Yann M'Vila a accordé une longue interview dans le Parisien du jour. Entre son attachement au coach Gasset et son regard sur sa carrière, on fait connaissance avec un joueur qui a su tirer les leçons du passé. On fait également connaissance avec un leader, un vrai...
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Comment vous êtes-vous retrouvé à Saint-Étienne ?
En toute franchise, je ne me voyais pas revenir en France. J’avais envie de poursuivre en Angleterre. Puis un homme a tout changé : le coach Gasset. Il a eu des mots forts. J’ai eu la chance de le connaître chez les Bleus, où il était l’adjoint de Laurent Blanc. Avec lui, j’ai eu 22 sélections dont 19 comme titulaire. Cela dit tout de la confiance qu’il a en moi. Sa force, c’est l’humain. Il comprend les joueurs et parle le même langage. Ce coach, c’est d’abord un homme bien.
Qu’est-ce que Saint-Étienne a de spécial en France ?
Son amour pour son club. C’est une ville qui vit au même rythme que son équipe. J’ai connu cela à Sunderland. Un endroit où le foot est l’une des choses les plus importantes de la ville. Dès que tu nais, tu es pour l’ASSE. Je sais que ça peut être pareil dans d’autres villes mais ici, c’est encore plus fort. À Saint-Étienne, je sais ce que veut dire avoir un peuple derrière soi. Quand tu perds, les gens te disent qu’ils sont tristes mais en te soutenant. Ce n’est jamais méchant. Ça vient du cœur. C’est de l’amour.
Quand vous jetez un regard en arrière sur votre parcours, qu’en dites-vous ?
Qu’il ne s’est pas déroulé comme c’était prévu. Je ne dis pas que c’est malheureux car c’est de ma faute. J’ai fait une bêtise mais c’est derrière moi. C’est important l’exemple. Il faut toujours écouter ses entraîneurs quand on débute.
Ce que vous n’avez pas fait à l’époque ?
Voilà mon plus gros regret : c’est de ne pas avoir écouté Frédéric Antonetti à Rennes. Il m’avait dit : attention, tu vas te brûler les ailes. Moi, à l’époque, je rigolais : tout se passait bien. J’étais jeune et en équipe de France. Mais c’est lui qui avait raison. Il ne faut pas se croire le plus beau. Mais j’ai su rebondir. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus fort mentalement. C’est la clé pour faire une carrière.
Quels moments ont été les plus durs ?
Quand j’étais seul en Russie, à l’autre bout de l’Europe. Ma femme n’était pas arrivée et il a fallu s’accrocher. Mais je tenais en me disant que quand j’entrais sur un terrain, ce n’était pas que pour moi mais pour ma famille. Là, dans ma tête, j’étais plusieurs. Et ça m’a aidé.
Qu’est-ce qui vous donne du plaisir sur un terrain ?
De voir que je peux encore servir. Quand on me fait confiance, je rends en échange. Non, en fait, sur la pelouse, je rends deux fois la confiance qu’on me donne. C’est mon moteur. Je suis un affectif. Attention, je n’ai pas besoin de compliments et d’entendre que je suis le plus beau et le meilleur. Non, je veux juste qu’on me donne un rôle dans un groupe. Et ensuite, je peux m’épanouir.
Gasset dit que vous êtes son « leader technique ». Qu’est-ce que cela veut dire pour un milieu défensif ?
Instaurer de l’assurance autour de soi. Savoir temporiser quand c’est la panique. Il faut aussi bien parler, c’est-à-dire avoir l’œil et lâcher les bons mots au bon moment. Le secret, c’est le bon tempo.
Vous vous exprimez comme un grand frère en fait…
Bien sûr. J’aime conseiller. Ici, il y a des jeunes milieux de talent comme Assane Diousse ou Mahdi Camara, qui deviendront très forts s’ils écoutent les bons conseils. Arnaud Nordin, qui revient bien. Pierre-Yves Polomat, qui a aussi connu des problèmes (NDLR : en prêt à Auxerre, il s’est battu sur la pelouse avec un coéquipier), a du potentiel. S’il y a quelqu’un qui sait que la vie est plus forte que les erreurs de jeunesse, c’est bien moi. Tomber, ce n’est pas grave. Ce qui compte, c’est de se relever.[/penci_blockquote]