Depuis plusieurs mois, la Ligue de Football Professionnel (LFP) est au cœur de nombreux débats concernant son train de vie jugé extravagant. Entre la gestion des droits télévisés en baisse et l’incroyable l’augmentation de ses frais de fonctionnement, la Ligue doit désormais faire face à une pression croissante des clubs de Ligue 1 et Ligue 2, de plus en plus critiques.

« Les clubs ne peuvent pas toujours tout assumer. Tout augmente sauf ce que l’on perçoit », s’agace un président de Ligue 1 dans un article du journal L’Équipe. Cette exaspération résume bien la frustration des dirigeants des clubs face aux coûts explosifs de la Ligue, alors que les revenus ne suivent plus. En effet, malgré des espoirs de droits télévisés avoisinant le milliard d’euros, la LFP peine à atteindre les 500 millions d’euros annuels pour le cycle 2024-2029. Pendant ce temps, ses coûts ont grimpé, atteignant 272,5 millions d’euros cette saison, soit une augmentation de plus de 70 % par rapport à 2023-2024.

L’une des principales sources d’inquiétude concerne les frais de fonctionnement de la Ligue, qui incluent non seulement les subventions à la Fédération Française de Football et aux syndicats, mais aussi une contribution annuelle dépassant les 100 millions d’euros au fonds CVC. Ce fonds a injecté 1,5 milliard d’euros en échange de 13 % des recettes commerciales de la Ligue. Afin de rationaliser et baisser ces dépenses, un audit est mené par un groupe de travail composé de plusieurs présidents de clubs. « Tout est sur la table et aujourd’hui, il faut garder seulement ce qui est indispensable », confie un dirigeant impliqué dans cet audit.

LFP : Un personnel pléthorique et des salaires en question

L’un des points de tension majeurs concerne l’augmentation des effectifs au sein de la LFP et de sa filiale LFP-Média. Entre 2022 et 2024, le nombre de salariés est passé de 77 à 137, dans le cadre d’une stratégie ambitieuse visant à développer les recettes. Mais face à l’échec relatif de cette stratégie, beaucoup de clubs estiment désormais que la Ligue s’est montrée trop généreuse en recrutements et en rémunérations.

La masse salariale de la LFP a également grimpé en flèche, passant de 7 à 17,5 millions d’euros. Certains présidents plaident pour un gel des embauches et la non-reconduction de contrats à durée déterminée pour réaliser des économies. En parallèle, la rémunération du président de la LFP, Vincent Labrune, est au cœur des critiques. Avec un salaire de 1,2 million d’euros par an, celui-ci s’est engagé à le réduire sans en préciser encore l’ampleur. Ce geste arrive après des critiques de son ancien adversaire, Cyril Linette, qui avait promis de baisser cette rémunération de 50 % s’il avait été élu à la présidence de la Ligue.

Un siège luxueux au cœur des critiques

Parmi les symboles du train de vie dispendieux de la Ligue figure l’acquisition de son nouveau siège, situé boulevard de Courcelles à Paris, pour un coût total de 131 millions d’euros. L’opération, qui comprenait l’achat de l’immeuble pour 120 millions d’euros et des frais de rénovation, suscite aujourd’hui des interrogations. De nombreux dirigeants de clubs s’interrogent sur la nécessité de ce choix, alors qu’une autre option moins onéreuse avait été envisagée dans l’est parisien.

En plus de devoir rembourser annuellement 7,3 millions d’euros pour cet investissement via un crédit-bail, la Ligue espère compenser cette dépense en louant une partie de ses anciens locaux et en monétisant certains espaces de son nouveau siège. Mais ces revenus additionnels semblent insuffisants pour apaiser les critiques.

Acculés financièrement, les clubs montrent les dents…

Pour les clubs de Ligue 1 et Ligue 2, la priorité est désormais de réduire les coûts. Bernard Joannin, président d’Amiens et du collège de Ligue 2, espère ainsi récupérer 1,5 million d’euros par pensionnaire de L2 grâce aux économies réalisées. Les clubs de Ligue 1, quant à eux, attendent des mesures encore plus ambitieuses. Mais pour l’instant, les propositions de la Ligue, évaluées à environ 10 millions d’euros d’économies, sont loin des attentes des dirigeants, qui espèrent économiser plus de 50 millions d’euros.

Ces tensions ne sont que le reflet des difficultés actuelles de la LFP, dont la gestion est dorénavant scrutée de près par des clubs inquiets pour leur avenir financier. Si certains présidents, dont Laurent Nicollin de Montpellier, expriment ouvertement leur mécontentement, c’est parce que le temps presse. L’argent des droits télévisés ne coule plus à flots, et la LFP doit rapidement ajuster son mode de fonctionnement pour éviter une crise plus profonde.