La relégation de l’ASSE en Ligue 2 n’a pas seulement des conséquences sportives. Elle déclenche aussi des mécanismes financiers, en particulier sur les salaires des joueurs. Le règlement de la LFP est formel : en cas de descente, les clubs peuvent appliquer une baisse automatique de rémunération. Un règlement qui pourrait également permettre aux dirigeants d'engager un plan de départs de bon nombre de joueurs. Décryptage.
Peu connue du grand public, l’article 761 du règlement administratif de la LFP encadre la situation contractuelle des joueurs en cas de relégation. Il donne une faculté légale aux clubs relégués de réduire les salaires de leurs joueurs professionnels.
Dans le cas de l’ASSE, désormais officiellement en Ligue 2 BKT, cette disposition s’applique immédiatement. Pour tous les contrats signés après le 1er juillet 2003, les dirigeants peuvent appliquer une baisse collective de 20 % des rémunérations mensuelles brutes. Cette mesure ne nécessite aucune négociation individuelle et peut être imposée unilatéralement.
Seule contrainte : le club doit respecter un plancher minimum. Aucun joueur ne peut descendre en dessous de 8 694 euros brut par mois, quel que soit son contrat initial.
Une option supplémentaire : jusqu’à 50 % de réduction
Mais ce n’est pas tout. Le règlement prévoit également une possibilité de négociation individuelle permettant au club de proposer une baisse encore plus marquée, selon le niveau de salaire du joueur. Voici le barème prévu :
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🔻 -30 % pour les salaires mensuels ≤ 34 846 €
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🔻 -40 % entre 34 847 € et 52 136 €
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🔻 -50 % pour les salaires > 52 137 €
Dans ce cas, l’ASSE doit notifier par écrit à chaque joueur concerné avant le 30 juin sa proposition de baisse. Le joueur dispose alors de 8 jours pour répondre. Trois scénarios se présentent :
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Il accepte la baisse : le contrat continue avec la nouvelle rémunération.
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Il refuse, mais n’est pas conservé : il est automatiquement libéré sans indemnité au 30 juin.
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Il refuse, mais le club veut le garder : la baisse de 20 % par défaut s’applique.
Attention : si le joueur ne répond pas dans les délais, cela équivaut à une acceptation automatique de la baisse proposée.
Un enjeu majeur pour la direction de l’ASSE
Dans un contexte où les revenus du club vont chuter — notamment en droits TV, billetterie et sponsoring — cette disposition de la LFP constitue un levier important pour maîtriser la masse salariale.
Cette possibilité de "dégrassage légal" pourrait transformer l’été stéphanois en grande lessive. Dans un club où la masse salariale Ligue 1 ne correspond plus aux revenus de Ligue 2, les choix devront être radicaux.
La direction de l’ASSE pourrait :
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Forcer le départ de certains gros salaires en leur proposant une baisse inacceptable ;
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Conserver les cadres les plus motivés, en sécurisant leur contrat avec une baisse “gérable” ;
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Miser sur des jeunes ou des joueurs en fin de contrat moins coûteux.
De quoi permettre à la direction (emmenée par Ivan Gazidis) de faire le tri : garder les joueurs motivés à des conditions adaptées à la Ligue 2, et laisser partir ceux qui refuseraient les efforts financiers. Plusieurs éléments clés seront donc à suivre dès les prochaines semaines : Quels joueurs accepteront la baisse ? Combien seront libérés ? Quels profils seront conservés pour reconstruire un groupe compétitif ?
En cas de remontée : retour aux salaires d’origine
À noter : si l’ASSE parvient à remonter dès la saison prochaine, le règlement LFP prévoit également une remise en place automatique des conditions salariales initiales. Autrement dit, les baisses actées pour la saison 2025/26 devront être annulées dès le retour en Ligue 1. Un mécanisme pensé pour protéger les joueurs et éviter qu’un club ne profite durablement de leur effort financier en cas de relégation temporaire.
La relégation ne signifie pas seulement un changement de division : c’est une réinitialisation économique complète pour l’AS Saint-Étienne. Dans les bureaux comme sur le terrain, l’heure est venue de faire des choix forts.