Avec la nouvelle défaite à Dunkerque, l'ASSE s'enlise dans une nouvelle crise sportive. Une énième pour un club qui les collectionne ces dernières années. Focus.
Les Verts perdent et une nouvelle crise pointe le bout de son nez. Encore une crise. De quoi laisser cette impression désagréable que le mal est profond du côté du Forez. Tentons de décrypter la situation en creusant par échelon ce qui dysfonctionne à l'ASSE.
Un groupe faible et sans âme
L'ASSE s'est inclinée sur la pelouse de Dunkerque. Un modeste promu au budget bien inférieur à celui des stéphanois. Et pour autant, la différence de moyens était loin d'être flagrante sur le terrain.
Une nouvelle fois, les stéphanois ont affiché un pâle visage ce samedi. Olivier Dall'Oglio avait fait le choix d'aligner Ibrahima Wadji. Les consignes paraissaient claires : Aller chercher la profondeur grâce à la vitesse du Sénégalais.
Battu dans l'entre jeu, les stéphanois ont usé et abusé du jeu long sur leur attaquant qui fêtait sa première titularisation depuis le 12 aout 2023...
Comme trop souvent depuis le début de saison, les Verts ont montré un manque de créativité très inquiétant. 0.8 Expected Goal. Non, le problème n'est pas la finition pour ces Verts. Ils ne se créaient même plus d'occasions. Outre le duel raté de Dylan Chambost, aucune opportunité en 90 minutes face au 19ᵉ de Ligue 2. Inquiétant.
Plus inquiétant encore, le tempérament affiché. Une équipe méconnaissable si on compare à celle qui a battu Pau. Ou celle qui a infligé un 3-0 en une mi-temps face à Bastia. De quoi rendre perplexe. Cette équipe l'a (trop peu souvent) montré, elle est capable d'élever son niveau de jeu bien au-delà de ce qu'elle propose en ce moment.
La dernière fois que l'ASSE a réussi à obtenir un point après avoir été mené, c'était le 6 mai dernier (3-2 face à l'EAG). Une éternité qui marque le manque de caractère d'une équipe qui ne sait pas réagir et se relever collectivement. Là encore, un marqueur inquiétant.
Un recrutement trop souvent raté
Pour continuer l'autopsie, le recrutement est forcément pointé du doigt. Depuis la relégation en Ligue 2, l'ASSE a enregistré 82 mouvements (prêt, fin de contrat, retour de prêt, transferts). En seulement 18 mois ! Une instabilité qui s'explique par la descente en L2 mais pas que.
À plusieurs reprises, le mercato a été la variable d'ajustement du board stéphanois. L'occasion de rectifier les erreurs du passé. Des erreurs trop nombreuses. On pourra citer les dernières en date :
La prolongation de Gaëtan Charbonnier, le remplacement de Niels Nkounkou par Mahmoud Bentayg, la non-présence d'un latéral droit aux côtés de Dennis Appiah, le manque de pistons pour Laurent Batlles, la créativité de Jean-Philippe Krasso toujours non remplacée.
S'il est trop tôt pour évaluer le dernier mercato, les premières apparitions d'Irvin Cardona et de Nathanaël Mbuku montrent un signe évident de manque de rythme. Logique pour des joueurs ayant très peu joué au cours de l'année 2023. Il leur faudra du temps. L'ASSE n'en a pas.
On pourrait également évoquer les nombreux joueurs passés sous le nez de la direction stéphanoise, à l'image de Shavy Babicka. Joueur suivi depuis deux ans par l'ASSE, avant qu'il s'engage finalement à Toulouse. Un joueur buteur avec le TFC ce week-end.
Un manque de communication criant
L'ASSE traverse régulièrement des turbulences ces derniers mois. Pour autant, les prises de parole des dirigeants stéphanois s'avèrent rarissimes. Si Loïc Perrin est amené à s'exprimer en conférence de presse pendant les périodes de mercato, Jean-François Soucasse s’exprime très peu.
Après la défaite à Dunkerque, le groupe d'Olivier Dall'Oglio a eu le droit à une visite du Président Exécutif de l'ASSE. Accompagné de Loïc Perrin, il a souhaité mettre les joueurs face à leurs responsabilités. Leur rappelant qu'il avait souhaité leur faire confiance. Tout en les questionnant sur leurs réelles motivations à aller chercher la Ligue 1. Un timing en réaction. Une réelle autorité ?
Les interviews de Jean-François Soucasse ou de son bras droit, Samuel Rustem sont très rares. On garde tous en tête celle accordée l'été dernier. De belles ambitions étaient affichées :
« Un club comme Saint-Étienne, de la manière dont il est organisé, ressemble plus à un club de L1. La volonté, y compris celle des actionnaires, était de ne pas détériorer toutes les compétences. L’ASSE n’a pas vocation à rester des années en L2 avec ce fonctionnement. On a financé deux années et aujourd’hui, nous sommes dans les temps. »
Celui qui dirige aujourd'hui la communication du club mène une stratégie qui conduit l'ASSE à rester très discrète. Encore plus lorsque le club traverse des zones de turbulences. Une stratégie qui peut poser question.
Des actionnaires à bout de souffle
D'un côté, Bernard Caïazzo absent. De l'autre, Roland Romeyer dépassé.
Le Président du Conseil de Surveillance, n'est plus apparu à Geoffroy-Guichard depuis le jeudi 5 mars 2020. Date de la demi-finale de Coupe de France remportée face au Stade Rennais FC. Une éternité ! Même pour les 90 ans du club, Bernard Caïazzo ne s'est pas déplacé. L'intégralité de ses participations aux réunions se font par visioconférence.
Son co-actionnaire, Roland Romeyer fêtera ses 79 ans le 25 août 2024. Le Président du Directoire apparaît à bout de souffle et enchaîne les mauvais choix. Après avoir souhaité prendre du recul, il est bien toujours présent et n'hésite pas à demander des comptes à ceux qu'il a placés à la tête de l'ASSE.
Comme nous vous l'évoquions la semaine dernière, Roland Romeyer ne manque pas l'occasion pour taper sur les résultats de Loïc Perrin. Il en est de même pour le triumvirat de manière générale.
Pourquoi ne pas les remercier alors ? Car les actionnaires attendent encore et toujours une vente de l'ASSE. Les licenciements comportent un coût non négligeable dont les actionnaires se passeraient bien avant de vendre la maison Verte.
La Vente à l'origine du mal ?
Depuis 2018, l'AS Saint-Etienne est officiellement en vente. Sans revenir sur les nombreuses péripéties de cette dernière, ce serpent de mer correspond à la longue chute du monument du football français qu'est l'ASSE.
Elle éreinte les supporters qui n'y croient plus. Elle pousse à l'immobilisme des acteurs qui naviguent à vue. Elle empêche la prise de décision forte. Si un projet sur deux ans a été présenté à l'arrivée de Laurent Batlles, celui-ci a rapidement coulé comme ceux de Claude Puel, Jean-Louis Gasset / Ghislain Printant ou plus tôt encore celui d'Oscar Garcia. Des projets et des entraîneurs qui ont coulé avec le Bateau Vert.
Une vente qui semble ainsi être à l'origine du mal profond dans lequel baigne l'ASSE depuis six ans. Une vente qui saura être à l'origine du renouveau d'un club qui traverse les heures les plus sombres de son histoire ? Les mois à venir le diront. Car oui, ça va bouger.