La Ligue de Football Professionnel a récemment validé et finalisé son projet de société commerciale LFP. Une priorité de son président, Vincent Labrune qui voit de l'argent frais arriver chez les clubs de Ligue 1. Le site News Tanks Football propose une analyse de cette nouveauté en interrogeant Arnaud Simon (ex-DG d'Eurosport). Extraits.

Une bonne initiative prise par la LFP

« Sur le papier, c’est quelque chose de positif (la création d’une société commerciale par la LFP et la participation du fonds d’investissement américain CVC Capital Partners dans cette société à hauteur de 13 % pour 1,5 milliard d’euros). Vincent Labrune a réussi à transformer la crise que traversait le football français en opportunité. C’est une bonne initiative prise par la LFP. Je pense que c’est un bon deal pour les deux parties. Cela peut montrer le chemin à suivre pour d’autres Ligues en France si cela fonctionne »

4 chantiers devraient être prioritaires pour la société commerciale

« Il serait important pour la société commerciale de s’atteler à quatre chantiers prioritaires, que j’appellerai les “4R” :

  • revenus,
  • rayonnement,
  • réappropriation
  • renforcement du leadership »

Rappel de la répartition

  • Groupe 1 : le Paris Saint-Germain percevra 200 M€.
  • Groupe 2 : l’Olympique de Marseille et l’Olympique Lyonnais toucheront 90 M€ chacun, soit un peu plus que l’OGC Nice, le LOSC Lille, le Stade Rennais FC et l’AS Monaco FC (80 M€)
  • Groupe 3 : chacun des autres clubs recevra 33 M€ en cas de maintien dans l'élite à l’issue de la saison 2021-22.

« Chaque club de Ligue 2 touchera 1,5 million d’euros en 2022-23 et encore la même somme la saison suivante. Et on va également donner 16,5 millions d’euros à chacun des promus de Ligue 2 en Ligue 1 en fin de saison », indiquait Vincent Labrune à L'Équipe le 01/04/2022.

« CVC arrive au bon moment, la Ligue 1 est une belle prise pour eux »

On peut également avancer d’autres arguments comme le potentiel économique des clubs, Paris Saint-Germain en tête, mais aussi l’OL, l’OM et des étoiles montantes comme Rennes, Nice ou Lille, la formation des joueurs, l’équipe de France et bien sûr la puissance du marché économique français. Une chose est sûre c’est que la Ligue 1 est une belle prise pour CVC. Ils arrivent au bon moment. C’est un peu ce qu’ils avaient fait avec la Formule 1, à une époque où les droits étaient en baisse et la base de fans avait du mal à se renouveler. C’est donc un accord qui peut être bénéfique pour les deux parties.

Le but de Khazri face à Metz comme cas d'école

Lors de la prochaine consultation, va se poser la question de l’articulation entre le gratuit et le payant et en particulier des contenus qui seront accessibles sur les réseaux sociaux. Cette architecture bien pensée entre le rayonnement, la visibilité gratuite et les revenus est fondamentale. Nous ne sommes plus dans un monde qui fonctionne seulement en exclusivités des diffuseurs, car cela devient contreproductif. On a tous en tête ce but de 60 mètres du Stéphanois Wahbi Khazri qui n’a pas été exploité en viral sur le marché français pendant plus de 24 heures car aucun partenaire n’avait le droit d’exploiter ces images dans ce timing d’impact. C’est un cas d’école ! Cet angle mort est la résultante de contrats trop cloisonnés et rigides qui ne sont plus adaptés à la fluidité et la liberté nécessaires dont doivent bénéficier les partenaires et les parties prenantes de l’écosystème pour capitaliser sur toutes les occasions de « viraliser » le produit et la marque. Ces opportunités sont des outils de conquête qu’il ne faut pas manquer, y compris pour nourrir et faire grandir les offres payantes.

« Sur les réseaux sociaux, il faut un cadre revu et flexibilisé »

Il ne s’agit pas d’être en mode « open bar » sur les réseaux sociaux, il faut un cadre, mais ce cadre doit être revu et flexibilisé. Cela va permettre aux clubs de monétiser davantage leurs investissements digitaux et à la Ligue de capitaliser sur leur fanbase. Pour accélérer son rayonnement, la Ligue 1 doit libérer les énergies créatives de tous les acteurs de son écosystème.