Chaque jour apporte son lot d'informations et de réactions autour de l'attribution des droits de retransmission de la Ligue 1. Entendus dans le cadre d'table ronde qui s’est tenue ce jeudi matin au Sénat dans le cadre de la mission d’information sur l’intervention des fonds d’investissement dans le football professionnel français, les présidents n'ont pas mâché leurs mots. Canal+ en a pris pour son compte...

Le Sénat a organisé ce jeudi une table ronde réunissant Jean-Michel Aulas (vice-président délégué de la FFF), Jean-Pierre Caillot (directeur général du Stade de Reims), Olivier Létang (président-directeur général du Lille), Maarten Petermann (représentant du fonds Merlyn Partners, propriétaire du Losc) et Joseph Oughourlian (président du RC Lens). Durant ces échanges, rapportés par RMC Sports, , les présidents de clubs ont pu témoigner de leurs inquiétudes en cas d'échec ou de révision à la baisse des montants liés aux droits TV 2024/29. Jean-Pierre Caillot fait partie de ceux qui s'inquiètent : "Je me considère dans les clubs qui peuvent être en difficulté si les droits télé ne sont pas à la hauteur de ce qui est espéré, a déclaré le président du collège de Ligue 1 et du Stade de Reims lors de la table ronde et dans des propos rapportés par RMC Sport . Mais là, je suis encore optimiste à l’instant T."

La chaîne 100% Ligue 1 de la LFP a ses partisans

Dans ce contexte, la LFP a imaginé créer une chaîne 100% dédiée à la Ligue 1, qu'elle pourrait proposer à plusieurs diffuseurs. Un projet que Joseph Oughourlian valide : "On peut espérer que si on met, pour la première fois depuis des années, tous les matches de la L1 sur une chaîne, on peut raisonnablement espérer avoir moins de confusion, que le consommateur s’y retrouve et que l’on ait plus d’abonnés à la fin."

Au cours de ces échanges, un coupable tout désigné a cristallisé les discussions. Canal+, véritable partenaire historique de la Ligue 1, apparaît désormais comme son fossoyeur. C'est Jean-Michel Aulas qui place la première banderille : "Le grand bénéficiaire de l’arrêt du championnat (ndlr : en 2020), c’est Canal+: il n’a pas payé la fin du championnat. C’est bizarre que personne ne le dise. Ensuite, après avoir perdu le premier appel d’offre, Canal+ a fait des enchères à un euro donc ils n’en voulaient plus."

Canal+ : le coupable tout désigné !

Jean-Pierre Caillot complète : "On a accepté de brader à 35 millions d’euros la fin du championnat. On était reparti dans des bases saines de négociations. Canal+ a eu une vexation de voir le président de la Ligue et ses équipes trouver un autre diffuseur, Amazon Prime. Canal+ n'a pas imaginé à l'époque que des intervenants américains arriveraient."

Pour Olivier Létang, le président lillois, Canal+ est également l'acteur bloquant de ce dossier : "On a la meilleure formation du monde […] La vérité, c’est qu’il y a un élément qui est négatif, ce sont les droits TV. On a un diffuseur, Canal +, qui a le monopole. J’ai un profond respect pour ce qu’ils ont fait pour le football pendant 30 ans, mais aujourd’hui pour les droits domestiques de la Ligue 1, c’est un acteur bloquant."

Le président lensois lui emboîte le pas : "Le diffuseur national préfère aller payer 480 millions d’euros pour les droits de la Ligue des champions, enrichissant les autres clubs européens, plutôt que de mettre l’argent dans la L1. On s’est perdus quelque part avec Canal +. C’est comme dans un divorce, ce n’est pas tout la faute de Canal + et ce n’est pas tout la faute de la Ligue. On a échoué et je pense que quelque part, il faut aussi que nous en tirions les leçons et que l’on comprenne un petit peu ce qu’il s’est passé".

Pour autant, Canal+, certes vexé par la LFP qui s'est tournée vers de nouveaux diffuseurs, pourrait dégainer au tout dernier moment. BeIN Sports, la chaîne qu'elle diffuse sur ses canaux, est une possibilité crédible et rapide à mettre en œuvre. Car il est une évidence : chaque jour qui passe rapproche de la reprise de la Ligue 1. Il y a urgence...