Ça fait encore mal. Certes, il y a eu des victoires et des belles, même. Mais moi, quand je pense derby, je pense douleur, ne m’en voulez pas trop, je n’y peux rien. La faute aux tôles, aux injustices et bien sûr aux buts dans les dernières secondes…

 

Celui que je n’oublierai jamais, c’est celui de 2013 : 1-1, 93ème minute. Gourcuff qui se joue de Gradel, puis qui centre sur la caboche de Briand. C’était en face de moi. Les lyonnais sont alors venus célébrer leur victoire juste sous mes yeux. Je revois la tête de Gonalons... J’ai beau être un garçon plutôt calme et mesuré, à ce moment-là, je n’ai pas pu empêcher mes deux majeurs de se lever de concert, et d’hurler. Mon Fabinho était avec moi (« on aurait dit un animal ! »). Sûrement. Et puis quitter le stade en maugréant, retrouver la voiture et la route. Essayer de penser à autre chose. « Ce n’est que du foot…ce n’est que du foot…ce n’est que du foot… Enfoirés de lyonnais ! ».

Mais pas ce soir, les Verts, s’il vous plait. Non, ce soir, vous allez essayer de comprendre pour qui vous jouez et le résultat viendra de lui-même. Vous voulez bien me faire ce plaisir ? Juste, en entrant sur la pelouse, vous regardez dans les tribunes. Alors pas forcément les présidentielles, sans vouloir offenser personne, j’ai peur que ce ne soit pas très représentatif de ce que je voudrais que vous voyiez. Non, essayez de choper une tête grise ou un père avec son fils, ou alors un enragé derrière les buts. Et peut-être les verrez-vous comme je les ai vus moi un soir de mars 1987, du haut de mes 11 ans. La première fois. Regardez bien et vous allez comprendre.
Ici, on peut changer d’entraineur, de buteur, de gardien, de président, peu importe. Mais ici on ne touche pas au nom « Geoffroy Guichard » et on respecte ceux qui mouillent le maillot vert. Ici, ce n’est pas Lyon, pas Paris, pas Monaco. Ici, on ne vient pas voir un match en spectateur. Ici, on donne tout pour ce club, on vit et on vibre pour lui. Ici, on fait saigner ses cordes vocales et, malheureusement pour beaucoup, également son portefeuille. Ici, on a pris l’habitude des désillusions mais ce n’est pas grave car « on sera toujours là, on chantera pour toi… ». Ici, c’est Saint-Etienne.

Jouez pour eux.

 

Le match dans le match

Attendez, je sèche mes larmes et je suis à vous. Un jour, je vous raconterai les litres de larmes.

Le match de ce soir, c’est forcément Puel contre Sylvinho. Un entraineur plus que fraichement nommé contre un autre dans la tourmente, que l’on a sans doute vu un peu trop beau, un peu trop vite. L’un des deux quittera le Chaudron avec le sourire ; bien malin celui qui peut avancer lequel. Sans doute celui qui aura su surmotiver ses troupes en leur faisant comprendre l’importance de gagner un derby.

 

La causerie d’avant-match

« PUTAIN, MAIS QUI C'EST QUI PARLE EN MÊME TEMPS QUE MOI ! BORDEL !
Vous vous croyez où ?! Ca suffit là maintenant. Et les deux dans le fond, là-bas ! ça va, je vous dérange pas ?
Bon…on se recentre sur le projet de jeu. En défense, on aura donc Messieurs Perrin, Kolo…truc là, Moukoudi, Saliba, Fofana et Trauco. Ensuite, au milieu…

- Euh…pardon…euh…Claude ?…

TU M’APPELLES PAS CLAUDE, BORDEL !!! C’est Monsieur Puel. Ou Coach Puel. Ou Coach Claude Puel… Ouais, c’est un peu long. « Monsieur »… Oui c’est bien ça « Monsieur ». Bref, qu’est-ce qui t’arrive machin ?

- Bah euh…non mais du coup…ça fait 6 joueurs en défense quand même… ça fait un 6-3-1… ça existe pas trop…

Ah ok. Il veut m’apprendre mon métier lui ? C’est quoi ton nom ? RETOURNE-TOI que j’vois ton nom sur ton maillot, tu crois que j’ai eu le temps de tous les apprendre ?! J’suis arrivé hier !
Donc, mon petit Nordine, ce que je vais te dire, je vais te le dire qu’une fois, alors tu écoutes bien : C’est MOI qui commande.
Non mais les gars, je vous remémore le 0-5 d’il y a deux ans ou c’est bon ? Je l’ai vu avec les commentaires anglais celui-là, j’ai cru que c’était un sketch des Monty Python oh !

Donc, oui, je sais, c’est plutôt défensif comme système mais il va falloir vous y faire, et puis de vous à moi, des roustes pendant les derbys, vous en avez bien assez pris. Je le sais, j’y étais. »

 

Crédit photo : Icon Sport