Dans une longue interview accordée à la chaßne youtube Vista, Wesley Fofana est longuement revenu sur son passage , ou plutÎt ses passages, au centre de formation de l'ASSE. Une premiÚre partie était consacrée à sa jeunesse et sa premiÚre venue à Sainté jusqu'à son renvoi. La seconde partie, ici, est consacrée à son retour au centre 2 mois aprÚs son renvoi, son changement d'état d'esprit et son ascension expresse. LaWestt a également tenu à revenir sur les raisons de son départ de Sainté pour Leicester.

Le changement de mentalitĂ© aprĂšs son renvoi de Saint-Étienne

La bascule et le changement : « C’est quand je me suis fait virer. Le retour Ă  Marseille ça a Ă©tĂ© un choc pour moi et ma famille. Moi je l’ai pris de la bonne maniĂšre. Le premier jour oĂč je suis retournĂ© Ă  Marseille aprĂšs m’ĂȘtre fait virer, je suis parti Ă  Air-Bel Ă  m’entrainer. J’ai 15 ans, je me fais virer en dĂ©cembre-janvier. J’ai fait 4/5 mois Ă  SaintĂ©, j’étais arrivĂ© l’étĂ©. RĂ©union, ils convoquent ma grand-mĂšre : « voilĂ  votre petit-fils il est virĂ© du centre de formation ». EnormĂ©ment de dĂ©ception pour ma famille, ma grand-mĂšre qui pleure, ça marque des trucs comme ça, ça fait mal. Le re retour Ă  Marseille, tout le monde me regarde en mode « tu nous as déçu », que ça soit ma famille, le quartier, les potes »

« Ca a Ă©tĂ© trĂšs dur. Je pense que ça a vraiment Ă©tĂ© le moment le plus dur de ma vie. Tu reviens Ă  0. Tu as fait tellement d’efforts, tellement de sacrifices. Tu as mis ta jeunesse de cĂŽtĂ©, tu t’es privĂ© de certaines choses, pour un seul objectif et c’était que foot, que foot, que la rĂ©ussite. Et revenir Ă  0 aussi rapidement
 Tu es rentrĂ© (dans le milieu), tu as vu, tu pouvais et bam tu reviens Ă  0. C’est comme un rĂȘve et bam tu te rĂ©veilles d’un coup avant d’avoir pu goĂ»ter au truc. Par contre ça m’a fait un Ă©lectrochoc, je suis rentrĂ© Ă  Marseille et j’ai revu comme c’était, je me suis dit que c’était impossible que je reste-lĂ  et que je vive ici. »

Wesley FOFANA of Saint Etienne goal during the Friendly match between Saint Etienne and Charleroi at Stade Geoffroy-Guichard on July 15, 2020 in Saint-Etienne, France. (Photo by Romain Biard/Icon Sport) - Stade Geoffroy-Guichard - Saint Etienne (France)

L'anecdote surprenante du coup de téléphone à l'aéroport

« Directement je suis parti dans des clubs moi-mĂȘme. Je suis parti Ă  Air-Bel m’entrainer, je suis reparti Ă  Vitrioles vu que je les connaissais lorsque j’étais petit. Je suis parti faire des essais dans des clubs inimaginables, je suis parti partout. Et je m’entraine avec un club, je m’entraine avec les seniors, j’ai 15 ans, et le lendemain KaĂŻs m’appelle et me dit « demain tu as essai Ă  Bastia, on va en Corse toi et moi ». Pas de soucis, on y va. J’ai pris nos billets et tout
 Parce qu’il me dit «  JE paye nos billets pour qu’on aille Ă  Bastia, ça n’est pas le club, ou je ne sais quoi. » Il m’a eu un essai parce qu’il a du tĂ©lĂ©phoner je ne sais pas qui
 On va pour partir Ă  Bastia, on est Ă  l’aĂ©roport lui et moi, son tĂ©lĂ©phone qui sonne, c’est une histoire de fou
 Son tĂ©lĂ©phone sonne, le directeur du centre de formation de Saint-Étienne l’appelle et lui dit que je n’ai pas le droit de faire d’essai Ă  Bastia parce que mon contrat (aspirant) n’avait pas encore Ă©tĂ© rĂ©siliĂ©. Donc nous deux on est lĂ  Ă  l’aĂ©roport et on fait machine arriĂšre, on repart Ă  Marseille, il rappelle Saint-Étienne, ils discutent, ils discutent et KaĂŻs fait comprendre Ă  Saint-Étienne que « soit vous nous donnez de l’argent et vous rĂ©siliez son contrat, vous le laissez (Wesley) faire sa vie, soit il revient Ă  Saint-Étienne, mĂȘme si vous ne voulez pas le faire jouer, il ne faut pas qu’il reste Ă  Marseille. »

