Julien Sablé s'est livré dans le livre AS Saint-Etienne, 90 ans de légende paru le 14 juin aux éditions Hugo & Cie. Extraits.

Génération Gambardella

"On a été champion de France des 17 ans, puis vainqueurs de la Gambardella 1998. Trois jours après notre victoire, l’équipe professionnelle avait été tenue en échec à domicile par Martigues en Championnat. Dans le stade, les supporters avaient brandi des banderoles : « Faites jouer la Gambardella ! » Il restait un match à disputer, à Lille. Si le LOSC l’emporte par deux buts d’écart, il montait en D1. Si l’ASSE perdait par deux buts d’écart, elle tombait en National.

Gérard Fernandez m’a appelé un matin pour me dire : « Tu vas jouer à Lille, prends tes affaires pour t’entraîner avec les pros. » J’ai foncé sur le terrain annexe où se trouvaient Alain Bompard, qui avait racheté le club, Gérard Soler, Robert Herbin et Pierre Repellini, les coaches. A Grimonprez-Jooris, pour la première fois de ma vie, j’ai eu des crampes lors de l’échauffement. On avait perdu 2-1, les deux équipes restaient donc en D2.

Le monde pro

L’année d’après a été celle de la remontée. Une année tragique pour moi : ma mère a été victime d’un accident de la route en novembre 1998, à 10 kilomètres de Geoffroy-Guichard. J’avais 18 ans. J’ai été pris en charge par l’ensemble du groupe. Ils ont tous été formidables, à commencer par Nouzaret. Avec les Fichaux, Guillou, Leclerc, Alonzo et les autres, j’avais des « papas » qui prenaient soin de moi. J’étais aussi le petit jeune de la formation, qui dans sa ville d’adoption, grimpait les marches.

Deux ans plus tard, l’affaire des faux passeports a plombé le club. On a changé plusieurs fois d’entraîneur jusqu’à l’arrivée d’Antonetti. C’est lui qui a fait de moi un joueur de L1. Un super entraîneur qui a posé de tels fondamentaux qu’on était devenus presque injouables ! La montée de 2004, contrairement à celle de 1999, je l’ai vraiment appréciée. On dégageait une telle maîtrise… Le public avait eu tellement peur que l'ASSE plonge définitivement ! Notre retour en D1 lui a redonné l'espoir et l'envie, notamment à une frange plus jeune.

A Bastia, je me suis retrouvé 5 mois au chômage. Lors du déplacement de Sainté en Corse en Championnat, j’avais vu Roland Romeyer avec lequel j’entretenais de très bonnes relations. Quelques semaines plus tard, il m’a appelé pour me dire que Batlles prenait en main l’équipe réserve et que la place de coach U15 se libérait. J’ai bondi sur l’occasion : j’avais toujours eu le projet d’entraîner, et l’ASSE était mon club de cœur, dans une ville où je comptais beaucoup d’amis. J’ai été promu co-entraîneur de la réserve en 2015, des U19 en 2016 puis directeur du centre de formation en 2017.

La formation stéphanoise

La formation, c’est l’ADN de Saint-Etienne. Elle doit y être renforcée et valorisée, en veillant à ce que les jeunes trouvent un débouché en équipe première. Elle doit aussi insister sur les valeurs fondamentales du club. Quand on dit que la ville souffre, ce n’est pas un slogan. Quand on dit que le cœur de la ville bat pour son club, ce n’est pas qu’une formule. À Saint-Etienne, il existe un sentiment d’appartenance unique en France.

Je suis stéphanois à vie, je le ressens. Je suis un exemple de réussite, car à Saint-Etienne on respecte les joueurs besogneux, les porteurs d’eau, ceux qui se donnent sur le terrain, qui font honneur au maillot et se battent pour lui. Je n’ai jamais été un super footballeur, mais je pense incarner les valeurs du club."