24 mai 1997, ASSE-Troyes 0-0.

L’ASSE n’a jamais été aussi proche de disparaître ! La dernière journée du championnat de France de D2 en 1996-97 peut être fatale à l’ASSE qui a de grandes chances de descendre en national en cas de défaite face à Troyes à Geoffroy-Guichard. Comment un club aussi prestigieux a-t-il pu en arriver là ?

PEUR SUR GEOFFROY-GUICHARD

Après une saison catastrophique en D1 en 1996, l’ASSE est rétrogradée à l’étage inférieur pour la troisième fois de son histoire malgré le limogeage d’Elie Baup et son remplacement par Dominique Bathenay. Philippe Koehl, le nouveau président arrivé au club le 11 juin 1996, doit se démener avec des problèmes financiers quasi insolubles. Il a été obligé de vendre le capitaine de l’équipe, Grégory Coupet, en décembre 1996 à son voisin, l’Olympique Lyonnais, afin de renflouer des caisses désespérément vides.

Depuis la saison 1993-94, la division II comporte 22 clubs mais il est prévu une réduction du nombre d’équipes pour qu’il n’y en ait plus que 20 à partir de l’exercice 1997-98. Cette décision implique que cette année, les quatre derniers du classement sont relégués.

Le nouvel entraîneur, Pierre Mankowski, malgré un début de championnat plutôt à son avantage, a perdu le fil à partir du dernier tiers de la compétition. Encore 8e après la 30e journée, les Verts ont dégringolé au classement pour se retrouver 16e, cinq journées plus tard. Pire, à la 41e et avant-dernière journée, ils sont 17e avec deux points d’avance sur Louhans-Cuiseaux et trois sur Troyes entraîné par Alain Perrin, premier relégable mais qui possède un meilleur goal-average que l’ASSE. Et la dernière journée offre un ASSE-Troyes comme confrontation à Geoffroy-Guichard et un Niort-Louhans Cuiseaux. Si Saint-Etienne perd et que Louhans-Cuiseaux gagne, alors, ce sont les Stéphanois qui seront envoyés en D3. Ce qui n’est jamais arrivé dans toute leur histoire.

UNE PREMIERE MI-TEMPS A SENS UNIQUE

Les stéphanois commencent ce match avec un sérieux handicap. Samba N’Diaye, leur meilleur buteur, déjà auteur de 20 buts depuis le début de la saison, pas suffisamment remis d’une blessure, a pris place sur le banc des remplaçants.

Ce sont Didier Thimothée et Christophe Lagrange qui sont chargés d’apporter le danger dans la surface adverse. Toutefois, conscients de l’enjeu de cette rencontre, les hommes de Mankowski semblent prendre le match par le bon bout. Ils dominent les Troyens de la tête des épaules avec de nombreuses actions qui s’enchaînent.

Un joueur symbolise à la perfection cette volonté d’aller de l’avant. Philippe Cuervo est intenable sur son couloir droit. Défenseur, il n’hésite pas à déborder sur son aile. C’est lui qui offre la première opportunité à Lagrange d’ouvrir le score mais ce dernier, bien servi, envoie, à bout portant, le ballon dans les tribunes. Peu de temps après, Thimothée se procure une énorme occasion, mais son tir termine sa course sur le poteau droit du gardien troyen. Cuervo, encore lui, le met aussi à contribution, mais sa frappe ne parvient malheureusement pas à le surprendre. Plus tard, Dominique Aulanier touche une deuxième fois du bois sur une tentative aux abords de la surface de réparation, un tir qui aurait mérité un meilleur sort.

Lorsque l’arbitre, Monsieur Batta, le futur patron des arbitres français, siffle la mi-temps, on se demande comment il est possible que l’ASSE ne mène pas déjà au tableau d’affichage.

UNE DEUXIEME MI-TEMPS IRRESPIRABLE

La seconde mi-temps s’engage sous les mêmes auspices pour les Verts. Cependant, la nouvelle de l’ouverture du score de Louhans à Niort dès le début de la seconde période rend encore plus déterminante le résultat de l’affrontement entre l’ASSE et Troyes. Désormais, la situation est claire : le vainqueur de ce match se sauve. Il n’en reste pas moins vrai que les Stéphanois se démènent pour marquer ce premier but qui leur ferait tellement du bien mais la maladresse des uns, notamment de Lagrange, et les arrêts du gardien retardent indéfiniment l’échéance.

Les Troyens qui ont eu connaissance du résultat à Niort, commencent à y croire, eux aussi, et les Verts reculent de plus en plus. Et à l’entrée du dernier quart d’heure, à la suite d’une contre-attaque, un attaquant adverse se présente sur le côté gauche de la surface de réparation pour jouer un face-à-face devant Jérémie Janot. Il s’agit seulement de son14e match dans la cage stéphanoise. Heureusement, le gardien remporte son duel et détourne le tir du pied empêchant les visiteurs d’ouvrir le score. Rétrospectivement, il s’agit de l’arrêt le plus important de la carrière du portier forézien. Si Troyes avait marqué, il aurait certainement signifié l’arrêt de mort du club.

À la 83e minute, Cuervo, qui a tout donné et qui n’en peut plus, cède sa place. Il rejoint les vestiaires en larmes. Janot est resté vigilant en cette fin de match où les vagues troyennes ne cessent de revenir devant ses buts. Il détourne un tir troyen qui heureusement manquait de conviction à la 87e minute et il se saisit du ballon sur une tentative pas suffisamment appuyée dans les arrêts de jeu. Au forceps, les Verts parviennent à préserver ce 0-0 qui les maintient en D2 alors que Troyes est reléguée.

L’ASSE a failli mourir ce 24 mai 1997 et merci à Jérémie Janot d’avoir maintenu son club en vie comme vous pouvez le vérifier dans ce résumé offert par notre partenaire ASSE Memories.

Par Albert Pilia