« Ma grand-mĂšre me force et moi je dis ok pas de soucis, quitte Ă  ne pas jouer je repars Ă  Saint-Étienne. Donc Saint-Étienne me reprend et ça se passe en deux mois tout ça. Donc pendant deux mois, moi je suis restĂ© Ă  Marseille, je n’ai fait que des entrainements  »

Son retour à Sainté avec un changement de mentalité

« Quand je reviens Ă  Saint-Étienne je suis totalement diffĂ©rent. Quand je reviens, et ça lĂ  oĂč je crois que la dalle a Ă©tĂ© trĂšs importante pour moi, j’ai compris comment ça s’est passĂ©, pourquoi j’ai Ă©tĂ© virĂ©, pas de soucis. Je reviens, je suis une autre personne. Je me dis ok je suis pas bon Ă  l’école, pas de soucis, je me parle Ă  moi-mĂȘme, je me dis que si le comportement ne va pas, le foot n’ira pas. On n’est pas en retard, on se lĂšve tĂŽt, premier entrainement, j’installe ça. Je deviens un Homme. Je rĂ©alise que c’est la base. »

« Donc quand je repars Ă  Saint-Étienne pendant 1 mois, 1 mois et demi, je m’entraine, je m’entraine seul, je cours, je ne touche mĂȘme pas la balle. C’était la bagarre. Parfois je m’entrainais dans ma chambre. Je regardais le plafond, et je te dis que je pleurais. Je me parlais Ă  moi, je pleurais, j’étais triste, mais aprĂšs je me disais que je ne pouvais pas lĂącher, c’était ma seule solution. Et aprĂšs tu penses aux gens : n’oublie pas tout ce que ta grand-mĂšre a fait pour toi, ta mĂšre n’oublie pas tout ce qu’elle vit, tu penses Ă  KaĂŻs, tu penses Ă  ton grand-pĂšre
 Pour eux, c’est ça le truc #PourEux, et ce truc commence Ă  ce moment-lĂ . »

Wesley FOFANA of Saint Etienne during the Ligue 1 match between Saint Etienne v Strasbourg at Stade Geoffroy-Guichard on September 12, 2020 in Saint-Etienne, France. (Photo by Romain Biard/Icon Sport) - Wesley FOFANA - Stade Geoffroy-Guichard - Saint Etienne (France)

Le travail a fini par payer et sa rapide ascension

« Donc mon retour à  Saint-Étienne c’est de la course, de la course, et mentalitĂ© chien, on ne lĂąche rien, s’il faut courir 6 mois, on court 6 mois. À un moment donnĂ©, ils ne vont pas me laisser comme ça, parce qu’ils commençaient Ă  me payer mon contrat aspirant, et donc je me disais qu’ils n’allaient pas me laisser comme ça. Il va y avoir un moment, il faut que je reste nickel, irrĂ©prochable, aucune erreur, rien, il faut qu’ils ne me reprochent rien. Et ce moment il arrive. Ils m’envoient m’entrainer avec les U16, le week-end je joue
 Ça se passe sur une pĂ©riode : je m’entraine le mercredi avec les U16, le samedi il y a match et je commence avec les U16. Les semaines passent, 4/5 matchs, match contre Évian Thonon Gaillard en U17N. La veille du match, le coach (Gilles Rodrigues) vient dans ma chambre et il me dit « demain tu joues avec les U17 nationaux ». Il sort de ma chambre « Ouahhhhh c’est bon je suis de retour dans le game ». J’appelle tout le monde et aprĂšs direct je me remets en mode hop hop, c’est une chance, une deuxiĂšme chance, on n’oublie pas l’objectif, pourquoi on est lĂ . Je fais le match, ça se passe trĂšs bien, et lĂ  on commence Ă  enchainer. AprĂšs ils se passent des matchs en U17 nationaux, les play-offs, on joue la finale contre le PSG, on perd. LĂ  c’est lancĂ©. »

