A l’occasion des 90 ans de l’ASSE dont la date de naissance officielle est le 26 juin 1933, nous vous proposons de vous faire découvrir le Onze de chaque décennie des années 1930 aux années 2010 parmi les 764 joueurs stéphanois qui ont, un jour, revêtu le maillot vert.
Evidemment, cet exercice est tout ce qu’il y a de plus subjectif et nous ne prétendons pas détenir « la vérité ». Nous nous contentons juste de présenter « notre vérité ».
Chaque semaine, nous publierons un Onze par décennie. 7e chapitre : la décennie 2000.
La décennie 2000
Après l’affaire des faux passeports qui a fait redescendre Saint-Etienne en D2 en 2001, les Verts de Frédéric Antonetti sont remontés en 2004. Le technicien corse ne verra pas la L1 avec l’ASSE mais le club s’est stabilisé parmi l’élite et a même retrouvé l’Europe par l’Intertoto en 2005 et la ligue Europa en 2008 grâce à un certain nombre de joueurs qui ont marqué cette décennie.
Le XI de la décennie 2000
Janot – Carteron, Camara, Hognon, Guillou – Zokora, Sablé, Matuidi, Feindouno – Aloisio, Alex
GARDIEN
JEREMIE JANOT (Né le 11 octobre 1977, 386 matches de 1977 à 2011)
Lorsque Jérémie Janot débute à l’AS Saint-Etienne le 22 février 1997 à Toulon (0-1), il ne se doute pas qu’il va entrer dans l’histoire des Verts. Il détient le record d’invincibilité à Geoffroy-Guichard avec 1534 minutes d’invincibilité et il est le gardien le plus capé de l’ASSE avec 386 matches devant Ivan Curkovic et Stéphane Ruffier. Et pourtant, sa taille modeste (1,76m) ne le prédisposait pas à une telle carrière dans le Forez. Mais il a compensé par une détente sèche exceptionnelle (76 cm), un mental à toute épreuve et par une relation privilégiée avec les kops qui l’ont rendu quasi indéboulonnable pendant toute la décennie. Il a marqué le public stéphanois par ses performances, sa folie communicative et ses maillots bariolés dont le plus célèbre est celui de Spiderman porté contre Istres le 21 mai 2005.
DEFENSEURS
PATRICE CARTERON (Né le 30 juillet 1970, 142 matches, 19 buts de 2000 à 2005)
Le latéral droit Patrice Carteron, estampillé OL, n’arrive pas à Saint-Etienne en 2000 avec les faveurs du public et ses premiers mois chez les Verts n’ont guère été rassurants à tel point qu’il est prêté à Sunderland entre janvier et juillet 2001. A son retour, il parvient à retourner le public de Geoffroy-Guichard avec sa hargne, sa volonté à toute épreuve et ses qualités de contre-attaquant qui lui ont permis de marquer des buts marquants comme celui en demi-finale de coupe de la ligue contre Sochaux en 2004. Il devient ainsi un des leaders de l’équipe avec laquelle il réalise la remontée en ligue 1 la même année. Il termine tout naturellement capitaine des Verts, privilège qu’aucun ex lyonnais passé par Saint-Etienne n’avait jamais connu auparavant.
ZOUMANA CAMARA (Né le 3 avril 1979, 152 matches, 1 but de 1996 à 1998 et de 2004 à 2007)
Pur produit du centre de formation stéphanois, Zoumana Camara, débute sa carrière en deuxième division le 18 septembre 1996 contre Epinal (3-0). En proie à d’énormes difficultés financière, l’ASSE transfère le défenseur espoir talentueux à l’Inter de Milan pour la somme de 7 millions de francs qui serviront à sauver le club. Il y revient en 2004 lorsque l’équipe se retrouve de nouveau en L1 où il va former une charnière redoutable avec Vincent Hognon à l’origine du record d’invincibilité à Geoffroy-Guichard. International français, il connaîtra une sélection lors de la coupe des Confédérations en 2001. Désireux de rejoindre le PSG, il n’hésitera pas à aller au bras de fer avec les dirigeants pour obtenir gain de cause.
