Alors que l'ASSE traverse une énième période délicate en matière de résultat, Patrick Guillou a commenté la dernière copie des stéphanois. Retour sur le dernier Sainté Night Club. Extraits.

Patrick Guillou (Ex-ASSE) : " “Davitashvili ? Des fois, il y a des courses qui s’imposent : pour libérer le partenaire, pour l’occupation de l’espace, pour libérer un espace supplémentaire derrière, et vous faites des courses qui profitent à votre partenaire. Si, à chaque fois, vous avez quelqu’un qui prend le ballon, qui dribble, et on dirait un skieur dans les portes de slalom.... Les courses que ses partenaires vont faire _ les deux attaquants, un à l’opposé, ou un milieu qui se projette — comme ils savent qu’ils n’auront pas le ballon, qu’est-ce qui va se passer ? Ils ne les feront plus. Du coup, c’est très facile à lire. Tu te dis que le slalomeur géorgien va prendre le ballon, il va essayer de dribbler trois joueurs. Ça peut marcher, comme contre Auxerre : il va frapper en rentrant à l’intérieur. Mais derrière, quand il va se retourner et qu’il va regarder qui est derrière lui sur le front, il n’y aura plus personne."

L'ASSE en manque de créativité

Patrick Guillou (Ex-ASSE) : "Tu as la possession, tu arrives de temps en temps quand même à rentrer dans le dernier tiers. D’accord. Après, la question, c’est : combien de ballons touches-tu dans la surface ?

À un moment donné, quand Davitashvili n’arrive pas à décanter une situation par un geste individuel, quand Stassin n’arrive pas à se retrouver à la conclusion d’un bon centre — parce que Stassin, il va exister aussi, et si on a vu ses buts, parce que je suis allé les voir, il profitait de deux ailiers sur les côtés qui lui mettaient les ballons dans la boîte, et il était capable d’être un redoutable finisseur, notamment dans sa finition à une touche — quand, sur le côté droit, on va espérer avec Cardona, tu ne fais pas la différence non plus, c'est compliqué.

Une fois que tu as dit ça, ce sont tes milieux de terrain qui doivent apporter quelque chose pour créer un déséquilibre, pour apporter de la créativité, pour se projeter dans la surface adverse. Pour l'instant, il y a un but d’un milieu de terrain et deux passes décisives d’un milieu de terrain. Donc ça veut dire que, si tu fermes tes trois attaquants, tu densifies ton axe, il n’y aura personne pour s’approcher et rentrer dans la surface. Et c’est ça le constat."

Beye a mangé les Verts

Patrick Guillou (Ex-ASSE) : "Ce qui était intéressant, c'est la déclaration d’avant-match d'Habib Beye. Il a plus ou moins expliqué entre les lignes :  "venez nous chasser, on vous attend". Rennes a regardé les circuits préférentiels qui alimentent le jeu de l'ASSE. Et dans la position basse de Saint-Étienne, c’est Bouchouari. Tu mets quelqu’un qui va casser la relation de Bouchouari avec Stassin par exemple, et ça tourne autour? Tu vas pouvoir récupérer et enchaîner vers l’avant. Ekwah est un beau joueur, mais qui est monorythmique. Il est formidable, il ressort proprement le ballon, il est dos au jeu, tu peux lui mettre le ballon, il va se retourner, mais dans le changement de rythme...

Si tu identifies, les circuits préférentiels, comment ressort le ballon ça devient très compliqué. On n’est pas assez forts pour créer le premier décalage. Tu n’es pas le Bayern, tu n’es pas Manchester City, tu n’es pas le Real, qui peut dire : “Tiens, même si l’adversaire vient au pressing en un contre un, on ne sera pas en difficulté.” Saint-Étienne est en difficulté. C’est pour ça que je dis, à un moment donné, il va falloir peut-être revoir les ambitions à la baisse. Si tu revois les ambitions à la baisse, tu seras acculé sur ton but à 8 derrière. Et tu sais, à un moment donné, qu’il va y avoir une erreur de concentration, un penalty, une main, une erreur d’alignement… et tu n’es pas assez fort non plus."