 

« L’annĂ©e suivante je suis surclassĂ© U19 et je rencontre coach SablĂ©, qui est l’entraineur des U19. Cette annĂ©e-lĂ  je fais les U19 avec coach SablĂ© et il se passe beaucoup de choses, parce que je suis dans mes 15/16 ans. Il y a le coach Garcia avec les pros. Premier entrainement en pro Ă  16 ans. Quand tu t’entraines avec les pros, tu touches l’objectif, tu n’y es pas mais tu commences Ă  toucher, Ă  te rapprocher de tes objectifs rĂ©els. AprĂšs tout s’est suivi petit Ă  petit jusqu’à dĂ©crocher la Gambardella et le contrat pro. »

Les raisons de son départ pour Leicester

Sur les raisons de son dĂ©part Ă  Saint-Étienne et les polĂ©miques : « Ce moment lĂ  Ă  Saint-Étienne je ne fais pas encore une saison complĂšte encore. Et lĂ  j’ai Leicester qui arrive aprĂšs cette finale contre le Paris Saint-Germain en Coupe de France. Il y a Leicester qui arrive et voilĂ  moi je suis encore un petit jeune, je suis encore dans le truc, je n’avais pas encore imaginĂ© Leicester Ă  ce moment-lĂ  oĂč un club anglais. Certes j’ai toujours regardĂ© et aimĂ© la Premier League, c’était un objectif, un rĂȘve, mais quand ça s’est passĂ© Ă  Saint-Étienne ça n’était pas le moment, je ne m’y attendais pas. Et quand ça arrive, il ne faut pas ĂȘtre faux, il faut dire la vĂ©ritĂ© : tu as une offre qui arrive sur la table, c’est un club anglais, il y a un bon projet mais aussi financiĂšrement tu vois que ça y est, il n’y a plus de problĂšmes. Parce qu’à Saint-Étienne je gagnais bien ma vie, il ne faut pas se mentir. Mais Ă  Leicester tu rentres dans une dimension oĂč tu investis, tu peux acheter des maisons pour ta famille, tu peux mettre tout le monde Ă  l’abri, c’est vraiment tout le monde. Quand je parle de ma famille je parle de ma famille proche, mes amis qui sont lĂ  depuis le dĂ©but, qui m’ont aidĂ©, mon cousin
 Toutes ces personnes-lĂ , de leur dire que le taff est fait, maintenant onva essayer d’aller plus haut mais c’est bon le taff est fait, vous pouvez vous reposer, je prends tout sur mon dos. »

Wesley Fofana of Saint Etienne before the French Cup Final match between Paris Saint Germain and Saint Etienne at Stade de France on July 24, 2020 in Paris, France.
Photo by Icon Sport
- Wesley FOFANA - Stade de France - Paris (France)

«  C’est ça en gros que j’ai essayĂ© d’expliquer, les gens le prennent comme ils veulent. Ça n’est pas quelque chose qui m’a touchĂ©, que les gens disent que je pense Ă  l’argent etc
 Je m’en fous un peu moi, je suis joueur de foot, je kiffe le foot, c’est ma passion, mais c’est aussi mon travail, je suis payĂ© pour jouer au foot, c’est ce qui me permet de vivre, de gagner ma vie et de faire vivre ma famille. C’était important pour moi parce que quand tu n’as pas de pĂšre, tu as des grands frĂšres qui font des conneries Ă  droite Ă  gauche, j’étais le seul espoir, tout Ă©tait sur moi
 Quand l’offre arrive sur la table, tu rĂ©flĂ©chis Ă  tout ça. Tu dis non lĂ , et si l’annĂ©e prochaine tu te blesses, il se passe quoi ? »