris, Fabien Lemoine, Nolan Roux, ou encore Léo Lacroix. Vincent Labrune jouait un rôle ambigu auprès de Bernard Caïazzo. Officiellement, il apportait son expertise gratuitement. Officieusement, il influençait activement les négociations.
Labrune utilisait fréquemment une adresse professionnelle pour discuter de stratégies de recrutement avec Caïazzo et d’autres acteurs du football. Ces interventions incluaient parfois des agents comme Meïssa Ndiaye, avec qui Labrune collaborait depuis son époque marseillaise.
Des intérêts entrelacés
Les courriels dévoilés montrent que Labrune, avec son réseau, proposait des schémas financiers complexes au bénéfice apparent des clubs. Plusieurs sources dénoncent une ingérence court-circuitant les cellules de recrutement internes. À Saint-Étienne, son rôle a parfois supplanté celui du directoire ou de Roland Romeyer. Exemple :
"Le 17 août 2017, c'est Labrune en personne qui revient à la charge, toujours à destination de Caïazzo et avec une intrigante utilisation de la première personne du pluriel, sous-entendant une œuvre collective avec Ndiaye : « Nous avons été sollicités par un club allemand qui recherche un défenseur central en prêt + OA (option d'achat). Nous leur avons suggéré Léo Lacroix. 1) Est-ce qu'un prêt de votre joueur est envisageable ? 2) Si oui, quelles sont les conditions ? 3) Si oui, il faudra rémunérer l'agent qui amène le deal (je pense sur le loan free et sur économie salariale). Donne-moi des nouvelles asap et transfère les infos à Roland (Romeyer, président du directoire). »
Les échanges sont très nombreux et les relations entre les deux hommes posent question. D'autant plus que les statuts de la Ligue précisent bien que « peuvent seules siéger à titre de membres indépendants (...) les personnes qui n'ont aucun intérêt direct ou indirect dans un club membre de la LFP ». Clairement pas le cas ici.
Si Bernard Caïazzo est aujourd'hui loin de l'ASSE, Vincent Labrune est quant à lui Président de la LFP. Cette affaire s'ajoute à la longue liste des pratiques qui lui sont reprochées.