Après un match plus qu’encourageant face au Paris Saint-Germain, les hommes de Claude Puel se rendent à Francis-Le Blé. Un déplacement compliqué en terre bretonne pour y affronter le Stade Brestois qui reste sur une série de quatre victoires consécutives en Ligue 1. Pour mieux connaître l’adversaire, c’est Yann de @BrestOnAir qui répond à nos sollicitations.
Quel est votre sentiment sur le début de saison du Stade Brestois ?
Aujourd'hui, c'est le soulagement qui domine. Démarrer la saison par 11 matchs sans victoire... c'est long, c'est dur et beaucoup de joueurs, de coachs et même de public auraient lâché. Ici, personne n'a lâché (même si l'équipe n'en était pas très loin à mon avis), et on se replace à une 12ème place finalement assez logique. Le maintien n'est pas acquis, mais Brest ne va pas faire la course en queue de peloton et c'était quelque chose d'impensable il y a un mois. On en reparlera par la suite, mais ça nous donne encore plus de confiance en Michel Der Zakarian, l'homme qui ne descend jamais.
Brest reste sur une série de 6 matchs sans défaite contre des grosses écuries du championnat, comment expliquez-vous cette série positive ?
Il y a toute une série de raisons, individuelles et collectives. La première, c'est le retour de la confiance. Le propos peut paraître caricatural, mais l'efficacité offensive appelle l'efficacité offensive. Ce n'est pas pour rien que Brest est la seule équipe de Ligue 1 à avoir marqué à chaque rencontre de L1 : il y a une vraie confiance individuelle de certains joueurs. Si Romain Faivre et Franck Honorat ont toujours eu cette confiance, ce sont aujourd'hui Steve Mounié et Jérémy Le Douaron qui la développent. Ce retour de confiance doit être perçu également défensivement. Marco Bizot est de plus en plus serein, après des débuts assez mitigés dans la cage. Jean-Kevin Duverne se révèle un bon latéral gauche, après avoir pourri le début de saison brestois lorsqu'il évoluait dans l'axe. Et évidemment, le retour de Christophe Hérelle apporte de la confiance à l'ensemble du groupe. Hérelle a cette "chance" de ne pas avoir vécu le traumatisme de la seconde partie de saison puisqu'il était blessé de longue durée. Au-delà de ça, il apporte un sérieux et une rigueur que n'ont pas forcément ses concurrents.
Enfin, il faut évoquer Michel Der Zakarian. Sur le plan tactique, il a fait le choix payant de revenir à un 4-4-2 très basique mais très bien dimensionné aux qualités et aux besoins de l'équipe. La formule marche et permet à tout le monde de s'épanouir, dans un bloc très cohérent et très compact. Et, évidemment, Michel Der Zakarian sur le plan humain. Le même groupe qui a coulé en seconde partie de saison l'an dernier n'a jamais baissé les bras cette saison, malgré les débuts compliqués. C'est bien grâce à lui et à son discours finalement très protecteur.
Si vous deviez faire un comparatif entre Michel Der Zakarian et Olivier Dall’Oglio, quel serait-il ?
Le départ d'Olivier Dall'Oglio a été aussi salué que l'arrivée de Michel Der Zakarian. Dall'Oglio est un entraîneur ambitieux, qui a des bons préceptes de jeu et qui a permis aux supporters de voir des séquences que l'on n'avait jamais vu en L1 à Brest. Mais à côté de ça, il laisse une très mauvaise image humaine, avec un concept quelque peu évasif de ce qu'est le respect d'un club, des joueurs aux supporters. Et sur le plan sportif, ça s'est ressenti : Brest a coulé en deuxième partie de saison, a connu des humiliations comme rarement même lors de la descente en 2012. Finalement, c'est Gaëtan Charbonnier qui nous sauve en nous donnant la victoire chez vous... Quand on connaît la très mauvaise relation entre Dall'Oglio et Charbonnier, c'est quand même un joli signe.
Avec Michel Der Zakarian, Brest a fait le choix de prendre l'exact opposé. Très pragmatique, MDZ sait quand il faut gérer un match et quand il faut faire le jeu. C'est cette nuance qui permettra à Brest de se maintenir, de ne pas être ridicule et d'aligner un certain standard de performances toutes les semaines. C'est peut-être moins sexy qu'Olivier Dall'Oglio (même si ça peut parfois très bien jouer!), mais c'est beaucoup plus cohérent et plus adapté à un club comme Brest. Sur le plan humain, il a le profil parfait pour entraîner à Brest comme l'avait Jean-Marc Furlan. On sait que quoiqu'il arrive, lui ne nous lâchera pas.
Que pensez-vous de la situation que traverse l’AS Saint-Étienne ?
Sur le long terme, c'est quand même triste de voir un tel monument du football français péricliter. Le grand problème est que cette crise semble partie pour durer, alors que l'ASSE a quand même énormément d'éléments à faire valoir à commencer par sa jeunesse et un coach qui connaît très bien la L1. C'est assez difficile de dire ce qui fait que ça ne marche pas à Saint-Etienne aujourd'hui, et je ne pense pas que le remplacement de Claude Puel soit la solution. Maintenant, sur un plan pragmatique et compétitif, Brest ne peut que se réjouir de voir l'ASSE à ce niveau : cela fait un candidat potentiel à la descente de plus, alors que le club stéphanois devrait nourrir des ambitions bien plus grandes.
Quels joueurs devront être surveillés par les Verts ?
Le garçon en forme c'est Jérémy Le Douaron. Il a été très lourdement critiqué la saison passée, à juste titre, mais il brille depuis 3 journées à la faveur de son positionnement en deuxième attaquant. C'est un profil très physique, très bon dans les airs, et surtout très généreux qui ne lâchera rien. Il y a des joueurs bien meilleurs que lui, mais avec la confiance qu'il emmagasine ces derniers temps il peut être redoutable. En revanche, si l'on raisonne en talent pur c'est évidemment Romain Faivre. Il sait tout faire et fait parfois tout pour Brest. Il ne marquera peut-être pas, mais vous pouvez être sûr qu'il sera impliqué dans 80% de nos offensives pertinentes.
Je l'ai évoqué précédemment, mais la principale difficulté pour l'ASSE sera de percer la charnière centrale brestoise. Christophe Hérelle et Brendan Chardonnet forment une excellente paire, qui perd très peu de duels et qui a une très bonne lecture du jeu. Un défi de taille pour Khazri donc.
Quelle composition d’équipe devrait adopter Michel Der Zakarian pour le match ?
On ne change pas une équipe qui gagne, surtout face à un concurrent pour le maintien. On devrait débuter avec un 4-4-2 classique à plat.
Un pronostic pour la rencontre ?
Brest n'a jamais gagné plus de quatre matchs consécutifs en Ligue 1. Le réaliser avec Der Zak' et après une série de 11 matchs sans victoire, l'histoire serait belle. J’opte pour une victoire 2-0 pour Brest, au terme d'un match disputé.