Chers camarades d’infortune, bonjour.
Qu’est-ce donc que ce titre ronflant ? Tout d’abord je tiens à préciser que ne disposant pas de la science infuse, très loin de moi l’idée d’affirmer qu’à un seul instant j’aurais raison. Je prends en ce moment très modestement ma plume, dans l’idée de vous interpeller sur un problème qui depuis des années gangrène notre club de coeur l’ASSE (est-il besoin de le préciser ?) et plus généralement le football français. En parlant de football français, je précise d’emblée que ma réflexion, ou mon constat seront tout d’abord et particulièrement globaux. Pourquoi donc ? Car je pense que pour arriver à sortir du marasme dans lequel les Verts sont embourbés, une réponse également globale doit être apportée.
Sans être dans l’auto flagellation, ce que je décris pourra peut-être sembler sévère. Aussi ceux qui ont du mal à accepter la critique sur leur club préféré, ou qui n’analysent les performances sportives que par le prisme du résultat ne pourront se contenter de ce que j’écris. Pour moi ce n’est pas un problème tant que l’on peut en débattre.
I/ Un constat global
Quel est donc alors le problème du football français, ce cancer qui le ronge du moins, selon ma personne ? Effectivement, comme le diraient de nombreuses personnes, les problèmes sont multiples. D’aucuns diraient qu’il est avant tout fiscal ou économique, d’autres que c’est la faute aux autres clubs (aujourd’hui ce sont les anglais que l’on incrimine) qui « pillent » nos meilleurs joueurs. Ces constats sont incontestables et je les admet tels qu’ils sont, bien volontiers. Mais personnellement, je pense que le problème principal est l’absence de style de jeu dans les différents clubs de ligue 1. J’entends par là que le style est le même pour la plupart des clubs pros, notre ligue 1 est totalement stéréotypée.
D’ailleurs, quelles peuvent-être les oppositions de styles de jeu ayant existées dans l’histoire de ce sport en France ? Depuis sa professionnalisation, je n’en vois qu’une seule : l’opposition entre le jeu chatoyant du FC Nantes (ce qu’on appellera le jeu à la nantaise, initié par José Arribas) et celui plus rude, plus dur sur l’homme, plus « ouvrier » de l’AS Saint-Etienne, entre les 70’s et le mileu des années 80. C’est la seule opposition de styles que j’ai pu trouver. On peut noter certaines équipes ayant mis un style de jeu en place comme le jeu de contre d’Auxerre de Guy Roux (c’était moche mais au moins assumé) ou plus récemment (un motif d’espoir pour cette saison), le jeu plus offensif de Troyes avec Jean-Marc Furlan.
Qu’en est-il globalement aujourd’hui ? C’est simple il n’y a pas d’identité de jeu. C’est défensif, c’est moche, il y a 1 but par match, on s’emmerde et surtout ça concerne au moins 15 équipes sur 20 à l’heure actuelle (je fais exception du PSG, de Monaco, de l’OL, de Caen et de Troyes). Comment jouent les 15 équipes restantes ? Sans s’occuper de la manière, elles jouent pour gagner tout simplement. Le résultat brut, sans plus value, les fameux trois points. Je pense que c’est cet état d’esprit qui depuis des années empêche toute réflexion sur le jeu. Guardiola dit pourtant « Si vous gagnez sans bien jouer vous ne prenez pas confiance et vous le payez par la suite« .
On pourrait me dire que j’exagère, que le tableau n’est pas si noir. Je ne crois pas. Dites moi à quel moment la France a été à l’origine d’une innovation tactique, à quel moment elle a essayé d’innover ? Ce n’est jamais arrivé. A l’heure où des coachs ont philosophé sur le football, la France se répétait tel un mentra « les trois points, les trois points, les trois points… ». Ce n’est sûrement pas un hasard si lorsque l’on pense à des grands coachs, on parle d’Hollandais ou d’Italiens.
