Retour de notre rubrique hebdo qui s'attache à revenir sur l'histoire des Verts. Nous remontons loin cette fois. Le 13 mars 1938, les frères Roger et René Pasquini jouent ensemble avec l’AS Saint-Etienne contre Rennes (2-1). C’est la première fois qu’une fratrie évolue en Vert. En tout, ils sont 10 frères à avoir joué pour l’ASSE. Portrait de ses fratries qui ont marqué l’histoire du club.

ROGER ET RENE PASQUINI

L’ailier droit Roger Pasquini est le premier à poser ses valises à l’AS Saint-Etienne en 1935. Dès son arrivée, il est au centre d’une polémique dont il se serait bien passé puisqu’il est suspendu six mois pour s’être engagé en même temps à Caen. Il joue son premier match avec son équipe le 24 novembre 1935 contre Chambery en 64e de finale de la coupe de France (9-1) où il s’illustre d’entrée par un doublé. Il est ainsi le onzième stéphanois à inscrire un but pour son premier match en Vert et le quatrième à marquer un doublé. Impressionnant balle au pied, il joue 144 matches avec l’ASSE pour 63 buts en sept saisons dont le premier but des Verts en D1 contre Fives le 4 septembre 1938.

René Pasquini, ailier droit ou gauche, le rejoint en 1938. Il joue son premier match face à Rennes, avec son frère, le 13 mars 1938 (2-1) dans lequel Roger marque le 2e but. Victime d’une rupture des ligaments, il n’est que titularisé que six fois dont trois avec René. Sa blessure et la seconde guerre mondiale ne lui permettent pas de retrouver son niveau.

Les deux fratries suivantes n’ont jamais évolué ensemble. Il s’agit des frères TAMINI (Jean et Pierre) et les frères LAUER (Jean et Thomas).

Les Tamini sont Suisses. Jean s’est fait une petite renommée et a joué à l’ASSE de 1941-42 et de 1950-52 (43 matchs, 19 buts). Pierre n’a joué qu’un seul match (1941-42) et a laissé très peu de souvenirs.

Chez les Lauer, Thomas est l’ainé mais lui aussi ne joue qu’un seul match (1943-44). Jean, son frère, a été un avant-centre de grand talent (116 matches, 57 buts de 1943 à 1949) et héros de la Résistance. Au cours d’un match en Lorraine, il blesse gravement un officier allemand. Ce qui l’oblige à s’exiler dans le Forez et à la fin de la guerre, il participe activement à la libération de Metz.

RENE ET LEON ALPSTEG

René et Léon Alpsteg sont les deux premiers frères à vraiment s’imposer à l’ASSE. Ils jouent 41 matches ensemble sous le maillot vert, le premier le 22 août 1948 (ASSE-Reims 3-2, avec un but de René). Et même s’ils doivent attendre le quatrième match, le 2 janvier 1949 (ASSE-Metz 3-1) pour remporter une victoire, ils sont les premiers frères à marquer au moins un but sur la même rencontre puisque ce jour-là, ils sont les auteurs de tous les buts (doublé pour René).

René est celui qui a eu la carrière la plus accomplie. L’attaquant stéphanois a marqué 104 buts en 262 matches de 1944 à 1953 et a terminé capitaine de l’équipe. 12 fois international français, il est considéré en 1952 comme le 4e meilleur ailier européen.

Léon joue à l’ASSE quatre ans après son ainé. Moins décisif, l’attaquant de poche (1,67m) participe à 55 matches pour 18 buts inscrits. Il aura tout de même marqué l’histoire de l’ASSE car son dernier but, le 23 mars 1952 qui donne la victoire aux Verts, est le premier marqué par un Stéphanois lors d’un derby à Geoffroy-Guichard (1-0).

MICHEL ET RICHARD TYLINSKI

Michel et Richard Tylinski sont les premiers frères à devenir champion de France avec l’AS Saint-Etienne. C’est l’année du 1er sacre en 1957. Ils forment alors un duo en défense redoutable et complémentaire. Ils sont les premiers à jouer un match de coupe d’Europe pour les Verts puisqu’ils ont été alignés à l’aller comme au retour les 4 et 25 septembre 1957 contre les Glasgow Rangers (1-3 et 2-1). En définitive, ils jouent 58 matches ensemble, le premier le 12 décembre 1954 (Nîmes-ASSE 1-0) et le dernier le 11 mai 1958 (Reims-ASSE 4-0).

Michel (89 matches, 1 but de 1953 à 1958) est le moins doué des deux mais à force de persévérance sous la conduite d’un Jean Snella qui a su croire en lui, il s’est fait une petite place dans l’effectif stéphanois. Malheureusement sa carrière a été écourtée à la suite d’une grave blessure le 21 décembre 1958 lors du match ASSE-Sochaux.

Richard s’est imposé à l’ASSE (312 matches, 2 buts) au point de devenir également international français avec trois sélections. Il est d’ailleurs le premier stéphanois formé au club à être appelé en bleu. Il se forge un palmarès enviable avec deux titres de champion de France (1957-1964), deux challenges des champions (1957-1962), une coupe de France (1962) et un titre de champion de D2 (1963).

Les frères Sbaiz ont été les contemporains des Tylinski mais ils n’ont pas connu la même carrière. Pierre, latéral gauche, a été le premier à enfiler le maillot vert qu’il portera à neuf reprises seulement de 1957 à 1959. Nello, le cadet, également défenseur, a été un pilier des années 1960 (189 matches, 3 buts de 1960 à 1967). Il a été le digne successeur de René Domingo lorsque celui-ci s’est blessé en 1964. Toutefois, Pierre et Nello n’ont jamais joué ensemble à l’ASSE.

