Nous l'avons appris ce mois, Roland Romeyer a effectué un nouveau come-back. Face à une situation sportive insoutenable, le Président du Directoire reprend les commandes. Mais qu'est-ce que cela change réellement pour les Verts ?
Enième come-back à 77 ans
Annoncé par l'Equipe le 14 novembre dernier, confirmé par Mohamed Toubache Ter, Roland Romeyer est bel et bien de retour. Les Verts sont actuellement lanterne rouge de Ligue 2. Et quand ça ne tourne pas, Roland Romeyer réactive un levier qu'il a déjà actionné à plusieurs reprises : il reprend la main sur le club.
Rapidement, le Président du Directoire a voulu se montrer physiquement afin de marquer une forme de rupture. La semaine dernière, lors de la reprise des entraînements, l'actionnaire de l'AS Saint-Etienne s'est présenté devant les joueurs. Un discours bref qui s'est essentiellement attaché à appuyer sur les valeurs importantes pour l'homme de 77 ans : solidarité, courage et abnégation. Emprunté physiquement, son message aura-t-il un impact ? A en croire les premiers échos que nous avons pu avoir, le discours n'a pas transcendé l'effectif. Loin de là... Il en faudra plus pour que les Verts se relèvent. Mais les joueurs sont prévenus, Roland Romeyer est de nouveau bien présent.
Union sacrée ? Vraiment le cas ?
Le 14 novembre dernier, alors que l'ASSE vient de décevoir une nouvelle fois face à Rodez (défaite 0-2 à Geoffroy Guichard), c'est la goutte de trop pour l'actionnaire. Les résultats sont inadmissibles et ne passent pas. Il veut du changement et convoque rapidement les forces vives de l'AS Saint-Etienne. Jean-François Soucasse, Loïc Perrin, Samuel Rustem et Laurent Batlles sont réunis dans son bureau.
Le triumvirat se montre solidaire et fait bloc face à l'actionnaire. Le message est clair : Nous allons nous relever ensemble. Roland Romeyer se voit contraint dans ses choix. Lui qui n'a jamais hésité à trancher dans le vif par le passé, se trouve dans une situation inconfortable. Les choix sont restreints. Les entraîneurs sur le marché ne se bousculent pas au portillon pour prendre les rennes d'une équipe à la dérive. C'est une tendance générale. L'ASSE n'est plus aussi attractive. Travailler dans l'environnement stéphanois n'est pas porteur... Tout comme collaborer avec le Président de l'AS Saint-Etienne. Le choix est donc fait de conserver tout le monde en publiant un communiqué appelant à resserrer les liens :
"Roland Romeyer a fait part de ses vives inquiétudes face au classement actuel de l’équipe professionnelle et a souhaité, qu’après analyses et discussions, lui soit exposé un plan d’action à court et moyen termes visant à redresser la situation.
Sur la base de ces échanges, au vu des engagements pris et du plan d’action déjà enclenché par le renforcement de la cellule de recrutement pour réaliser un mercato hivernal ambitieux, Roland Romeyer a réitéré sa confiance à la direction sportive en place.
Plus que jamais, les forces vives du club doivent être unies et solidaires pour assurer le redressement sportif de l’AS Saint-Étienne dès la reprise des compétitions."
A la lecture de ces mots, nous aurions pu naïvement penser que l'ASSE allait pouvoir se remettre en ordre de marche avec chaque homme qui se retrousse les manches dans un climat désormais sain. Comme d'habitude, c'est un peu plus compliqué que cela. Nous parlerons plutôt d'un nouveau sursis accordé par l'actionnaire des Verts. Si la National continue de se rapprocher pour les Verts, il tranchera. Et n'attendra pas le printemps.
Des hommes sous tutelle ? Vraiment nouveau ?
En attendant, plusieurs hommes sont placés sous tutelle. A commencer par Loïc Perrin. Le coordinateur sportif de l'ASSE a répondu favorablement à la proposition qui lui a fortement été suggérée il y a un an. A 37 ans, "Capi" a accepté de mettre les mains dans le cambouis en ayant pleinement conscience de la situation et de son manque d'expérience. Pour autant le bilan est déplorable. Deux mercatos insatisfaisants malgré de nombreux mouvements. L'effectif ne prend pas. Il est alors décidé de placer deux anciens directeurs sportifs à ses côtés. Apporter de l'expérience à une cellule de recrutement déplumée depuis plusieurs saisons. Luis De Sousa (ex-Estac) débarque à la demande de Laurent Batlles. Jean Costa (ex-Laval) arrive en qualité de prestataire à la demande de ..... Roland Romeyer.
Jean-François Soucasse est également impacté par ce retour de Roland Romeyer. Placé par ce dernier au poste de Directeur Général, le bilan n'est franchement pas plus fameux que pour Loïc Perrin. Si l'ex-toulousain démontre des qualités de fin négociateur particulièrement à l'aise avec les finances, sportivement, le compte n'y est pas.
Le retour de Roland Romeyer est un désaveux pour lui. Directeur en charge de l'intégralité du fonctionnement du club, il voit revenir le Président du Directoire qui veut remettre de l'ordre dans la maison verte. Quelles missions vont rester entre les mains de Jean-François Soucasse ? La question ne semble pas tranchée. Pour autant, cette situation est une nouveauté sans sans être une. Roland Romeyer et Bernard Caïazzo n'ont jamais voulu pleinement lâcher les rennes du club. Pour preuve, Jean-François Soucasse dispose d'une délégation de pouvoir très limitée depuis son intronisation. Dit autrement, chaque chèque de plusieurs centaines de milliers d'euros doit être validé par les deux actionnaires de l'AS Saint-Etienne.
Au final, au bout de la chaîne, les décisionnaires restent les mêmes... S'ils ont peut-être fait confiance aux mauvaises personnes, les mauvaises décisions du passé ont bien été prise avec validation des actionnaires. A tel point qu'on peut légitimement se demander, si le retour de Roland Romeyer sur le devant de la scène change véritablement le fond du fonctionnement de l'ASSE.
Depuis 20 années à la tête du club, ses méthodes sont connues aujourd'hui. Son interventionnisme également. De son côté Bernard Caïazzo reste plus préoccupé par les Congrès qu'il organise à Dubaï que par la situation du club. S'il reste président du conseil de surveillance de l'ASSE, cela fait déjà longtemps que son message n'est plus compris par un grand nombre d’administrateur du club.
Alors quid de Jean-François Soucasse dans cette situation ? Il y a fort à parier qu'il conservera ses missions sur la gestion financière ou la communication de l'ASSE qu'il conduit. Pour autant, la structure de son contrat de travail peut poser question. En effet, selon les informations de l'Equipe, il disposerait d'un "parachute doré" négocié à sa signature. Dans un contexte où le club pouvait être vendu, il aurait été convenu qu'en cas de départ, Jean-François Soucasse encaisserait un chèque de 600.000€. Une forme de protection pour le DG des Verts. Mais en terme de gestion des Ressources Humaines, cette donnée interroge. Sans mettre en doute l'abnégation du Directeur Général de l'ASSE, il y a plus habile pour motiver un salarié au quotidien.
A l'heure où nous bouclons ces lignes, nous n'avons pas de réelles visibilité sur les missions de chacun. L'organigramme reste relativement inchangé mais les hommes qui le composent devront maintenant faire avec la présence physique de Roland Romeyer. L'interventionnisme de l'actionnaire n'est plus à démontrer. Il ne restera plus au bout de la chaîne mais viendra se mêler de l'intégralité des taches stratégiques de l'ASSE. Avec les qualités et les défauts qu'on lui connait....