Dans une émission orchestrée par Le Club de 5, Mathieu Bodmer s'est livré sur la ligue 2 et la méthode pour réussir à décrocher l'accession en ligue 1. Il fait allusion également à l'ASSE, même s'il n'est pas certains que le club qu'il évoque soit l'ASSE, il affirme vouloir travailler avec Thiago Motta lors d'un projet qui n'a pas abouti. Extraits.

Son arrivée dans le métier

"Depuis très longtemps, je voulais être directeur sportif. Je l'ai fait plus ou moins pendant 4 ans à Evreux. On faisait déjà le recrutement du coach, des joueurs, la mise en place de la politique sportive du club. Je ne connaissais pas toutes les ficelles du métier, car ça restait le monde amateur - les contrats ne sont pas les mêmes, les transferts ont d'autres montants - mais disons que j'avais les bases et que ça m'avait plu.

Je voulais revenir dans un club pro. Au démarrage, ce n'était pas prévu d'aller au Havre, ça, c'est une vérité. On était censé reprendre un autre club avec des investisseurs, ça ne s'est pas fait. Quand l'oppurtunité HAC s'est présentée, on s'est dit "bingo, c'est là-bas qu'il faut aller, c'est un club mythique, il y a des infrastructures extraordinaires." J'ai mon grand qui joue au HAC depuis 2017 donc je connaissais tous les effectifs de jeunes.

Thiago Motta

Quand je devais aller dans un autre club, mon choix numéro un, c'était Thiago Motta. On avait avancé avec Thiago, on a joué ensemble à Paris, on s'entend bien. Les mecs qui étaient censés mettre l'argent m'ont dit : "Mais Thiago, les résultats au Genoa, c'est moyen." J'ai dit : "écoutez-moi. Je l'ai vu entraîner les U19 du PSG. Avez-vous regardé les 6 ou 7 matches qu'il a faits avec le Genoa ? Non, et bien nous, on a tout regardé."

Thiago a perdu des matches à la 95e, sur des penaltys, des erreurs défensives. Mais le contenu des matches, c'est ça qui est important dans une équipe qui n'a pas ou peu de moyens. Quand je fais le bilan deux ans après et que je regarde où est Thiago, il a fait la Spezia avec pas beaucoup de moyens, il est arrivé à Bologne avec un peu plus de moyens, il fait une saison plutôt cohérente et intéressante et il commence à être sollicité par des grands clubs...

Mais moi quand je l'ai vu entraîner les U19 à Paris, je me suis dit : "c'est un top coach." Je pense que Luka Elsner c'est le coach qu'il fallait au Havre au moment où je l'ai choisi. J'aurais été dans un autre club, je n'aurais peut-être pas dit la même chose. Il y a tout un contexte à prendre en compte : l'histoire du club, il fallait peut-être avoir une équipe un peu plus âgée parce que peut-être plus de pression.

La ligue 2

Il y a deux choses qui sont importantes à mes yeux. Un, j'aime bien avoir le ballon. On a souvent eu la possession cette saison (l'ASSE a toute même un taux supérieur de possession). En étudiant le championnat de Ligue 2, on s'est aperçu que plus t'avais la possession, plus tu avais de chance de gagner les matches. L'équipe adverse est moins forte en transition qu'en Ligue 1. Deux, j'aime défendre haut. Ce sont les deux critères pour moi qui font que la saison est réussie.

En récupérant les ballons haut, tu mets la pression en continu sur l'équipe adverse. Et c'est important d'avoir la possession en Ligue 2. En Ligue 1, c'est moins vrai, car la qualité des joueurs de l'élite est supérieure. En deux ou trois passes en Ligue L1, sur 80 mètres, ils peuvent te tuer. En L2 c'est un peu plus difficile de faire deux ou trois bonnes passes avec une bonne finition. Tu as moins de talent, c'est logique.

On a demandé de défendre haut, mais pour ça, il faut que tu aies un axial qui puisse couvrir, on a Sanganté. Il fallait faire une défense un peu plus à trois avec E Hajjam. Il fallait un Opéri un petit peu plus haut. Il fallait un milieu de terrain un peu plus renforcé. Mais en fait, on défendait avec le ballon. Tout le monde dit "on n'a pas pris de buts" mais on n'a pas posé le bus, hein !

Parfois, on a subi comme contre Bordeaux et Sochaux mais l'équipe a mis le bleu de chauffe. Quand on avait le ballon, on était rarement désorganisé, on a pris rarement de transitions dans l'année. Et les transitions qu'on a prises, souvent, elles n'ont pas été au bout. On ne s'est pas trop trompé sur le constat qu'on avait fait en début de saison. Maintenant, on sait qu'en L1, on doit changer l'effectif, car ce n'est pas le même championnat. En transition, en trois passes, tu peux te faire tuer par pas mal d'équipes."