Un autre point qui démontre notre inaptitude à essayer de réfléchir autrement sur le foot, je parle ici de la manière dont la France, très grande nation du foot a traité des esthètes du football comme Ancelotti ou Bielsa. N’oublions pas de citer Jardim où certains « hommes de télé » (je n’ose pas les appeler journalistes), tels des pourfendeurs de lobbyistes managériaux étrangers (des fois que l’étranger leur apprendrait quelque chose) se sont carrément foutu de sa gueule. Je m’égare mais je laisse à méditer là-dessus…
Je suis peut-être naïf mais j’aime à croire qu’une opposition de différents styles dans notre championnat (comme cela se fait en Argentine ou au Brésil, avec différentes écoles), l’apprécier, la voir, améliorerait un tant soit peu la qualité de notre ligue 1 (bon d’accord c’est pas la notre, mais c’est pas grave). Se concentrer sur le jeu et non le résultat serait peut-être insuffisant, mais moins utopique que de croire que l’on fera un régime fiscalo-social totalement à part pour le football. Fantasme qui aussi louable soit-il, m’énerve car il donne du grain à moudre à nos chouineuses de dirigeants.
II/ Quid de Saint-Etienne ?
Oui, qu’en est’il de Sainté ? Aujourd’hui, je suis extrêmement déçu car j’avais espoir. Espoir de renouer avec ce que je crois être le jeu qu’a produit l’ASSE, il y a plus de 30 ans maintenant.
A mon sens, comme je l’ai déjà expliqué, le jeu de Sainté doit avant tout être dur sur l’homme (il était bien sûr aussi très technique à l’époque, le lot de toutes les grandes équipes européennes). J’entends par là que le pressing doit être haut et agressif, le bloc équipe dans le camp adverse. La récupération de balle doit être rapide et la projection aussi (pas non plus du kick and rush hein, mais les 15 passes entre défenseurs ou à l’arrière, on oublie). Mine de rien aux heures de gloire de Sainté (70’s), le 4-2-4 permettait cela (bon le jeu était moins rapide aussi, je le concède).
J’avais donc de l’espoir il y a seulement 3 ans. Souvenez-vous du duo Clément-Lemoine, s’ajoutant parfois Guilavogui ou Cohade, ratissant tous ces ballons. Ce n’étaient pas qu’eux mais toute l’équipe qui pressait bien et haut, permettant des projections rapides pour Aubameyang, la régalade quoi ! Cela a surpris pas mal d’adversaires permettant contre des équipes modestes de l’emporter 3 voire 4 à 0. C’était en 2012-2013 puis aussi la saison suivante. J’ai peut-être tendance à sublimer la réalité, mais si les résultats n’étaient pas toujours là, on ne s’emmerdait point (bon allez moins, mais par rapport à aujourd’hui…).
Un chroniqueur que peu de stéphanois apprécient (que voulez-vous, la minorité d’hier n’est peut-être pas celle de demain), pour le nommer Daniel Riolo, qualifiait le jeu de Sainté de « foot baston ». Et il n’y a rien de péjoratif, pour ma part je trouvais que Sainté, c’était l’Atletico du pauvre.
Ce football, historiquement est celui de Saint-Etienne. C’est aussi le foot que j’aime, c’est le foot que je veux retrouver dans ce club !
Mais quelle déception de voir depuis l’année dernière un Catenaccio (sans grand succès ?) mis en place par notre coach Galtier (oui il faut bien en parler), grand manitou stabilisateur d’un club en difficulté. Mais que t’est-il arrivé Christophe ? Tu es devenu si frileux. Je sais bien que tu as toujours l’air enrhumé mais tout de même…
Que ton 5-4-1 ou ce qui y ressemble, que ta volonté de toujours défendre disparaissent. Car ceci est indigne de ce club. L’ASSE doit rentrer dans le lard de ses adversaires. Le jeudi 20 août, l’ASSE n’a pas gagné contre un club de Moldavie, digne d’une CFA 2 (et avec tout le respect que j’ai pour eux). En tant que supporter, je trouve cela déshonorant, bien que notre coach estime que c’est « pas mal ». C’est pour cela que si nous devions nous inspirer d’une chose, au moins de la Grinta que Diego Simeone transmet à son équipe.
Peut-être plus qu’un cri d’espoir, c’est surtout un cri du coeur. Un coeur qui n’en doutez pas, est vert.
Camarades supporters, bonsoir.
Rédigé par Myster/y/bouledegomme