Comme chaque semaine, retour de votre rubrique historique. Un nouvel épisode aujourd'hui. Nous nous penchons sur un match devenu Légende : Le 12 décembre 1999 .... ASSE-OM 5-1

Un match de Gala à Geoffroy-Guichard

L’AS Saint-Etienne, qui vient de remonter en D1, reçoit l’Olympique de Marseille pour la 19e journée du championnat de France. Les deux équipes n’ont pas les mêmes objectifs et pourtant elles sont égalité au classement, 7e ex-aequo avec 26 points après 18 journées. Si les Verts peuvent être satisfaits de leur première moitié de saison, il n’en est pas de même pour les Marseillais qui sortent d’une finale de coupe de l’UEFA, battus par Parme et par un titre de champion de France soufflé d’un rien à cause d’un but marqué en toute fin de match par Pascal Feindouno pour le Bordeaux d’Elie Baup face au PSG.

L’entraîneur Roland Courbis n’a pas résisté à ses résultats peu conformes au statut du club et il est remplacé par Bernard Casoni qui a pour mission de ramener l’OM au moins à la 3e place du classement que détient pour l’instant l’Olympique lyonnais avec cinq points d’avance. Dans cette tâche, il s’appuie sur un tout jeune adjoint qui débute sa carrière d’entraîneur, un certain… Christophe Galtier !

En cette froide soirée du 12 décembre 1999, rien ne pouvait laisser supposer que les 32 595 spectateurs du stade Geoffroy-Guichard et les téléspectateurs de Canal + allaient assister à un des matches les plus extraordinaires de la décennie 1990 voir de l’histoire de l’ASSE. La formation de Robert Nouzaret est privée de son capitaine Jean-Guy Wallemme mais aussi de son fer de lance en attaque, le Brésilien Aloisio, recruté cet été avec son compère Alex.

Lionel Potillon est le capitaine d’un soir et Patrick Revelles, le héros de de la montée en D1, débute le match, lui qui est devenu la doublure des deux Brésiliens en attaque. Dans l’entre-jeu, Julien Sablé est titulaire alors qu’il a découvert la D1 avec l’ASSE au match aller au Vélodrome en rentrant en cours de match.

De son côté, les Olympiens, même en manque de réussite, alignent deux champions du monde (Robert Pires, Christophe Dugarry), Sébastien Perez qui n’avait plus rejoué à Geoffroy-Guichard depuis son départ de Saint-Etienne, plus d’autres joueurs qui, s’ils sont orphelins depuis le transfert de Laurent Blanc à l’Inter Milan, n’en ont pas moins une expérience suffisante pour espérer s’imposer en terre stéphanoise.

4 buts en 30 minutes !

Le match est à peine commencé depuis 4 minutes que Revelles s’échappe côté gauche, effectue un centre mal dosé mais que Stéphane Porato, le gardien de l’OM, arrive à repousser difficilement dans les pieds d’Alex qui ne se fait pas prier pour le fusiller. Le tableau d’affichage marque déjà 1-0. En fait, le milieu de terrain olympien est submergé et la défense adverse aux abonnés absents ; ce qui fait que des vagues vertes incessantes viennent se fracasser inlassablement sur les buts adverses.

A la 10e minute, à la suite d’un corner, Potillon, étrangement seul, marque le 2e but d’un coup de tête à bout portant. L’entame de match des hommes de Casoni est catastrophique et ils se font punir à la 20e minute quand Alex, encore lui, reprend du pied gauche aux 6 mètres, un centre de Sablé, venu de la droite, pour tromper l’infortuné Porato, abandonné par sa défense complètement débordée. L’attaquant brésilien exulte et effectue les pas de la panthère devant les caméras de Canal + qui ont immortalisé la scène. A peine 20 minutes de jeu et l’ASSE mène 3-0 devant un stade qui rugit de plaisir.

C’en est trop pour les 2 500 supporters marseillais qui sont écœurés de voir leurs protégés humiliés de la sorte. Ils créent des incidents dans leur coin obligeant l’homme en noir, monsieur Garibian, le futur patron des arbitres français, à interrompre la rencontre et à renvoyer tous les joueurs aux vestiaires quelques minutes.

Le quadruplé d'Alex

Au retour des vestiaires, le match repart sur les mêmes bases. Les Stéphanois se jouent de leurs adversaires et Alex, à la réception d’un centre de Revelles, mystifie Porato d’une frappe en cloche des 25 mètres. Avec son triplé, le Brésilien est sur un nuage et le match n’a pas dépassé la demi-heure de jeu. Le score de 4-0 sifflé à la mi-temps est même un moindre mal tellement les occasions stéphanoises se sont succédées.

Alain Bompard est même persuadé que si le match n’avait pas été arrêté, les Verts auraient mené 7-0 avant la fin des quarante-cinq premières minutes. C’est plus que ne peut en supporter la majorité du public phocéen qui a quitté le stade-Geoffroy-Guichard à la mi-temps promettant d’exprimer leur colère bien plus tard au retour des Marseillais à la Commanderie.

La 2e mi-temps ne peut atteindre le même degré d’intensité mais elle permet néanmoins à l’avant-centre stéphanois, dont c’est le jour de gloire, d’inscrire un quadruplé quand il s’en va battre Porato, à la 62e minute, à la suite d’une ouverture millimétrée de Fabien Boudarène qui lui a bien lancé le ballon dans la course.

Avec ce quadruplé, Alex est le 8e stéphanois à inscrire au moins quatre buts dans un match en D1 et il succède, ni plus ni moins, qu’à un certain Michel Platini qui était le dernier à réaliser une telle performance sous le maillot vert dix-huit ans plus tôt, en 1981.

En fin de match, l’OM parviendra à sauver l’honneur mais la réduction du score est purement anecdotique et les Olympiens peuvent repartir la tête basse conscient d’avoir subi, avec ce 5-1,  la pire défaite de l’histoire du club dans le Forez. Une fois, l’OM a perdu avec 4 buts d’écart à Saint-Etienne, c’était en 1977 avec une défaite 4-0 et une fois, elle a pris plus de 5 buts, c’était en 1956 et une défaite 6-3. Cette performance a tellement marqué les esprits que le journal L’Equipe lui consacre les gros titres le lendemains et désigne dix stéphanois sur onze dans l’équipe-type de la journée.

Résumé de ce match inoubliable avec notre partenaire ASSE Mémories

Article rédigé par Albert Pilia