Claude Puel, qui est très présent dans les médias après la sortie de son livre "Libre", s'est longuement exprimé dans le magazine Le Foot. Il y explique les conditions de son arrivée à l'ASSE et son analyse de la situation à l'époque. Entre les dirigeants et lui, des divergences de point de vue semblaient bien présentes...
"Saint-Etienne s’est intéressé à moi dès que Gasset est parti… Saint-Etienne venait de terminer 4e, mais je voyais une équipe en fin de parcours. C’était une équipe vieillissante, que je ne sentais pas capable de jouer tous les trois jours, avec la Coupe d’Europe. Et il n’y avait aucun joueur, à part Saliba, pour prendre la relève. Je ne me voyais pas arriver comme ça, je me disais que les gens n’allaient pas comprendre… Si j’ai fini par aller à Saint-Etienne, c’est d’abord parce que c’est un club que j’appréciais, mais aussi parce que le club était 20e. Je me suis dit : ils vont se rendre compte qu’il y a un gros travail à faire. Il faut injecter de la jeunesse dans l’effectif, il faut l’améliorer, parce que ce n’est pas suffisant.
"En fait, non, ils n’ont pas compris !"
Je pensais qu’ils allaient comprendre. Mais en fait, non, ils n’ont pas compris. Et en plus, quand je suis arrivé, il n’y avait plus aucun moyen. Si on ne vend pas Fofana, on est en dépôt de bilan. Je me suis retrouvé coincé, sans aucune possibilité de faire évoluer quoi que ce soit, si ce n’est de lancer des jeunes pour éventuellement préparer l’avenir et les vendre pour avoir de l’argent, ce qui a été le cas pour Fofana et Gourna. Si on ne vend pas ces deux joueurs, pour plus de 60 millions d’euros, près de 70 avec Honorat, on est très très mal.
Ma mission était impossible ? Non, pour moi elle était possible. J’avais montré à Lille, ou j’ai joué pendant deux ans le maintien, à Nice où il fallait tout reconstruire, sans aucun moyen, que c’était possible. A Saint-Etienne, c’était un peu une mission comme ça, avec en plus ces hauts salaires que traînait le club… C’était du costaud, il fallait tenir, tous ensemble, sauver la place en Ligue 1, et à partir de là, il y avait toute une reconstruction possible. Il y avait des jeunes qui arrivaient au haut niveau, 15 joueurs qui partaient dont les plus hauts salaires… Saint-Etienne avait la capacité de garder ses jeunes en les peaufinant, et en les encadrant par des joueurs de qualité, à base de transfert. Parce que le club pouvait repartir avec des finances saines.
"J’étais prêt à me battre jusqu’au bout !"
Je regrette d’avoir dû partir en laissant l’équipe au milieu du gué. J’étais prêt à me battre jusqu’au bout. On le voit encore cette année, les dirigeants sont sous pression. Populaire, médiatique… A ce moment de la saison, il y a énormément de pression qui vous pousse à agir, ou mal agir, c’est selon… C’est comme ça. Il m’est arrivé, à Lille, de jouer le maintien et d’être dans les trois derniers jusqu’à deux ou trois journées de la fin. Et on finissait 14e puis 10e. Avec ces joueurs-là, en travaillant, on découvre la Ligue des Champions, la troisième année. Quelles étaient les autres solutions ? Il n’y a pas d’autres solutions, puisqu’il n’y a pas de possibilité de transferts, si ce n’est de faire des transferts les derniers jours, des joueurs blessés que l’on veut relancer. Mais ce ne sont pas des bonnes choses."