Le XI de chaque dĂ©cennie de l’ASSE des annĂ©es 1930 aux annĂ©es 2010. A l’occasion des 90 ans de l’ASSE dont la date de naissance officielle est le 26 juin 1933, nous vous proposons de vous faire dĂ©couvrir le Onze de chaque dĂ©cennie des annĂ©es 1930 aux annĂ©es 2010 parmi les 764 joueurs stĂ©phanois qui ont, un jour, revĂȘtu le maillot vert.

Evidemment, cet exercice est tout ce qu’il y a de plus subjectif et nous ne prĂ©tendons pas dĂ©tenir « la vĂ©rité ». Nous nous contentons juste de prĂ©senter « notre vĂ©rité ».

Chaque semaine, nous publierons un Onze par décennie. 5e chapitre : la décennie 1980

 La dĂ©cennie 1980 se singularise par le dernier titre de champion de France 1981 et la descente aux enfers consĂ©cutive Ă  l’affaire de la « caisse noire » qui vaudra une incarcĂ©ration au prĂ©sident Roger Rocher et le licenciement de l’entraĂźneur Robert Herbin.

Descendue en D2 en 1984, l’ASSE doit se reconstruire avec un nouveau prĂ©sident, AndrĂ© Laurent, un entraĂźneur polonais, Henryk Kasperczak qui fera remonter les Verts  en 1986 et avec le retour de Robert Herbin sur le banc stĂ©phanois en 1987.

Plusieurs joueurs ont marqué cette époque. Voici le XI de la décennie 1980 :

Castaneda – Sivebaek, Gardon, Dimitrov, Battiston – Larios, Ribar, El Haddaoui, Platini – Rep, Milla.

Entraßneur : Henryk Kasperczak

 

GARDIEN

 JEAN CASTANEDA (Né le 20 mars 1957, 360 matches de 1976 à 1989)

Jean Castaneda a eu le privilĂšge de succĂ©der Ă  l’immense Ivan Curkovic le 12 aoĂ»t 1980. Auparavant, il est restĂ© dans l’ombre du maĂźtre, n’étant titularisĂ© que quatre fois depuis 1976 oĂč il Ă©tait remplaçant lors de la finale de la coupe d’Europe des clubs champions Ă  Glasgow. Les dĂ©buts ont Ă©tĂ© fracassants pour le natif de Saint-Etienne, surnommĂ© «El Gato» (le chat) pour son cĂŽtĂ© fĂ©lin et ses dĂ©placements agiles.

Champion de France avec les Verts en 1981, il connait sa premiĂšre sĂ©lections en Ă©quipe de France, le 18 fĂ©vrier 1981 face Ă  l’Espagne. FidĂšle Ă  ses couleurs, il devient capitaine d’un club relĂ©guĂ© en D2 suite Ă  l’affaire de la Caisse noire en 1984 qu’il aide Ă  remonter dĂšs 1986 jusqu’à son dĂ©part pour l’OM en 1989 sur fond de mĂ©sentente avec Robert Herbin qui lui a prĂ©fĂ©rĂ© Jean-Pascal Beaufreton.

 

DEFENSEURS

JOHN SIVEBAEK (NĂ© le 25 octobre 1961, 137 matches, 1 but de 1987 Ă  1991)

Le dĂ©fenseur danois, John Sivebaek, atterrit Ă  l’ASSE en 1987 en provenance de Manchester United oĂč il n’avait pas rĂ©ussi Ă  s’imposer. Sous la conduite de Robert Herbin, il devient un latĂ©ral droit, indiscutable titulaire, prototype du dĂ©fenseur moderne capable de rĂ©pĂ©ter les efforts Ă  haute intensitĂ©. Il se souviendra longtemps de son seul but inscrit en Vert, une frappe limpide en pleine lucarne suite Ă  un coup franc indirect, le 25 aoĂ»t 1990 Ă  Metz.

