À l’occasion des 90 ans de l’AS Saint-Etienne, le site Peuple-vert vous propose le portrait des 50 meilleurs joueurs de l’ASSE parmi les 773, qui, depuis 1933, ont un jour porté le maillot Vert. De la place 50 à 21, les joueurs classés seront présentés par ordre alphabétique.

LAURENT BLANC (73 matches, 18 buts de 1993 à 1995)

Un transfert XXL à l’ASSE

Laurent Blanc a entamé sa carrière professionnelle à Montpellier en tant que milieu de terrain. C’est à ce poste qu’il a éliminé l’AS Saint-Etienne de Robert Herbin en demi-finale de la coupe de France en 1990.

Il a ainsi précipité la chute de l’entraîneur mythique qui était revenu dans les Forez en 1987, remercié à l’issue de ce match. C’est Aimé Jacquet, alors entraîneur de La Paillade qui l’a incité à se reconvertir défenseur central.

D’abord réticent, il a finalement accepté ce nouveau rôle, devenant progressivement l’un des meilleurs spécialistes européens. L’ASSE, qui a changé de direction, est allé le chercher à Nîmes où il s’était perdu pour monter une Dream Team à la stéphanoise dans lequel il aurait eu toute sa place.

L’ancien président, André Laurent, en conflit avec Casino, est évincé en juin 1993 au profit d’Yves Guichard, le fils de Pierre Guichard, fondateur du club. Accompagné de Jean-Michel Larqué, nommé directeur sportif, il veut redonner ses lettres de noblesses à l’ASSE qui s’est un peu endormi ses dix dernières années avec des résultats moyens en première division.

Ils ne lésinent pas sur les moyens pour faire venir des joueurs d’un niveau international dont Laurent Blanc qui n’a pas longtemps hésité avant d’accepter ce nouveau challenge à l’été 1993 qui, sur le papier, paraissait alléchant. L’objectif est clair : retrouver la coupe d’Europe dès cette saison.

Le problème, c’est que l’ASSE possédait déjà une des meilleures charnières centrales de France avec Jean-Pierre Cyprien et Sylvain Kastendeuch et qu’elle n’avait donc pas besoin de la renforcer. Kastendeuch, capitaine irréprochable de l’équipe, a ainsi été sacrifié sur l’autel des ambitions foréziennes alors que rien ne l’imposait.

Un joueur de classe mondiale

Loin de ses turpitudes, Laurent Blanc, qui veut devenir un titulaire indiscutable en équipe de France, en vue de la coupe du monde 1994 aux États-Unis, met tout le monde d’accord à l’entraînement.

Son talent, sa technique, sa prestance parle pour lui et il ne tarde pas à faire l’unanimité. Toutefois, ses débuts à Geoffroy-Guichard sont loin d’être ceux que le défenseur espérait.

Sa première apparition dans ce stade mythique, le 7 août 1993 lors de la 3ᵉ journée contre le Monaco des Klinsmann, Petit, Thuram ou Claude Puel, se conclut prématurément par une expulsion (main dans la surface) dès la 14ᵉ minute.

Heureusement, il se distingue dès le match suivant contre Toulouse où évoluait un certain Jean-François Soucasse. Une tête victorieuse, devant le kop nord, sur un coup franc, pour ouvrir le score dès la 2ᵉ minute, son premier but sous ses nouvelles couleurs.

Globalement, cette saison n’a pas vraiment répondu aux attentes. Et ceux malgré les transferts de Piotr Swierczewski, de l’avant-centre Roland Wohlfarth, redoutable chasseur de buts et les présences de Gérald Passi, Lubomir Moravcik ou Joseph-Antoine Bell.

Un derby dans l’histoire de Saint-Etienne

Le groupe, entraîné par Jacques Santini, était taillé pour jouer les premiers rôles en championnat. Il termine à une pénible 11ᵉ place, bien loin des ambitions du duo de dirigeants qui s’était promis de tout casser.

Dans cette grisaille, Laurent Blanc est l’un des rares à évoluer à son niveau. Défenseur central qui marque des buts (cinq au total en 1993-94), il ne peut éviter les contre-performances malgré des éclats sans lendemain. À l’image de cette magnifique victoire dans le derby à Geoffroy-Guichard le 6 avril 1994 (3-0). La dernière avant une disette de 20 ans.

L’échec est flagrant et Jean-Michel Larqué puis Yves Guichard préfèrent jeter l’éponge après moins d’un an aux commandes du club le laissant dans une situation financière épouvantable.

La saison 1994-1995, une descente en enfer

Michel Vernassa, un financier, a pris la suite des deux dirigeants démissionnaire à la tête de l’AS Saint-Etienne. Son but est de redresser les comptes du club dans le rouge et il n’est donc plus question de faire des folies. On s’attend ainsi à une saison difficile même si avec l’effectif présent, un maintien facile semble accessible.

Jacques Santini est parti et il a été remplacé par son adjoint, Elie Baup, inconnu à ce niveau. Avec lui, contre toute attente, les Verts réalisent un début de saison canon. Au soir de la 8ᵉ journée, après leur resplendissante victoire face à Sochaux (4-0, avec l’ouverture du score de Laurent Blanc sur penalty à la 45ᵉ) ils sont 4ᵉ à trois points seulement du leader, le FC Nantes.

Le défenseur central est au diapason de son équipe qui est la bonne surprise de cet été 1994. Promu capitaine, il insuffle un état d’esprit conquérant et il montre la voie à des jeunes qui découvrent le haut niveau.

Contre Le Havre, le 27 août 1994 (4-1), il réalise son chef-d’œuvre avec le maillot vert. Il s’occupe de tout. Il perd un ballon qui amène le penalty havrais et l’ouverture du score adverse. Vexé, il sonne la révolte, inscrivant un triplé, le seul avec Saint-Etienne, prouvant qu’il est bien le leader de cette équipe.

Malheureusement, ces bons résultats n’ont été qu’un feu de paille. Les Verts ont connu de multiples déceptions pour terminer le championnat à une dramatique 18ᵉ place qui aurait dû les conduire en 2ᵉ division. Ils ont été repêchés suite à la relégation de Marseille, alors en D2, non autorisé à monter.

Départ d’un champion du monde

Laurent Blanc a surnagé dans cet effectif qui a trop vite rendu les armes. Trop seul, malgré ses 13 buts (meilleur buteur du club), il n’a pu éviter cette descente en enfer. Voyant le manque d’ambition de l’ASSE, il demande à être transféré.

Trop heureux d’économiser un salaire conséquent, les dirigeants stéphanois le laissent partir à Auxerre où il obtient la reconnaissance que son talent mérite avec le doublé coupe-championnat sous la conduite de Guy Roux. Ces résultats lui ouvrent les portes du FC Barcelone qu’il rejoint dès la saison suivante.

Laurent Blanc aurait mérité une tout autre carrière avec l’AS Saint-Etienne. Heureusement, c’est tout de même un ancien Vert, Aimé Jacquet, qui lui permettra d’atteindre la consécration avec la victoire en coupe du monde en France en 1998.

Il reste néanmoins un des plus grands défenseurs centraux ayant évolué sous le maillot Vert.