Dans une interview accordée à la chaîne Franek Foot sur Youtube, Fabien Lemoine revient en longueur sur son passage à l'ASSE, l'aventure humaine vécue, la victoire en Coupe de la Ligue, et le derby de 2017. Extraits.

"Les supporters stéphanois qui sont à cheval sur le don de soi, sur le fait de mouiller le maillot"

Fabien Lemoine : « Sur les 6 années à Sainté, j’enlève la dernière, j’enlève la première. La première on a fini 7ème c’était honorable. Mais les 4 saisons suivantes notamment 2012/2013, 2013/2014 et même 2014/2015, on se qualifie toujours pour la coupe d’Europe, on est dans les 5 premiers en permanence. Je fais des grosses saisons, on fait plus de 40 matchs par an. Ça a été vraiment la période la plus intense en terme de niveau, de performance individuelle, de performance collective. Aussi d’intensité de carrière parce que tu joues tous les 3 jours avec la Coupe d’Europe, tu es toujours en déplacement à droite à gauche. Tu es rarement à la maison mais au final ça te va bien car tu vis ta passion. Tu es à bloc avec ton équipe, tes collègues. »

« Puis on avait tellement une super ambiance, on n’était pas les plus talentueux mais on avait vraiment cette équipe avec une grosse solidarité, une grosse débauche d’énergie. On était parfois un peu à la limite parce qu’on était une équipe assez agressive. Ça correspondait à nos valeurs et aux valeurs que demandait le Chaudron, les supporters stéphanois qui sont à cheval sur le don de soi, sur le fait de mouiller le maillot. Nous là-dessus on a jamais triché. »

La Fédération Française de Taro à l'ASSE

« On était un vestiaire très soudé mais très simple. On avait plein de joueurs qui étaient un peu extravagants, parce qu’un mec comme Aubameyang quand tu le vois comme ça, quand tu vas sur son instar, ça n’est pas le mec le plus simple d’apparence… Mais humainement rien ne pouvait nous arriver tellement on était hyper content de se voir. On arrivait le matin on mangeait le petit dej tous ensemble. Après entre le petit dej et l’entrainement il se passait peut-être une heure, une heure et demi. On n’était pas les plus gros bosseurs en salle… »

« Notre génération, notre bande, tous les matins on jouait aux cartes, donc c’était taro taro taro tous les matins. On était un dizaine à peu près à jouer au taro. On avait plusieurs niveaux : la L1, L2, le National. Toutes les semaines il y avait les deux premiers qui montaient et les deux derniers qui descendaient. François Clerc, Jérémy Clément, Jonathan Brison, Loïc Perrin, Renaud Cohade, Paul Baysse, Romain Hamouma, Brandao, Ale Alonso… En fait on prenait un plaisir, et puis après chaque déplacement dans l’avion ça jouait tout le temps aux cartes. On arrivait à l’hôtel on jouait aux cartes. J’étais bon ? J’ai démarré je ne savais pas jouer, au bout de quelques mois j’étais souvent souvent en L1. C’était vraiment une grosse grosse partie de plaisir, de fou rire. »

Stephane Ruffier / Jonathan Brison / Jean Pascal Mignot / Kurt Zouma / Francois Clerc / Bakary Sako / Josua Guilavogui / Fabien Lemoine / Romain Hamouma / Idriss Saadi / Alejandro Alonso - 01.08.2012

Les retours à 5h du matin à Sainté après l'Europe, les apéros jusqu'à 3h...

