L'idée de performance est partout présente dans notre société, et peut-être même encore plus dans le domaine du sport. L'exemple le plus récent que nous possédons à L'ASSE est Niels Nkounkou. Beaucoup d'observateurs se demandent à juste titre si le niveau qu'il a affiché sur cette dernière demi-saison est son réel niveau ou seulement une "superformance". Ce mot est-il adapté ? Que signifie-t-il intrinsèquement ? Nous allons répondre à ces questions, et faire le lien avec certains faits, dans les prochaines lignes.
Contextualisation
Il est courant de dire qu'un sportif, ou une équipe sportive qui performe de manière positivement remarquable, mais sur du court terme, "surperforme", ce qui signifierait concrètement qu'il affiche un niveau au-dessus de ses capacités moyennes. Ce mot est donc à l'opposé de la contre-performance. Avant de s'intéresser aux termes de "surperformance" ou de "contre-performance" en détail, nous allons décortiquer dans un premier temps le mot racine, à savoir "performance".
Performance est à l'origine un mot anglais, qui est défini dans le dictionnaire de Cambridge University comme "à quel point une personne, une machine, etc. Effectue bien un rôle ou une activité."
Le Larousse français nous fournit une définition différente, axé sur les chiffres, la réussite et même l'exploit.
1. Résultat chiffré (en temps ou en distance) d'un athlète ou d'un cheval à l'issue d'une épreuve.
2. Victoire acquise sur une équipe, un adversaire mieux classés.
3. Exploit ou réussite remarquable en un domaine quelconque : Faire un tel travail en si peu de temps, c'est une véritable performance.
4. Résultat obtenu dans un domaine précis par quelqu'un, une machine, un véhicule (souvent pluriel) : Améliorer ses performances
Enfin, le Robert nous donne également une définition qui vise la réussite et le rendement.
Résultat obtenu dans une compétition. Les performances d'un champion. Performance homologuée. Rendement, résultat le meilleur. Les performances d'une machine.
En Angleterre, le mot "performance" définit purement le niveau affiché. En France, le mot performance a globalement un sens positif. Il arrive parfois qu'on parle d'une performance là où les Anglais parleraient d'une "bonne performance". C'est dans ce flou sémantique qu'apparaissent les mots "contre-performance" et "surperformance".
Différents paramètres à orchestrer
En plus de la définition, nous sommes d'avis de s'accorder sur le fait qu'une performance, c'est avant tout l'ensemble des paramètres qui ont un impact sur cette dernière qui s'associent pour définir sa réussite, ou non. Mais alors quels sont ces paramètres ?
Pour le domaine du football, et notamment d'un joueur, il s'agit d'un ensemble de paramètres propres au joueur, et de paramètres contextuels. Par exemple, le CIES établit chaque année un rapport indicatif des performances des clubs et des joueurs en fonction de plusieurs paramètres.
Nous supposons que l'ensemble des paramètres propres au joueur sont :
- mentaux : concentration, sang-froid, psyché du moment, réactivité et efficacité du système cerveau-muscles, taux de travail, application
- physiques : niveau de sommeil, forme physique, musculature, centre de gravité, faiblesse musculaire, mobilité des articulations
- techniques : entraînement, "talent"
Cette liste est bien évidemment non exhaustive, mais elle permet de mettre la lumière sur le fait qu'une performance n'est pas entière seule. Elle dépend totalement des paramètres qui la composent. La performance est le produit de tous ces paramètres. Il paraît évident que chacun de ceux-ci sont nécessaires à la mise en lumière de tous les autres, il peut arriver qu'un joueur qui, par exemple, n'est pas affûté physiquement ne puisse pas entièrement afficher ses qualités techniques. Il apparaît également que certains joueurs à l'intelligence de jeu insuffisante apparaissent comme limités dans tout un ensemble de compartiments du jeu, ce qui est logique.
Tous ces paramètres sont aussi nécessaires au fonctionnement de la performance globale. Un joueur qui n'a aucun sang-froid ne sera pas performant à haut niveau, de même qu'un joueur qui n'a pas dormi la veille ne peut jouer à son meilleur niveau. Et que dire du paramètre physique avec les blessures.
C'est ainsi que certains jeunes joueurs affichés comme de gros potentiels n'exploitent pas l'entièreté de celui-ci arrivé dans le football d'adulte. Certains paramètres échappent parfois aux observateurs, et ils sont bien souvent plus importants qu'on ne le croit pour atteindre le très haut niveau.
Lien entre la contre-performance ou la surperformance ?
Décomposons premièrement le mot "contre-performance". Le préfixe "contre" vient du latin "contra" qui signifie "par opposition". Il signifie donc l'opposition, le contraire, par rapport au mot qui le suit. Une contre-performance est donc par définition un mauvais résultat. Dans l'optique où l'on considère qu'une performance c'est un résultat attendu en fonction de paramètres définis, une contre-performance correspond donc à un résultat de performance de moindre qualité que ce qui devrait être. Un exemple simple serait : lorsque le PSG, leader de ligue 1 sur beaucoup de paramètres sportifs (niveau des joueurs, d'entraîneur, de staff par exemple) et extra-sportifs (budget, installations, envergure de la ville d'hébergement) n'est pas champion de France de ligue 1, c'est une contre-performance.
La surperformance, elle, est par définition "une définition supérieure à la norme. C'est la différence positive entre une performance et la performance constituant la norme". Ce qu'on pourrait appeler également la performance moyenne. C'est important de le préciser tant ce mot peut subir un abus de langage dans son utilisation. Il est parfois utilisé dans la signification "le joueur fournit une performance supérieure à ce qu'il est capable de faire", sous-entendu qu'il ne pourra plus reproduire ce niveau de performance. C'est évidemment impossible à prédire. Souvenez-vous du paragraphe sur la performance. Celle-ci est la somme de différents paramètres, souvent très nombreux et pas toujours connus des principaux acteurs.
Un joueur qui fait une excellente saison peut ne pas la reproduire s'il ne réussit pas à contrôler de manière optimale tous les paramètres qui le concernent (un joueur qui se blessé régulièrement à cause de son hygiène de vie, qui s'entraîne moins assidûment par exemple). Mais il peut également réussir à contrôler ces paramètres et à les sublimer de manière à augmenter son niveau de performance moyen.
Le terme de surperformance doit donc être utilisé de manière exceptionnelle, et surtout avec vigilance.
En conclusion, il serait donc logique, au vu des informations étudiées précédemment, de ne pas se demander si un joueur, une équipe, surperforment dans leur globalité, mais plutôt de savoir quels sont les facteurs qui entrent en jeu et quelle sera leur évolution prochaine. Réfléchir dans une globalité avec du recul sur une certaine situation et ne pas tirer de conclusions trop hâtives sur certaines situations. Le terme de surperformance est parfois mal utilisé, parfois un abus de langage par rapport à son sens premier.