Dans son histoire, l’ASSE a joué un certain nombre de matches dantesques, dans des conditions parfois apocalyptiques. Au XXIe siècle, celui qui l’a opposé à l’Olympique de Marseille le 6 mars 2005 est peut-être le plus emblématique.
LA NEIGE S’INVITE A GEOFFROY-GUICHARD
La neige tombe à gros flocons dans le Forez en ce début du mois de mars 2005 et la pelouse du stade Geoffroy-Guichard est couverte d’un blanc-manteau qui rend la tenue d’un match de football très problématique. Pire encore, il continue de neiger en abondance alors que la rencontre est sur le point de débuter. Autant le dire tout de suite, l’arbitre, Monsieur Garibian qui est pourtant seul juge, n’aurait jamais dû donner le coup d’envoi.
Mais comme il s’agit de la tête d’affiche du diffuseur Canal + pour sa messe du dimanche soir, il a fait pression pour son maintien ayant même obtenu que le début de la partie soit décalé de plusieurs minutes pour permettre aux agents de la ville de Saint-Etienne de balayer le terrain et de tracer les lignes. Forcément, on s’attend à une parodie de football même si plus de 35 000 spectateurs ont bravé cette météo exceptionnelle pour prendre place dans les tribunes.
Un coup de théâtre a lieu dès l’échauffement des joueurs. Le gardien de Marseille, Fabien Barthez a déclaré forfait. Il aurait été visé par un boulon lancé depuis le kop sud et qui l’auraient atteint au visage. C’est en tout cas ce que Canal + a annoncé sur son antenne, montrant même fièrement l’objet du délit devant ses caméras. Se dirige-t-on vers une nouvelle affaire de « Canette » comme en 1991 ? En fait, cette histoire s’est révélée complètement fausse. Fabien Barthez aurait juste ressenti une douleur causée par l’état du terrain qui l’a obligé à céder sa place. C’est donc son remplaçant Jérémy Gavanon qui a été titularisé.
PUISQU’IL FAUT JOUER…
Évidemment, dans de telles conditions atmosphériques, il est impossible aux 22 acteurs de pouvoir jouer décemment au football. Ils peuvent à peine tenir debout ! Les appuis sont fuyants, les déplacements glissants et les passes imprécises. D’ailleurs, le Marseillais Nakata apparaît comme le maître en la matière, inventant même aux alentours de la 20e minute une figure de style qui lui est très personnelle : la passe aveugle sans ballons, celui-ci continuant sa route derrière lui alors qu’il effectuait une passe en avant. Les commentateurs se tordent de rire devant les images de l’infortuné japonais qui se ridiculise en direct.
Les Stéphanois, bien que dominés, ont réussi à profiter de la situation. Ils semblent s’accommoder plus facilement de ces éléments contraires et la 34e minute, l’attaquant Frédéric Piquionne, bien lancé par Pascal Feindouno est accroché dans la surface de réparation par le gardien olympien sorti à sa rencontre.
L’arbitre n’hésite pas et il siffle le penalty indiscutable, transformé par Feindouno, imperturbable, qui inscrit son 9e but de la saison, son 4e en quatre matches. Le Guinéen avait déjà marqué consécutivement contre Auxerre, Sochaux et Lyon. Les Verts mènent 1-0 contre le cours du jeu, il est vrai, mais Piquionne aurait pu (dû) creuser l’écart en toute fin de première mi-temps avec une frappe qu’il a malheureusement trop croisé et qui a fui le montant gauche, terminant sa course en sortie de but.
UN ECLAIR D’HELLEBUYCK
La neige s’est un peu calmée au retour des vestiaires et la technique des Marseillais peut mieux s’exprimer mais Jérémy Janot veille notamment sur une frappe de Pedretti à la 54e minute, détourné par une belle claquette au-dessus de sa barre transversale.
Et arrive indiscutablement le clou du spectacle ! A la 82e minute, côté droit, Piquionne récupère un ballon au duel avec Dehu, il transmet à David Hellebuyck qui a décidé de visiter les abords de la surface de réparation adverse de long, en large et en travers, partant de la droite pour aller vers la gauche et ensuite revenir sur ses pas, donnant le tournis à Habib Beye qui en a perdu tous ses repères. Et finalement, du droit, lui le gaucher, il expédie un tir imparable au ras du poteau gauche de Gavanon qui ne peut que constater les dégâts. Saint-Etienne mène 2-0 et est à peine perturbé par l’expulsion du Maestro Didier Zokora après un 2e carton jaune à la 84e minute.
La victoire finale n’en est que plus belle compte tenu de tous les événements météorologiques qui ont sévi pendant toute la rencontre. Les Stéphanois peuvent ainsi se venger du match aller en octobre 2004 où d’interminables minutes additionnelles (6) avaient privé l’ASSE d’un succès mérité (1-1). De plus, ils n’oublient pas de dédier ce succès à Lilian Compan qui s’est fracturé la jambe le week-end précédent pendant le derby à Gerland, dans un contact avec un Lyonnais lors de la réduction du score en toute fin de match (2-3).
Les Hommes d’Elie Baup se repositionnent à la 7e place, satisfaits d’avoir fait tomber l’OM, second du classement qui rate ainsi une occasion de se rapprocher de Lyon qui avait aussi chuté à l’extérieur, ces derniers conservant toujours 8 points d’avance.
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