« Et puis quand tu étais en déplacement en Coupe d’Europe c’était toujours pareil ! On était très connecté à l’extérieur, on jouait le jeudi soir en Europa League, on a fait des déplacements en Ukraine à Dnipro… Tu joues le jeudi à 21h, tu rentres le vendredi à 5h du mat à Sainté. Ils nous laissaient, on avait entrainement à 11h donc on allait dormir. On avait ensuite entrainement, et le vendredi soir on se faisait apéro chez les uns chez les autres tous ensemble, avec les joueurs avec qui on s’entendait bien. Apéro, repas, les femmes, les enfants, le vendredi. Et puis des fois on finissait à 3h du mat le vendredi. Entrainement le samedi matin et dimanche bam on remettait ça et on gagnait les matchs. »

«  Ça nous a animé d’être aussi connecté à l’extérieur. Je ne dis pas les apéros, mais être connecté à l’extérieur, et comme on était pour la plupart des bons vivants, bah forcément les apéros, le vin, ça faisait partie un peu de nos ambiances un peu festives. On se sentait vraiment puissant chez nous, à Sainté on sentait qu’on avait vraiment une grosse force de frappe. Je pense que l’équipe adverse nous craignait un peu, et ça aide. On s’aimait tous les uns les autres, et puis chez nous avec l’ambiance, le stade… Tu ne fais pas les efforts de la même manière quand tu as 30.000 personnes derrière qui poussent, et quand à un moment donné c’est un peu vide, c’est dur. On avait vraiment grosse force de frappe. »

JOIE DE BRANDAO - Yohan MOLLO - Pierre Emerick AUBAMEYANG - Renaud COHADE - Fabien LEMOINE - 02.03.2013 - Saint Etienne / Nice - 27eme journee de Ligue 1
Photo : Jean Paul Thomas / Icon Sport

La victoire en Coupe de la Ligue en 2013

Retenir un moment de ma carrière ? « C’est sûr que la victoire en Coupe de la Ligue avec Sainté ça a été un gros gros moment. Parce que c’était dans un club comme celui-là qui attendait un trophée depuis des dizaines d’années. Forcément ça marque, quand tu arrives le lendemain pour célébrer le trophée, montrer la coupe, et que tu vois les gens qui sont là sur tout le chemin du bus, tu ne pouvais pas avancer, c’était full. Forcément tu te dis que tu as un peu marqué ton nom dans ce club-là, le fait de ramener un trophée après ces longues années de disette. Et puis il vient concrétiser une période vraiment intense avec Sainté aussi, même si c’est 2 ans après mon arrivée. Mais une période avec ce groupe-là, on savait qu’à la fin de saison 2013 il y allait avoir pas mal de joueurs qui allait partir, Aubame, Joshua, Zouma… On savait qu’il y avait beaucoup de joueurs importants de l’effectif qui allaient partir. Importants aussi au niveau de la personnalité parce que c’était des joueurs importants dans le vestiaire. »

Fabien Lemoine of Saint Etienne and Rachid Ghezzal of Lyon receives a red card Referee Tony Chapron during the Ligue 1 match between As Saint Etienne and Olympique Lyonnais Lyon at Stade Geoffroy-Guic

Le derby face à Lyon en 2017 et le tacle de Tolisso

Sur le derby contre Lyon en février 2017 : « Je reçois un tacle. Le premier c’est le jeu, voilà tu pousses un mec comme ça, tu tombes c’est un peu de vice. Donc pour Rachid Ghezzal je tombes en arrière, il prend le deuxième jaune donc carton rouge. Ça anime un peu la rencontre. Après le deuxième, il y a le tacle, où là je pense vraiment que le joueur (Tolisso)… Il a pris rouge il a fini rookie. Moi je n’étais vraiment dans une bonne spirale, je jouais moins… Moi j’ai aussi mon caractère donc forcément quand je joue moins je ne suis pas forcément content de ma situation ou de mon temps de jeu donc c’était un peu plus difficile. Même personnellement c’était plus difficile. Donc je me dis « vas-y tu sais quoi je sors du terrain ». Après coup je me dis que ça n’était pas la bonne chose à faire parce qu’au final ça n’amène rien mis à part potentiellement handicaper son équipe. Mais en fait, les deux fils se sont touchés, stop, je sors de là, je prends ma douche, je rentre chez moi. »