HERVE ET PATRICK REVELLI

Hervé et Patrick Revelli sont la fratrie mythique de l’AS Saint-Etienne. Attaquants, ils ont fait trembler les filets à de maintes reprises. Ils sont alignés ensemble le 23 juillet 1969 lors du challenge des champions contre l’OM (3-2). Hervé était titulaire et buteur et Patrick a remplacé Aimé Jacquet à la mi-temps. Pour leur 2e match en commun, le 10 juin 1970 (Ajaccio-ASSE 1-2), ils sont tous les deux titulaires.

Hervé est un avant-centre type, chasseurs de buts. Meilleur buteur de l’histoire de l’ASSE (209 buts en 402 rencontres), il joue de 1966 à 1971 avant de s’exiler deux ans à Nice et de revenir en 1973. Patrick, surnommé « le Gaulois » a été trimballé sur tout le front de l’attaque (288 matches, 83 buts de 1969 à 1978). Pas tout le temps titulaire, sa polyvalence a été une force.

A partir de 1973, les Revelli sont régulièrement associés. Le 10 novembre 1973, ils marquent tous les deux pour la première fois sur un même match contre Nancy (6-0, triplé d’Hervé, doublé de Patrick). Ils sont également les premiers frères issus de l’ASSE à jouer avec l’équipe de France. Ils comptent deux sélections en commun, le 21 novembre 1973 (France-Danemark 3-0) et le 23 mars 1974 (France-Roumanie 1-0) ou Hervé est titulaire et Patrick remplaçant. Il s’agit de la 5e fratrie à évoluer avec les Bleus. Le 14 juin 1975, ils gagnent la coupe de France contre Lens 2-0 et ils fêtent leur 100e titularisation commune le 28 mai 1976 à Valenciennes (1-1). En définitive, ils jouent 143 matches ensemble, le dernier le 15 avril 1978 à Troyes (0-1).

As Saint Etienne
12 aout 1970 Stade Geoffroy Guichard
As Saint Etienne _ Lille
Debout de g a d : Georges Carnus, Bernard Bosquier, Christian Synaeghel, Georges Polny, Robert Herbin,Wladimir Durkovic.
Accroupis de g a d : Patrick Parizon, Jean Michel LarquÈ, HervÈ Revelli, Salif Keita, Georges Bereta.
Collection Bancet / Icon Sport

LES AUTRES FRATRIES AYANT JOUE A L’ASSE

D’autres fratries ont suivi mais ils n’ont pas eu la même influence. Tout d’abord, les frères Roussey. Laurent a été un attaquant précoce (1er match à même pas 17 ans le 26 février 1978, ASSE-Metz 2-0) mais de nombreuses blessures ont gâché une carrière qui s’annonçait brillante (138 matches, 48 buts de 1978 à 1983). Il a néanmoins connu deux sélections en équipe de France. Son frère, Olivier, défenseur, n’a joué qu’un seul match en Vert. C’était avec Laurent le 8 avril 1978 (ASSE-PSG 1-1). Cette rencontre a d’ailleurs une particularité unique. C’est le seul de l’histoire de l’ASSE où deux fratries ont été alignés au coup d’envoi puisque Patrick et Hervé Revelli étaient également titulaires, un événement qui a très peu de chance de se reproduire.

Les frères Clavelloux ont aussi joué ensemble. 1er match en commun, le 19 avril 1985, ASSE-Martigues 4-1. Eric, défenseur solide, a connu une jolie carrière avec les Verts même si elle s’est déroulée essentiellement dans une période peu glorieuse. Il joue 167 matches pour 3 buts de 1983 à 1990. Guy, le benjamin, milieu de terrain, est moins sollicité alors qu’il est doté d’une technique intéressante. A son retour, Robert Herbin lui a fait régulièrement confiance (54 matches, 1 but de 1985 à 1991). Mais il est victime d’un attentat à Cannes le 9 février 1990 qui l’a empêché de retrouver la plénitude de ses moyens.

Les deux frères jouent tout de même 23 matches ensemble, le dernier, ASSE-Nice 0-0, le 31 mai 1989.

Enfin, citons les frères Mendy, Etienne et Bernard, qui ont évolué onze fois ensemble sous le maillot vert, la première fois le 16 septembre 1989, OM-ASSE 2-0 et la dernière fois, le 23 janvier 1991, ASSE-Toulon 3-0, où ils sont tous les deux titulaires. Etienne inscrit à cette occasion un doublé, mais son frère n’est plus sur le terrain, il a été remplacé à la mi-temps. L’attaquant, Etienne a été autant le chouchou de Geoffroy-Guichard que son souffre-douleur. Avec 41 buts en 156 matches de 1988 à 1994, il a été aussi brillant que maladroit. Son frère, Bernard (16 matches, un but) a connu un destin tragique. Victime d’une double fracture de la jambe lors d’un match avec la réserve de l’ASSE en D3, il a connu des complications nécessitant une amputation causée par une infection.

Louis et Jules Mouton, joueurs de l’effectif de Saint-Etienne 2022-23, vont-ils suivre l’exemple de leurs glorieux ainés ?

Revivez le match ASSE-Nancy (6-0) du 10 novembre 1973 où les Frères Revelli ont été impériaux (triplé pour Hervé et doublé pour Patrick) avec notre partenaire ASSEMémories.