VINCENT HOGNON (Né le 16 août 1974, 178 matches, 18 buts de 2002 à 2007)
Vincent Hognon, qui s’est révélé à Nancy, intègre les rangs de l’AS Saint-Etienne en 2002 dans une période plutôt triste de son histoire alors qu’elle végète en D2. Il sera néanmoins un des rouages essentiels de l’équipe sous la conduite de Frédéric Antonetti qui en fera un des piliers de sa défense. Doué d’un sens de l’anticipation peu commun et d’un très bon jeu de tête qui lui permettront de marquer de nombreux buts, il participera pleinement à la montée du club en L1 en 2004. Frédéric Antonetti parti, Elie Baup, son remplaçant, lui maintiendra sa confiance et il formera un duo remarquable avec Zoumana Camara pour constituer une défense de fer qui sera à l’origine des bons résultats en L1 jusqu’à obtenir en 2005 une improbable 6e classe qualificative pour la coupe Intertoto à laquelle il va participer activement.
PATRICK GUILLOU (Né le 16 avril 1970, (116 matches de 1997 à 2000 et de 2001 à 2003)
Né en Allemagne, Patrick Guillou pose ses valises en 1997 à Saint-Etienne où il connaitra la saison d’enfer avec le maintien du club en D2 lors de la dernière journée à Lille malgré la défaite (1-2). La soirée se termine par une fête mémorable en boîte de nuit, qui selon les intéressés, sera la base du renouveau de l’ASSE la saison suivante. Titulaire à part entière de l’équipe qui remonte en D1 en 1999, il devient le chouchou du kop nord qui adore les montées rageuses de ce latéral gauche fougueux qui n’a peur de rien, surtout pas de l’adversité. Son retour en 2001 sera moins convaincant car il ne parvient pas à s’entendre avec Frédéric Antonetti qui, peu à peu, l’écarte du groupe.
MILIEUX
DIDIER ZOKORA (Né le 14 décembre 1980, 75 matches de 2004 à 2006)
L’Ivoirien Didier Zokora a rayonné dans l’entre-jeu stéphanois dès son arrivée en 2004. Il a d’ailleurs hérité du surnom de « maestro » qui lui va comme un gant. Véritable catalyseur du milieu de terrain, jamais fatigué, doué d’une aisance technique impressionnante, il a été un rempart efficace contre les attaques adverses et la première rampe de lancement des Verts. En deux saisons, il a indubitablement marqué le club de son empreinte. En retour, son exposition avec l’ASSE lui a permis d’attirer l’attention d’équipes relevées comme celle des Anglais de Tottenham dans laquelle il a signé en 2006. En échange, le club a engrangé la somme record de 11 millions d’Euros, la plus importante de son histoire en terme de transfert.
JULIEN SABLE (Né le 11 septembre 1980, 341 matches, 12 buts de 1998 à 2007)
Julien Sablé, Marseillais d’origine, est un pur produit de l’école stéphanoise qui a débuté sa carrière en Vert lors du terrible Lille-ASSE du 8 mai 1998 (1-2) qui aurait pu faire descendre les Verts en National. Capitaine de l’équipe vainqueure de la coupe Gambardella en 1998, il s’installe progressivement dans le groupe professionnel avec Robert Nouzaret qui l’intronise au milieu du terrain où il fait valoir ses immenses qualités d’endurance, d’aboyeur et de récupérateur. Il s’impose avec Frédéric Antonetti pour devenir le capitaine de sa formation à qui il transmet son mental à toute épreuve. Avec Jérémie Janot et Loïc Perrin, il symbolise la réussite de la formation de l’ASSE capable de sortir des joueurs, imprégnés des valeurs locales, qui ont donné leur corps et leur âme pour la maison verte.
BLAISE MATUIDI (Né le 8 avril 1987, 154 matches, 3 buts de 2007 à 2011)
Blaise Matuidi débarque à l’ASSE en provenance de Troyes en 2007 pour franchir une nouvelle étape dans sa progression. Il a préféré la proposition stéphanoise malgré des propositions plus lucratives ailleurs (Tottenham…). Excellent choix ! Ce milieu de terrain surnommé « chewing-gum » tellement il harcelle ses adversaires et récupère un nombre incalculable de ballons, va faire l’étalage de toutes ses qualités qui vont le rendre indispensable au milieu de terrain. Ces performances lui ouvriront les portes du PSG version Qatari puis de la Juventus de Turin et celles de l’équipe de France où il devient l’un des éléments moteurs de la victoire en coupe du Monde en Russie en 2018 rejoignant Laurent Blanc, parmi les Stéphanois devenus champions du monde.
