Salif Keita nous a quitté samedi dernier. Jean-Michel Larqué, légende des Verts, a tenu a rendre hommage à la Panthère.

Jean-Michel Larqué a tenu à rendre un hommage appyé à Salif Keita dans l'After foot. Retranscription.

"Nous venions d'être champion de France en 166-1967. Et tout à fait par hasard, Salif Keita est arrivé chez nous. Sur les conseils d'un marchand de meubles de Bamako. Un Libanais qui était fan de l'ASSE. À cette époque, Salif jouait avec son équipe du Mali.

Ils étaient hyper favoris pour la CAN de l'époque. On n'en entendait pas beaucoup parler chez nous à cette époque. Ça ne s'est pas bien passé pour le Mali finalement. Salif a été pris en grippe par les supporters maliens. Il a été obligé de s'échapper. Il est parti par le Libéria. Et il est arrivé à Orly à l'époque. Sauf qu'il s'est manqué avec Pierre Garonnaire.

Il pensait que Saint-Etienne était dans la banlieue parisienne. Il a pris un taxi et a demandé à ce qu'on l'emmène à Saint-Etienne. Le chauffeur a appelé le club. Dans la neige, il est arrivé en taxi au club. La course a couté plus de 1.000 francs à l'époque.

Niveau football, j'ai deux idoles. Rachid Mekhloufi et Salif Keita.

À l'époque, il y avait les levées de rideau avant les matchs de coupe d'Europe. Il y avait 45.000 personnes. Il n'était pas qualifié pour jouer. C'était l'équipe Réserve de l'ASSE. On faisait plaisir aux clubs voisins partenaires. Ils ont vu ce garçon phénoménal. Aucune formation. Un talent exceptionnel.

Du droit, du gauche. Il avait appris dans la rue. Il avait la finesse d'un africain. Aujourd'hui ce serait une immense star ! Salif savait tout faire en tant que numéro 10. Il jouait avec Hervé Revelli devant. Moi, j'étais avec Aimé Jacquet derrière eux. On donnait le ballon et on leur disait "Allez-y". Ils nous ont régalé.

Il avait beaucoup de Georges Weah dans son jeu. Il a fini avant-centre. Il était fin, mais puissant. Rapide et bon de la tête. Il savait aussi être opportuniste. Une année, il a été battu par Skoblar, il avait dû marquer 42 buts ! Dont 6 contre Bastia en fin de saison.

C'était un garçon qui se préoccupait que du jeu. La seule fois où nous avons éliminé le Bayern Munich, c'est Salif qui les élimine en 1968. À lui tout seul.

Il n'était pas très courageux. À l'époque, nous allons jouer à Metz. Il y avait les Zvunka. Des poètes du football de l'époque. Il tombe sur Georges Zvunka. On le voit se préparer dans le vestiaire. Il mettait les protèges devant et derrières les tibias. Il avait peur de se faire découper. Du coup, il protégeait ses mollets. On a gagné 3-0. Triplé de Salif.

Il n'a jamais eu de blessures graves à Saint-Etienne. Même si le football était violent, il fallait s'accrocher pour l'attraper. Il allait très très vite !

Ce n'était pas un immense dribbleur. Mais il allait tellement vite qu'il arrivait toujours avant le défenseur. La défense en ligne de Rennes, il aimait beaucoup. Il savait qu'il allait marquer un ou deux buts à chaque fois.

C'est un joueur qui aujourd'hui serait une immense vedette !

Il n'est partie qu'une saison à Marseille. Le temps de nous en mettre deux. À l'époque, Roger Rocher n'avait pas compris qu'à la fin du contrat, un joueur pouvait partir libre. Je crois que certains n'ont toujours pas compris.

Il part en 1972. Carnus et Bosquier étaient déjà partis à l'OM. Il y avait eu beaucoup de contentieux entre les deux équipes. Les transferts débutaient tout juste depuis 1969. Les présidents pouvaient garder les joueurs jusqu'à 35 ans. Où les jeter avant ...

Beaucoup de présidents ne comprenaient pas à l'époque ce que c'était que des "contrats à temps". Ce qui a créé des polémiques. Inutile, mais c'était ainsi. Salif était parti, car il était libre. Marseille était la grosse équipe. Ils étaient riches. Mais il n'y est resté qu'une année. Il a ensuite filé à Valencia, au Sporting Portugal avant d'aller aux États-Unis. Il a été notamment ministre des Sports au Mali.

Pour l'anecdote, une fois, nous allions jouer à Lille. Il avait neigé. Les trottoirs étaient enneigés. Lui qui ne connaissait pas la neige était sorti en tongues. L'après-midi, on joue sur un terrain enneigé à Lille. Il marque deux buts sur un terrain qu'il ne connaissait pas du tout.

Il s'adaptait très facilement. Je retiens de lui qu'il s'amusait quand il jouait. Peu importe les matchs, il s'amusait. Avec le talent qu'il avait, même en Coupe d'Europe, il s'amusait tout le temps. Il était heureux sur le terrain.