LE FOOTBALL EST UN JEU QUI SE JOUE A 11 ET UN 23 MARS A LA FIN, CONTRE L’OL, C’EST L’ASSE QUI GAGNE. L’ASSE a affronté quatre fois l’OL un 23 mars. A chaque fois, les Verts l’ont emporté donnant lieu à des anecdotes qui ont traversé le temps. Récit de ces quatre matches qui sont entrés dans l’histoire.

  

23 MARS 1952, ASSE-OL 1-0, LE PREMIER DERBY DE L’HISTOIRE A GEOFFROY-GUICHARD

 Le premier derby de l’histoire s’est joué à Gerland le 28 octobre 1951 et ce sont les Lyonnais qui en sont sortis vainqueurs (4-2). Les Stéphanois ont donc une revanche à prendre. Le public est venu en masse pour assister à la rencontre malgré le classement peu flatteur des adversaires. Ils sont en effet 17e et avant-dernier, à la lutte pour le maintien en D1. 17 297 spectateurs ont pris place dans les gradins car ils ont, eux aussi, des comptes à régler avec les Rhodaniens.

Ils n’ont pas apprécié qu’en juillet 1950, les Lyonnais s’étaient proposés pour engager tous les joueurs de Saint-Etienne afin de créer leur club professionnel et ainsi précipiter la mort de l’ASSE, en proie à ce moment-là à de sérieuses difficultés financières. Finalement, la municipalité ligérienne a accordé une subvention exceptionnelle à l’ASSE et tout était rentré dans l’ordre.  Toutefois, le record de la saison, établi lors de la venue du leader Roubaix du 18 novembre 1951 ne sera pas battu, 18 750 spectateurs ayant payé leur ticket ce jour-là pour voir les Verts disposer des Nordistes (1-0).

Devant la gravité de la situation, les dirigeants lyonnais ont décrété une mise au vert la veille du match, la première du genre, mais ils l’ont envisagé d’une manière somme toute particulière puisqu’ils ont convié l’ensemble de l’effectif au restaurant pour déguster des cuisses de grenouilles qui baignaient dans du beurre persillé. Drôle de régime diététique même si le capitaine André Lerond n’en pas mangé.

En tout cas, ses co-équipiers s’en sont empiffrés. Est-ce pour cette raison que le lendemain, ils n’étaient pas dans leur assiette ? En tout état de cause, ils ont laissé filer Léon Alpsteg, qui s’était fait oublier sur son aile gauche et l’attaquant stéphanois est allé défier le gardien adverse pour marquer le seul but du match à la 32e minute (1-0).

Ce match ne restera pas pourtant un bon souvenir pour le frère de René Alpsteg, également présent sur la pelouse, car il s’est fait une double entorse qui a eu de graves répercussions sur la suite de sa carrière. Il ne jouera plus que deux matches avec les Verts.

L’équipe de l’AS Saint-Etienne pour ce match : Ferrière – Huguet, Fernandez – Schramm, De Cecco, Domingo – Rijvers, Nola – R. Alpsteg, Ferry, L. Alpsteg

Entraîneur : Jean Snella

23 MARS 1958, OL-ASSE 0-2, DOUBLE D’EUGENE N’JO LEA

 L’AS Saint-Etienne a remporté son premier titre de champion de France la saison précédente et les Verts ont été invaincus pendant 21 journées en 1957-58, ce qui n’était jamais arrivé en D1 auparavant même s’ils ont cumulé les matches nuls (17). Résultats, ils ont laissé échapper les équipes devant au classement et à la veille de se rendre à Lyon pour la 28e journée, l’ASSE est 5e à 7 points de Reims, le leader.

L’OL est bien calé dans le ventre mou du championnat et peut jouer sans pression (10e). Il peut donc tenter de se venger de leur défaite à domicile la saison précédente face aux Verts (1-3).  Les frères Tylinski ont remplacé les frères Alpsteg et chaque fois qu’ils ont été alignés ensemble contre l’OL, l’équipe n’a jamais perdu. Cela tombe bien, ils sont encore titulaires ce 23 mars 1958.

Mais le véritable héros du match s’appelle Eugène N’Jo Léa. L’attaquant camerounais a été très efficace contre les Lyonnais même s’il a fallu attendre le dernier quart d’heure pour qu’il fasse la différence. Il a forcé le verrou adverse en deux minutes à la 73e et 75e minute pour plier le match et donner une deuxième victoire consécutive à l’extérieur à Lyon (2-0).

Cerise sur le gâteau, il est le premier stéphanois à inscrire au moins un doublé entre Saône et Rhône. Rachid Mekloufi avait déjà marqué deux fois contre Lyon mais c’était à domicile le 22 novembre 1954 pour une victoire 4-2.

