Ryad Boudebouz a quitté Twitter il y a quelques mois, lassé des commentaires et d'une haine parfois incontrôlée. Amoureux de son sport et joueur au sens premier du terme, il explique ce matin dans L'Equipe à quel point ne pas jouer le fait souffrir...

"La base de mon problème, dans ce métier, c'est que je l'aime. Je suis vraiment passionné de football. J'y joue même en vacances, avec mes potes. Il faut être pro. Mais le football est avant tout un plaisir. J'exerce ce métier pour kiffer. Il ne faut pas l'oublier. Or, et c'est la force des réseaux sociaux, les joueurs vont voir ce que l'on dit sur eux. À force de lire : "T'es con ! T'es con !", tu finis par le penser. À partir de là, tu oublies tes performances. Il faut donc sortir de cette sphère et se concentrer sur le principal.

Mettre mon pote dans les meilleures conditions m'offre une forme de jouissance. Si vous me demandez de choisir entre mon centre décisif pour Beric contre Lyon ou mon but historique face à Rennes, je réponds ma passe. Petit, le derby était un truc de fou pour moi ! Voir Alex célébrer ses buts en imitant la panthère me procurait un kiff incroyable. Mais je joue pour la gagne. Même à l'entraînement. Elle fait partie de moi. Je suis comme un bébé. Perdre me fait trop de peine.

Mon expérience à Saint-Etienne ? Le plus souvent je ne jouais pas. Quand je ne joue plus, je perds cette notion de plaisir. Je vis les moments les plus difficiles de ma vie, sans pouvoir compenser. Je souffre. Vraiment. À partir de là, tu as deux options : soit tu fermes ta bouche et tu bosses, soit tu te trouves des excuses et tu accuses les autres de ta situation, sans avoir forcément tort. Avec l'expérience, j'ai compris que ma situation ne devait pas traverser le collectif et lui faire du mal. Le club est au-dessus de tout et on doit le sauver. Aujourd'hui, on n'a pas le droit d'avoir des états d'âme ou de la rancoeur. Il faut gagner des matches.

Avec l'âge, tu relativises en te disant qu'il y a des choses plus importantes que celle de ne pas jouer. Mais bon, quand arrive le week-end et que tu n'es pas dans le groupe, ça fait mal. Ça me tue. Je regardais tout de même jouer mes équipiers. Obligé. Sainté, c'est mon club, et ce sont mes potes. Je suis avec eux tous les jours et je les aime vraiment. J'écris à Mahdi. Je téléphone à Denis, pour leur donner mon avis. Même si cela ne leur plaît pas."