TrĂšs apprĂ©ciĂ© par le public stĂ©phanois qui adorait ses dĂ©boulĂ©s cĂŽtĂ© droit, il a offert des centres au cordeau Ă  ses attaquants qui en ont profitĂ© jusqu’en 1991 oĂč il a Ă©tĂ© priĂ© de signer Ă  Monaco. Un an plus tard, il devenait champion d’Europe Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale avec le Danemark.

BERNARD GARDON (Né le 2 décembre 1951, 89 matches de 1980 à 1982)

Le poste de stoppeur Ă  l’AS Saint-Etienne Ă©tait orphelin du dĂ©part d’Osvaldo Piazza en 1979 jusqu’à l’arrivĂ©e de Bernard Gardon en 1980 qui a enfin stabilisĂ© une dĂ©fense devenue trop fragile. Son entente avec Christian Lopez a Ă©tĂ© immĂ©diatement une rĂ©ussite et ce duo a pris une large part au dixiĂšme titre de champion de France des Verts en 1981.

DĂ©jĂ  sacrĂ© avec Nantes (1973) et avec Monaco (1978), il devient le premier joueur français Ă  remporter le championnat de France avec trois Ă©quipes diffĂ©rentes. Il laisse une trace indĂ©lĂ©bile avec le duel homĂ©rique qu’il a livrĂ© avec l’avant-centre allemand Horst Hrubesch lors de la confrontation mythique face Ă  Hambourg en 1980 et du 5-0 Ă  l’aller en Allemagne.

 

GEORGI DIMITROV (NĂ© le 14 janvier 1959 – dĂ©cĂ©dĂ© le 8 mai 2021, 54 matches, 3 buts de 1986 Ă  1988)

RemontĂ©e en D1 en 1986, l’ASSE a besoin d’un dĂ©fenseur central qui serait le fer de lance d’une arriĂšre-garde intraitable telle que l’imagine l’entraĂźneur polonais Henryk Kasperczak. Les dirigeants stĂ©phanois ont jetĂ© leur dĂ©volu sur le bulgare Georgi Dimitrov qui a rĂ©alisĂ© une belle coupe du monde au Mexique en 1986. Sa premiĂšre saison dans le Forez est admirable avec une Ă©quipe qui doit son maintien (16e) Ă  une formidable assise dĂ©fensive avec 32 buts encaissĂ©s seulement, la 2e ex aequo du championnat. Sa deuxiĂšme saison est plus compliquĂ©e avec l’arrivĂ©e sur le banc de Robert Herbin qui s’est lassĂ© de ses frasques extra-sportives Ă  rĂ©pĂ©tition.

 

PATRICK BATTISTON (NĂ© le 12 mars 1957, 136 matches, 9 buts de 1980 Ă  1983)

TransfĂ©rĂ© de Metz en 1980, l’international Patrick Battiston, dĂ©fenseur polyvalent, a apportĂ© de la sĂ©curitĂ© Ă  une dĂ©fense en souffrance. ArriĂšre droit, il s’est peu Ă  peu imposĂ© en dĂ©fense centrale et il a mĂȘme dĂ©pannĂ© Ă  gauche quand le besoin s’en faisait sentir. Il est le hĂ©ros malheureux de la coupe du monde 1982 en Espagne oĂč il est percutĂ© et assommĂ© par le gardien allemand, Harald Schumacher sorti Ă  sa rencontre. Capitaine des Verts aprĂšs le dĂ©part de Christian Lopez en 1982, il signe Ă  Bordeaux oĂč il poursuit sa brillante carriĂšre (56 sĂ©lections en Ă©quipe de France) loin d’un club empĂȘtrĂ© par l’affaire de la « Caisse noire ».

 

MILIEUX

JEAN-FRANCOIS LARIOS (Né le 26 août 1956, 217 matches, 49 buts de 1973 à 1977 et de 1978 à 1982).