L’équipe de l’AS Saint-Etienne pour ce match : Abbes – M. Tylinski, Herbin, R. Tylinski – Domingo, Peyroche – Goujon, Oleksiak – Mekloufi, N’Jo Léa

Entraîneur : Jean Snella

23 MARS 1969, OL-ASSE 1-2, PREMIER DERBY TELEVISE

La fédération française de football et l’ORTF sont tombés d’accord pour retransmettre en direct à la télévision des matches de première division. Ce qui n’avait jamais été fait auparavant. Le choix s’est porté sur le 34e derby entre l’OL et l’ASSE qui s’est disputé à Gerland le 23 mars 1969 qui est devenu dès lors la toute première rencontre de D1 à être diffusée sur une chaîne de télévision. Elle est commentée par un tout jeune journaliste qui s’appelle Michel Drucker qui, avant de devenir l’incontournable animateur des dimanches après-midi sur son canapé rouge, a débuté dans le sport à la fin des années 1960.

Les téléspectateurs n’ont eu le droit de regarder que la deuxième mi-temps car la priorité a été donnée au cyclisme et notamment au Critérium national de la route qui se déroulait en même temps. La pluie, qui n’a cessé de tomber et le fait que les caméras étaient présentes ont fait fuir le public qui ne s’est pas déplacé au stade. Seulement 7 625 spectateurs ont payé leur entrée, soit plus faible affluence de l’histoire des OL-ASSE.

La diffusion de ce match a donné lieu à une anecdote cocasse car les deux équipes jouaient avec le sponsor du championnat du France, Vittel (célèbre eau minérale) inscrit sur leurs maillots mais comme la publicité était interdite à la télévision, les deux formations reviendront sur la pelouse avec des maillots vierges. Le Malien a inscrit le premier but à la 12e minute et les Verts mènent donc 1-0 à la pause.

La deuxième mi-temps a commencé avec quelques minutes de retard car la clé des vestiaires de l’AS Saint-Etienne a été égarée. De plus, le temps est toujours au déluge ce qui laisse craindre pour la qualité du spectacle. Pour faire patienter les curieux devant leur téléviseur, Michel Drucker a interviewé les deux absents de ce match, blessés : André Fefeu côté stéphanois et Fleury Di Nallo, côté Lyonnais.

Les conditions atmosphériques n’ont pas vraiment altéré les visiteurs qui enfoncent le clou à la 68e minute par l’intermédiaire d’Hervé Revelli. La réduction du score par l’ex-stéphanois, André Guy, trop tardive (89e) n’y changera rien. L’ASSE repart avec une victoire (2-1) qui donne trois point d’avance aux Verts en tête du championnat puisque Bordeaux, le second, a perdu dans le même temps à Bastia (0-1).

L’équipe de l’AS Saint-Etienne pour ce match : Carnus – Durkovic, Mitoraj, Bosquier, Herbin – Jacquet, Camérini – Larqué, H. Revelli, Keita, Bereta

Entraîneur : Albert Batteux

23 MARS 1977, OL-ASSE 0-2, LA PISCINE DE GERLAND

L’AS Saint-Etienne a été éliminée une semaine auparavant par Liverpool en quart de finale de la coupe d’Europe des clubs champions et ce n’est pas la qualification quelques jours plus tard en 8e de finale de la coupe de France face à Auxerre (D2) qui est de nature à consoler les Stéphanois.

Les Lyonnais espèrent ainsi profiter de leur désarroi pour confirmer leur excellent parcours en championnat puisqu’ils sont deuxièmes à deux points de Nantes avant la 28e journée. Pour la première fois depuis des lustres, l’OL, entraîné par l’ex Vert Aimé Jacquet, est même devant l’ASSE au classement à onze journées de la fin de la compétition.

Des seaux d’eau se sont abattus à Gerland à tel point que le terrain est totalement impraticable. Mais comme 42 000 spectateurs se sont installés dans les tribunes, l’arbitre Robert Wurtz a estimé, en dépit du bon sens, que le match était jouable. Plus tard, il expliquera qu’il a pris sa décision pour éviter tout risque d’émeute. Évidemment, comme prévu, il est impossible aux 22 acteurs de s’exprimer dans ces conditions sur une pelouse qui ressemble plus à une piscine qu’à un terrain de football.

Ce sont les Stéphanois qui s’adaptent le mieux face à cette météo dantesque et ils ouvrent le score par Jean-Michel Larqué qui reprend de la tête un corner tiré par Dominique Rocheteau (60e). Le capitaine stéphanois a marqué 78 buts en D1. C’est la première et dernière fois qu’il marque de la tête, lui qui n’était absolument pas réputé, c’est le moins qu’on puisse dire, dans cet exercice. Rocheteau était passeur, il devient buteur à la 85e minute, en marquant après avoir effacé le gardien lyonnais. C’est une cruelle désillusion pour les Rhodaniens qui voient les Nantais s’échapper. D’ailleurs, ils finiront finalement 6e derrière les hommes de Robert Herbin 5e et vainqueurs de la coupe de France cette année-là.

L’équipe de l’AS Saint-Etienne pour ce match : Curkovic – Repellini, Lopez, Piazza, Farison – Synaeghel, Larqué, Bathenay – P. Revelli, Santini, Rocheteau

Entraîneur : Robert Herbin

Article rédigé par Albert Pilia