La suprématie régionale est en jeu pour ce Grenoble-ASSE, ce qui rend ce match très attrayant mais cela n’a pas été souvent le cas entre les deux clubs, Grenoble ayant toujours évolué dans l’ombre de Saint-Etienne. Il ne s’agit donc pas d’un classique du championnat.
Les deux équipes se sont affrontées 26 fois dont 11 fois en L2 et seulement 6 fois en L1 (17 victoires, 6 matches nuls, 4 défaites pour l’ASSE), 55 buts pour 25 contre. Les Grenoblois ont d’ailleurs dû attendre leur 16e match contre l’ASSE avant de remporter leur première victoire.
Les Verts ont également un bilan positif sur le terrain de Grenoble avec 6 victoires, 3 matches nuls et 3 défaites. A noter que l’ASSE a affronté trois fois Grenoble en terrain neutre en coupe de France, à chaque fois à Gerland pour autant de victoires.
LES STEPHANOIS QUI SE SONT ILLUSTRES CONTRE GRENOBLE OU QUI ONT EVOLUE AVEC LES DEUX CLUBS
37 buteurs stéphanois différents se sont illustrés lors des ASSE-Grenoble. Ignace Tax (un des dix meilleurs joueurs de l’histoire de l’ASSE) et Jean Lauer (un autre très grand joueur injustement oublié) ont marqué un quadruplé et un triplé le 21 novembre 1943 pour une victoire 10-1, le score le plus lourd entre les deux formations. Eugène N’Jo Léa, premier noir africain, à jouer à l’ASSE, a inscrit un triplé le 11 janvier 1959 pour une victoire 6-1 en 32e de finale de la coupe de France. Et Roger Milla, autre célèbre Camerounais a également inscrit un triplé le 7 décembre 1985 à Grenoble (3-0).
10 joueurs ont commencé leur carrière en Vert contre Grenoble, parmi lesquels on peut citer l’international français François Heutte (9 sélections) mais qui connaîtra une carrière mitigée à l’ASSE, mais aussi plus proche de nous, Vincent Hognon (l’actuel entraîneur de Grenoble) ou Lilian Compan le 3 août 2002.
4 joueurs ont inscrit leur premier but en Vert contre Grenoble, le défenseur Francis Camerini le 1er mars 1970 (le seul but de sa carrière avec l’ASSE en 116 matches), Jurgen Milewski le 9 août 1985 qui n’en marquera que deux, et Dylan Chambost puis Anthony Briançon au match aller le 1er octobre 2022 qui n’ont plus marqué depuis. Il reste à souhaiter qu’il ne s’agit pas là d’une forme de malédiction !
35 joueurs ont évolué dans les deux clubs parmi lesquels on peut citer le gardien Jody Viviani, le défenseur Vincent Hognon, le milieu Laurent Batlles et l’attaquant Laurent Paganelli. Une particularité peut ainsi être évoquée puisque les entraîneurs des deux équipes (Laurent Batlles et Vincent Hognon ont joué à l’ASSE).
Une mention spéciale peut être accordée à la mise en avant d’un des plus grands entraîneurs français de tous les temps. Il s’agit d’Albert Batteux qui a entraîné le grand Reims (2 fois finaliste de la coupe d’Europe des clubs champions, 1956 et 1959), l’équipe de France, 3e à la coupe du monde en Suède avec Jean Snella comme adjoint en 1958 et qui est passé par Grenoble avant de venir à Saint-Etienne où il a été 4 fois champion de France (1967, 1968, 1969 et 1970) avec deux doublés coupe-championnat (1968 et 1970), les premiers de l’histoire du club.
Actuellement, dans l’effectif stéphanois, Jimmy Giraudon est passé par Grenoble (il y a joué quatre saisons de 2012 à 2016) et dans l’effectif isérois, Loris Nery, présent au club depuis 2020, a été formé dans le Forez.
LES MATCHES MARQUANTS ENTRE LES DEUX CLUBS
Peu de Grenoble-ASSE ont été décisifs à part des matches à élimination directe mais certains d’entre eux ont donné lieu à des anecdotes que l’on peut raconter.
Tout d’abord, on peut aborder le Grenoble-ASSE du 1er mars 1958, 16e de finale de la coupe Charles Drago (réservées aux équipes éliminées de la coupe de France) joué à Grenoble, remportée par l’ASSE 2-1 grâce à des buts de Ferenc Nyers et Jean Oleksiak, le père de Thierry Oleksiak, joueur à l’ASSE et adjoint de Christophe Galtier. La victoire a été longue à se dessiner face à une équipe qui évoluait pourtant en D2 puisque Jean Oleksiak a inscrit le but vainqueur à la 88e minute. Cette victoire a été importante puisque l’AS Saint-Etienne en a profité pour remporter cette compétition en battant Nice en finale (2-1).
Le match suivant a été disputé lors de la coupe d’Eté (une compétition amicale) le 10 mai 1986. C’est surtout l’occasion pour les équipes engagées d’essayer des joueurs avant de les enrôler. Et justement pour Grenoble-ASSE, les Stéphanois mettent à l’essai un certain Abedi Pelé qui fait étalage de toute sa classe. Malheureusement les dirigeants préféreront miser sur deux Bulgares (Dimitrov et Slavkov) plutôt que sur le Ghanéen qui se verra juste proposer un contrat pour jouer avec la réserve car à cette époque, seuls deux étrangers étaient autorisés en D1.
Pour l’anecdote, c’est le bulgare Slavkov qui a marqué le but stéphanois de cette rencontre. Ce sera le seul qu’il inscrira en 18 matches joués avec l’ASSE. Le staff n’a pas eu le nez fin dans cette histoire car Abedi Pelé a fait le bonheur d’autres équipes, notamment celle du grand Olympique de Marseille de Bernard Tapie.
Le 32e de finale de la coupe de France Grenoble-ASSE, le 22 janvier 2000, a été étonnamment très indécis car les Grenoblois évoluent en 3e division et ce sont eux pourtant qui ouvrent le score à la 36e minute sur un terrain enneigé. Bertrand Fayolle, l’un des chouchous de Geoffroy-Guichard en D2, mais moins utilisé par l’entraîneur Robert Nouzaret en D1, a remplacé le capitaine Kader Ferhaoui à la 52e minute. Il a égalisé à la 81e minute permettant aux siens d’atteindre les prolongations, période au cours de laquelle le Brésilien Alex est enfin sorti de sa boite pour donner la victoire aux Verts à la 114e minute (2-1).
Le dernier match cité est plus tragique. Le 2 avril 2004, juste avant la rencontre Grenoble-ASSE (2-2), un supporter stéphanois est grièvement blessé à la tête par les plombs d'une arme de chasse lors d'une altercation avec de jeunes habitants d'une cité, près du stade. Il est resté entre la vie et la mort plusieurs jours et plus de deux semaines dans le coma. Depuis ce drame, des débordements réguliers sont constatés entre les supporters de chaque club et il ne serait pas étonnant qu’un arrêté préfectoral soit émis pour ce match retour.
Article rédigé par Albert Pilia