Pour Jean-François Larios, il y a indiscutablement un avant et un aprĂšs 1978. Il joue son premier match avec l’ASSE Ă  NĂźmes, le 22 dĂ©cembre 1974 (0-0) et pour sa deuxiĂšme titularisation le 19 novembre 1975, il marque les deux buts de la victoire face Ă  Strasbourg Ă  Geoffroy-Guichard (2-1) mais il tarde Ă  s’imposer face il vrai Ă  la mythique gĂ©nĂ©ration 76.

Il est prĂȘtĂ© Ă  Bastia en 1977 oĂč il se rĂ©vĂšle en parvenant en finale de la coupe de la coupe de l’UEFA. A son retour en 1978, il intĂšgre dĂ©finitivement l’équipe premiĂšre oĂč il fait admirer une puissance physique phĂ©nomĂ©nale et il rayonne au milieu de terrain. Ses performances lui valent d’ĂȘtre appelĂ© en Ă©quipe de France (17 sĂ©lections, 5 buts) mĂȘme s’il est remplaçant lors de la coupe du monde 1982 sur fond de rivalitĂ© avec son partenaire, Michel Platini.

 

JEAN-LUC RIBAR (NĂ© le 25 fĂ©vrier 1965 – DĂ©cĂ©dĂ© le 17 mars 2022, 137 matches, 24 buts de 1983 Ă  1988)

L’AS Saint-Etienne a sombrĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1980 avec l’affaire de la « Caisse noire ». Elle a dĂ» s’appuyer sur des jeunes parmi lesquels Jean-Luc Ribar, un milieu offensif qui s’est rapidement distinguĂ©. DĂ©butant en D1 le 5 novembre 1983 face Ă  Caen en remplaçant Daniel Sanchez Ă  Geoffroy-Guichard (1-0), il n’a pu Ă©viter la descente en D2 en 1984 mais il a fait partie de la gĂ©nĂ©ration qui a fait remonter les Verts deux ans plus tard avec un formidable parcours en coupe de France en 1985 (quart de finale) oĂč il a Ă©tĂ© dĂ©cisif (7 buts dont un doublĂ© contre Nice). A partir de 1986, il a contribuĂ© Ă  la stabilisation des Verts en D1 mĂȘme s’il a perdu petit Ă  petit la confiance de Robert Herbin d’oĂč son dĂ©part en 1988.

 

MUSTAPHA EL HADDAOUI (NĂ© le 28 juillet 1961, 33 matches, 10 buts de 1987 Ă  1988)

Le numĂ©ro dix stĂ©phanois, Mustapha El Haddaoui, n’a jouĂ© qu’une saison Ă  l’ASSE, en 1987-88, mais quelle saison ! VĂ©ritable chef d’orchestre de l’effectif de Robert Herbin, il Ă©tait le dĂ©positaire du jeu, offrant de nombreux caviars Ă  ses attaquants et notamment au duo Garande-Tibeuf qui se sont rĂ©galĂ©s de ses passes trĂšs prĂ©cises. Le Marocain a Ă©tĂ© Ă©galement trĂšs efficace avec 10 buts inscrits, Ă©tant un des Ă©lĂ©ments dĂ©terminants qui ont permis Ă  l’ASSE de se classer 4e du championnat de France. Son transfert Ă  Nice Ă  la fin de la saison n’a d’ailleurs pas Ă©tĂ© compris mĂȘme si les AzurĂ©ens ont offert une trĂšs belle somme car son talent n’a pas Ă©tĂ© remplacĂ© dans l’entre-jeu et les Verts sont retournĂ©s dans l’anonymat les annĂ©es suivantes.

