Roland Romeyer et Bernard Caïazzo ne sont plus propriétaires de l’ASSE. Le groupe Kilmer Sports Ventures possèdent le club ligérien depuis ce lundi. Bernard Caïazzo s’est exprimé sur les ondes de France Bleu Saint-Etienne Loire ce mardi matin.

 

Bernard Caïazzo est heureux

Bernard Caïazzo (ancien dirigeant de l’ASSE) : « Je suis très heureux. Nous avons fait 20 ans, c’est beaucoup. On a longtemps cherché l’oiseau rare et on l’a trouvé. C’est ça qui était le plus difficile. Pour moi, la montée en Ligue 1, c’est formidable. Mais monter en Ligue 1 sans avoir les moyens du football d’aujourd’hui, c’est très difficile. En 20 ans, le football a beaucoup changé. J’ai plein de souvenirs merveilleux de l’époque Galtier, mais ça a changé. Le football d’aujourd’hui demande d’avoir des moyens forts. C’est la chance que nous avons. Nous avons les repreneurs qui disposent d’une dimension humaine formidable. Donc, je suis très heureux, très heureux. Je suis allé à Toronto et à New York. J’ai passé beaucoup de temps avec eux.

Ce qui m’avait frappé, c’était cette dimension humaine. Des gens qui aiment les gens. Larry Tannenbaum ? C’est moi qui l’ai… Vous voyez, c’est dès fin automne, on s’est rencontrés. Il m’avait invité à Toronto pour voir un match de basket de NBA à ses côtés. On a passé 24 heures ensemble. J’avais une idée sur les milliardaires. Je pensais qu’ils étaient un peu froids. C’est l’inverse. C’est quelqu’un de formidable. Une personne chaleureuse qui aime les gens. Je voyais bien, dans ce match de basket, 20 000 personnes, tout le monde me regardait. Tout le monde me saluait, le saluait, il avait beaucoup d’humilité. Ça m’a beaucoup plu cette façon de voir les choses. On s’est revu chez lui du côté de Miami, toute une journée dans sa propriété. Ce jour-là, il m’a dit « écoute Bernard, le courant passe bien entre toi et moi. J’ai confiance en toi. J’ai vu que les gens qui sont au club sont des gens bien. On va demander à Ivan Gazidis de gérer tout ça. Mais sur le principe, je suis d’accord et j’ai envie de reprendre Saint-Étienne. L’idée me plaît vraiment. Puis, il a commencé à regarder les matchs avec l’écharpe des Verts ! Tous les matchs depuis janvier !

« Ivan Gazidis, quelqu’un d’exceptionnel avec des compétences rares »

Bernard Caïazzo (ancien dirigeant de l’ASSE) : « Ivan Gazidis, va être le président de l’ASSE, C’est quelqu’un d’exceptionnel avec des compétences rares. J’ai posé la question, comment ? Tu as été à Arsenal, tu as été à Milan. Et là, Saint-Etienne… Il m’a répondu « Mais Bernard, j’ai refusé des propositions de clubs équivalents à Arsenal et Milan pour venir à Saint-Etienne. Parce que je crois énormément à ce club. Je crois au réveil de ce club. Même si ça mettra du temps, on a un projet, et on a envie de le mener à bien. » Ivan, sur le plan humain, m’a dit immédiatement, je garderai toute la direction du club, je garderai tous les collaborateurs, on va travailler ensemble.

Les critiques sur les résultats ?  Vous savez, je pense une chose. Roland (Romeyer) avait une mission avec l’équipe de direction, Quand on est descendu il y a deux ans, ça a été terrible. Moi, mon propre fils, qui est plus qu’un ultra des Verts depuis l’âge de 4 ans, a aujourd’hui 16 ans. Il a le logo du club tatoué. Il fait 14 heures de bus pour aller voir un match de la Saint-Etienne en deuxième division. J’ai vu mon fils pleurer toute la nuit le soir de la descente. C’est dur pour un père. Je m’en suis beaucoup voulu. C’est pour ça que j’ai beaucoup de respect pour tous ces jeunes. Tous ces jeunes pour qui le football est devenu une religion.

Pour moi, tant que le club ne remontait pas en Ligue 1, j’avais une douleur dans la poitrine. Je ne peux pas assister à un match des Verts. Je ne peux pas regarder à la télévision. Je ne peux pas le faire. J’ai réussi à le faire hier (vs. Metz) en prenant des produits avant. Des produits calmants, parce que j’ai trop de tensions et de stress par rapport à ça. Je ne suis pas le seul. Je suis sûr que de très nombreux supporters sont dans cette situation. Mais moi ça me met en situation de danger de santé. Donc ma démarche, c’était de prendre beaucoup de recul. De dire Roland, c’est toi qui fais le job. C’est le président du directoire. Moi, je n’ai pas le droit d’intervenir, je n’interviendrais pas dans l’exécutif. »

« Je ne compte pas »

Bernard Caïazzo (ancien dirigeant de l’ASSE) : « Les critiques à mon égard ? Mais ce n’est pas grave parce qu’ils sont en fonction de ce qu’on leur dit. Moi, ce n’est pas ça qui m’intéresse. Moi, je ne compte pas. Moi, ce qui compte, c’est qu’eux soient heureux. Ma grande victoire, c’était ma mission, c’était de dire, si on n’était pas descendu il y a deux ans, on serait descendu un peu plus tard. Et si on monte et qu’on n’est pas capable d’avoir des moyens solides, on n’est pas sûr de rester en Ligue 1. On peut être en difficulté. Et donc ma mission, c’était de dire que cela n’arrive plus jamais !
On devait devenir un club suffisamment costaud avec une équipe suffisamment costaude. Avec des actionnaires suffisamment forts, pour faire face et se retrouver avec une ambition progressive.

Il fallait que les repreneurs soient assez puissants pour faire face financièrement à tous les coups durs. C’est la garantie absolue. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut qu’ils possèdent les valeurs des Verts, les valeurs du pays. C’est très important. Et ils les ont. Parce qu’en fait, il n’y a pas seulement l’argent. Il y a le cœur. Je vous dis la vérité, financièrement, et je n’en ai rien à faire, les conditions financières qui ont été signées, sont loin d’être les conditions financières les plus optimales qu’on ait reçu. Mais les autres projets étaient nettement moins capables d’investir, de développer le club. Moi, la seule chose qui m’intéressait, c’est que je puisse investir et développer le club.

Cette fameuse « Arsenalisation » de l’ASSE avec Ivan, avec Huss, avec Jaeson, mais qui l’aurait imaginé ? Qui l’aurait imaginé ? J’ai l’impression, on a eu cette victoire de la montée, avec un but dans les dernières minutes. Mais là, on a une grande, grande, grande victoire avec l’arrivée d’un groupe sportif. C’est une très, très grande victoire. C’est une chance que tous les autres clubs qui n’ont pas des actionnaires puissants. Bonne journée à vous. Et puis, plein de bonheur. Au revoir. »