PASCAL FEINDOUNO (Né le 27 février 1981, 150 matches, 37 buts de 2004 à 2008)
Tout ceux qui ont joué avec Pascal Feindouno l’ont dit. Il est le meilleur joueur qu’ils ont côtoyé tout au long de leur carrière. Quand il rejoint l’AS Saint-Etienne en 2004 et son « père spirituel » Elie Baup, le « Zidane Black » comme il est surnommé, a ébloui ses partenaires et rendu fou ses adversaires par sa technique extraordinaire, son sens du dribble et ses buts d’un autre monde. Avec lui, l’ASSE retrouve l’Europe, d’abord l’Intertoto en 2005 puis la Ligue Europa en 2008. S’il avait eu une hygiène de vie plus en adéquation avec les exigences du monde professionnel, il aurait pu prétendre évoluer dans les meilleurs clubs du monde. Au moins, l’ASSE a eu le privilège de l’avoir dans ses rangs pendant quatre ans et c’est au public de Geoffroy-Guichard qu’il a réservé l’essentiel de ses gri-gris !
ATTAQUANTS
ALOISIO (Né le 27 janvier 1975, 42 matches, 10 buts de 1999 à 2001)
Le Brésilien Aloisio est recruté sur la foi d’une cassette vidéo de très mauvaise qualité mais qui ont fait ressortir les atouts d’un joueur dont le surnom « le taureau de Goias » résume à lui seul ce qu’a pu apporter cet avant-centre surpuissant et décisif. Il a été performant dès les premières minutes jouées sous le maillot vert en 2004 et formé avec son compère Alex, un duo sans équivalent en France à cette époque. Gravement blessé lors de sa 2e saison qui aurait dû être celle de la confirmation, il a été emporté par l’affaire des faux passeports dans laquelle il est impliqué. Il a été stoppé net dans sa progression, même s’il a pu signer au Paris SG sans toutefois y briller comme il a pu le faire à Saint-Etienne.
ALEX (Né le 26 mai 1972, 91 matches, 37 buts de 1999 à 2001 et de 2002 à 2003)
Les Stéphanois étaient partis pour enrôler Aloisio, ils reviennent du Brésil avec un attaquant supplémentaire en la personne d’Alex dont l’entente entre les deux a tapé dans les l’œil des dirigeants. Ce virtuose n’a jamais été l’ami de ses entraîneurs qui n’ont pas supporté sa nonchalance à l’entraînement et sa propension à faire la fête au-delà du raisonnable. Mais lorsqu’il est rentré en cours du jeu pour la première fois contre Nancy le 20 août 1999, il a fait l’étalage de toute sa classe avec un but et une passe décisive. Et que dire de son chef d’œuvre le 12 décembre 1999 avec son quadruplé contre l’OM (5-1). Impliqué lui aussi dans l’affaire des faux passeports, sa fin de carrière à l’ASSE a été moins reluisante poussé vers la sortie à cause d’un mésentente persistante avec Frédéric Antonetti.
ENTRAINEUR
FREDERIC ANTONETTI (Né le 19 août 1961, 120 matches de 2001 à 2004)
Lorsque Frédéric Antonetti remplace Alain Michel à la tête de l’ASSE en octobre 2001, il découvre une équipe en panne de résultat, traumatisée par sa descente en D2. L’entraîneur corse va mettre plus de deux ans pour former un groupe à son image, se débarrassant des éléments indésirables (Alex…) et pour lui inculquer la haine de la défaite qui est la sienne. La greffe va pourtant avoir du mal à prendre et les Verts vont se retrouver au fin fond du classement après une défaite humiliante face à Gueugnon le 29 janvier 2003 à Geoffroy-Guichard (0-3). L’effectif stabilisé, la remontée en 2004 laissera une trace indélébile dans le cœur des Stéphanois avec en point d’orgue ce match contre Châteauroux, où il aura vu le public marquer un but à Geoffroy-Guichard, celui de Damien Bridonneau qui apporte le titre de champion de D2. Les supporters seront alors stupéfaits de constater qu’il ne poursuivra pas sa mission à l’étage supérieur.