MICHEL PLATINI (NĂ© le 21 juin 1955, 145 matches, 82 buts de 1979 Ă  1982)

Michel Platini, le meilleur joueur français, a liĂ© son destin avec l’AS Saint-Etienne en 1979. Il y est restĂ© trois ans et y a glanĂ© le 10e titre de champion de France en 1981 grĂące notamment Ă  son doublĂ© contre Bordeaux Ă  la 38e et derniĂšre journĂ©e Ă  Geoffroy-Guichard. Il a Ă©crit d’autres belles pages avec les Verts comme les huitiĂšmes de finale de la coupe de l’UEFA 1980 contre le PSV Eindhoven et 1981 contre Hambourg (5-0). Toutefois, il a connu des Ă©checs mĂ©morables (deux finales de coupe de France 1981 et 1982, des dĂ©faites faces Ă  Mönchengladbach et Ipswich en coupe de l’UEFA) qui ont terni un bilan peu en relation avec son statut. Il est parti Ă  la Juventus de Turin oĂč il a excellĂ© et a offert en cadeau Ă  Geoffroy-Guichard son triplĂ© contre la Yougoslavie lors des championnat d’Europe en 1984.

 

ATTAQUANTS

JOHNNY REP (NĂ© le 25 novembre 1951, 178 matches, 61 buts de 1979 Ă  1983).

L’Attaquant hollandais, Johnny Rep est arrivĂ© en mĂȘme temps que Michel Platini Ă  l’ASSE en 1979, aurĂ©olĂ© d’un titre de meilleur joueur Ă©tranger du championnat de France acquis avec Bastia en 1978. Le « Hollandais volant » comme il est surnommĂ© avec ses deux finales de coupe du monde 1974 et 1978 avec les Pays-Bas est capable d’enchanter Geoffroy-Guichard comme avec son triplĂ© face aux polonais de Widzew Lodz le 3 octobre 1979 (3-0) mais aussi de passer complĂštement Ă  cĂŽtĂ© de ses matches, trop au goĂ»t de Robert Herbin qui ne pouvait pas le supporter. Il est l’exemple type de la politique de stars voulu par Roger Rocher et qui a conduit le club Ă  sa perte. Il quitte l’ASSE en pleine dĂ©confiture et le pays en 1983 par peur du fisc français Ă  cause d’arriĂ©rĂ©s d’impĂŽts.

 

ROGER MILLA (NĂ© le 20 mai 1952, 71 matches, 37 buts de 1984 Ă  1986)

L’attaquant camerounais, Roger Milla, Ă©tait la tĂȘte de gondole voulu par le prĂ©sident AndrĂ© Laurent pour faire remonter l’ASSE en D1 aprĂšs sa descente en 1984. Il dĂ©barque dans le Forez le 7 juillet 1984 oĂč il propose ses services Ă  un club qui n’avait pas rĂ©ussi Ă  le contacter malgrĂ© plusieurs tentatives. Sa premiĂšre saison est fantastique avec 22 buts toutes compĂ©titions confondues. La deuxiĂšme est moins prolifique avec des envies d’ailleurs et une complĂ©mentaritĂ© incertaine avec Tony Kurbos dont il jalousait le salaire qu’il croyait supĂ©rieur au sien. Il a nĂ©anmoins marquĂ© Geoffroy-Guichard avec sa technique, son sens du but innĂ© et sa joie de vivre.

 

ENTRAINEUR

HENRYK KASPERCZAK (Né le 10 août 1946, 123 matche de 1984 à 1987)

Pour rĂ©ussir son opĂ©ration remontĂ©e en D1, AndrĂ© Laurent a besoin d’un coach qui lui offre des garanties que lui propose le Polonais Henryk Kaspercazk qui place la valeur travail au-dessus de toutes les autres. Il devient le 16e entraĂźneur de l’AS Saint-Etienne et rĂ©ussit Ă  ramener les Verts en PremiĂšre Division en deux ans pour le plus grand bonheur des supporters, en Ă©chouant de peu la premiĂšre annĂ©e. Sa premiĂšre saison parmi l’élite en 1986-87 est rĂ©ussie avec un maintien, certes assurĂ© dans les derniĂšres journĂ©es mais avec une dĂ©fense de fer qui est sa marque de fabrique. Il aurait mĂ©ritĂ© de continuer sa mission mais AndrĂ© Laurent, sous le pression de Casino, l’a remplacĂ© injustement par Robert Herbin en 1987 et il ne lui a jamais pardonnĂ©.