À l’occasion des 90 ans de l’AS Saint-Etienne, le site Peuple-vert vous propose le portrait des 50 meilleurs joueurs de l’ASSE parmi les 775 qui, depuis 1933, ont un jour porté le maillot vert. De la place 50 à 21, les joueurs classés seront présentés par ordre alphabétique. Place à Patrick Revelli (288 matches, 83 buts de 1969 à 1978)
À Saint-Etienne dès 17 ans
Patrick Revelli, le frère d’Hervé, est né le 22 juin 1951 à Mimet dans les Bouches-du-Rhône, et semble également avoir un avenir prometteur dans le football. Le clan familial joue son rôle à fond et entreprend de faire la promotion du petit dernier auprès de Pierre Garonnaire. Le recruteur stéphanois se laisse facilement convaincre. D’autant plus qu’avec la réussite d’Hervé, il a tissé des liens étroits avec le Père Revelli.
Patrick intègre le centre de formation de l’ASSE où il accomplit des classes remarquables. À dix-huit ans, le 23 juillet 1969, au Parc des Princes, à Paris, pour le challenge des champions contre Marseille, l’équivalent du Trophée des champions, Albert Batteux le fait entrer à la mi-temps à la place d’Aimé Jacquet. La victoire 3-2, avec un but d’Hervé, lui permet d’engranger une première ligne à son palmarès. Il joue par ailleurs un match le 10 juin 1970, titulaire, à Ajaccio lors de la 33ᵉ journée du championnat. Il peut légitimement revendiquer son premier titre de champion de France.
Il fait partie de la génération exceptionnelle qui remporte la Coupe Gambardella en 1970 et dont on reparlera par la suite. Il marque un but en finale contre l’OL, une victoire qui s’est dessinée aux tirs au but (3-3, tab 5-4). Comme son aîné, il est attiré par les buts, mais son sens du débordement le prédispose à devenir un ailier flamboyant.
Ses débuts sous Albert Batteux
Albert Batteux est le premier à lui donner vraiment sa chance. Il profite du départ de son frère à Nice pour effectuer sa première saison pleine en 1971-72 où, au sein de l’attaque stéphanoise, il est aligné 35 fois en championnat pour 14 buts inscrits.
La nomination de Robert Herbin le conforte aux avant-postes. Il continue à être un titulaire indiscutable. D’autant plus que le jeune entraîneur français a décidé de s’appuyer sur cette formidable génération 1970 dans laquelle s’illustrent les Lopez, Santini, Merchadier, Synaeghel et consorts. Un mélange parfait entre les espoirs et les anciens (Gérard Farison, Jean-Michel Larqué, Georges Bereta plus les recrues expérimentées, Ivan Curkovic et Oswaldo Piazza) qui donnera des résultats encourageants pour les débuts de Robert Herbin. Les Verts se classent à une 4ᵉ place inespérée à l’issue de l’exercice 1972-73. Patrick Revelli en est un acteur majeur avec 31 titularisations et 16 buts marqués.
Pourtant, si la défense et le milieu de terrain sont bien pourvus, il manque un élément de poids sur le front de l’attaque pour permettre à la vitesse et à l’explosivité de Patrick Revelli de s’exprimer totalement. Le retour d’Hervé Revelli, qui a l’avantage de bien connaître la maison, semble être la solution idéale.
Revelli, un emblème de l'épopée des Verts
Les deux frères vont donc se retrouver de nouveau ensemble et mener l’ASSE vers un doublé coupe-championnat en 1974. De quoi surprendre plus d’un observateur, car loin de se faire concurrence, les deux attaquants sont formidablement complémentaires. Si l’un est virevoltant et imprévisible dans son couloir, l’autre est le maître des déviations et de la disponibilité pour se retrouver à la conclusion des mouvements collectifs. L’un et l’autre personnifient à la perfection les valeurs stéphanoises basées sur l’abnégation, la solidarité et le travail avant tout.
Patrick continue son festival, positionné soit à droite ou à gauche de l’attaque stéphanoise. Il doit cependant composer avec la concurrence, surtout avec l’éclosion de Dominique Rocheteau à partir de la saison 1975-76. Il est tout de même un des principaux héros de la formidable épopée européenne de l’ASSE.
On se souvient tous de son incroyable débordement contre le Dynamo Kiev dans les prolongations du quart de finale retour de la coupe d’Europe des clubs champions à Geoffroy-Guichard. Il s’est arraché pour redresser la course du ballon et offrir le troisième but à Dominique Rocheteau avec son centre en retrait décisif. Les caméras de la télévision le voient alors courir et sauter de joie le long de la touche, à la recherche de sa femme dans les tribunes, après cet exploit majuscule.
Il joue l’intégralité de la finale à Glasgow le 12 mai 1976 contre le Bayern Munich où il a une occasion en or à quelques secondes de la fin du match, mais il écrase trop son tir. Comme ses coéquipiers, il finit en larmes.
Une fin amère à l'ASSE pour Revelli
Jusqu’en 1977, Robert Herbin continue à titulariser Patrick Revelli sur le front de l’attaque. Pourtant l’hégémonie stéphanoise est en train d’être battue en brèche, car cette saison-là, les Verts ne gagnent que la Coupe de France. Ils perdent le championnat au détriment du FC Nantes et ils sont éliminés par le Liverpool FC en quarts de finale de la Coupe des Clubs champions. Pour retrouver son rang, Roger Rocher envisage de recruter des joueurs offensifs dont la valeur financière fait exploser le budget du club. Pour leur faire de la place, il n’a d’autres choix que de séparer des éléments historiques comme les Frères Revelli à la fin de la saison 1978.
Pourtant, Patrick conservait l’entière confiance du coach qui appréciait toujours son esprit de combattant. Il pensait que le cadet des Revelli pouvait encore rendre de grands services compte tenu de ses aptitudes physiques restées intactes.
Malheureusement, le président stéphanois ne l’a pas entendue de cette oreille. Il a plutôt écouté les récriminations du public qui l’a souvent et injustement pris en grippe, voulant en faire le bouc émissaire des mauvais résultats de son équipe favorite. Patrick Revelli a donc choisi de poursuivre sa carrière à Sochaux où il a connu une véritable renaissance lui permettant d’acquérir un surnom qui lui va comme un gant : « le Gaulois ».
Avec ses quatre titres de champion de France (1970, 1974, 1975, 1976), ses trois coupes de France (1974, 1975, 1977), le challenge des champions (1969) et la coupe Gambardella (1970), Patrick Revelli mérite complètement de figurer parmi les 50 meilleurs joueurs de l’AS Saint-Etienne.
By Albert Pilia