LES CINQ ETAPES DU DEUIL
"Lorsqu'il n'y a plus de mots, ne cherche ni à parler, ni même à penser à autre chose. » Elisabeth Kübler-Ross – Psychiatre américano-suisse
Salut les Groupies !
Votre cowboy @JossRandall42 est de retour mais je vous préviens, je ne vais pas vous parler des derniers matchs de l’ASSE, de cette parodie de foot mardi contre EAG, de cette nouvelle petite honte à domicile, dans le remake Coupe de France de « l’ASSE contre le Docteur NO », sans aucun James Bond, et à ceci près que le 007, nous on a surtout les deux premiers chiffres.
Parce que ça ne sert plus à rien d’en parler. Il n’y a rien à dire. Les mêmes daubes se succèdent, la même apathie à tous les étages, le même sentiment morbide que tout le monde s’en fout, en regardant le bateau sombrer. Sur le match de samedi, pour reprendre le dernier cauchemar en date, après avoir résumé la prestation verte en soulignant le premier tir cadré à la 84ème minute, la seule conclusion à tirer c’est qu’à une ou deux exceptions près, la lueur d’espoir ne sortira pas de la réserve (comme disait la femme de ce vieil Apache cloué dans son tipi par un mauvais COVID).
Alors voilà, j’aurai pu arrêter là cette chronique. Mais comme cette pince à sucre de BossAlesque @AlexPVfr ne sort pas l’artiche à moins de trois paragraphes par opus, je suis obligé de continuer.
J’ai donc décidé de vous parler de ma phase de préparation au deuil. Celui qui arrive, s’il ne se passe rien de fort et violent dans les semaines, les mois qui viennent. Celui de ma passion pour ce club légendaire et qui m’anime pourtant depuis de si nombreuses années.
Et comme j’ai toujours été un élève attentif et appliqué à l’école, pour me préparer au mieux à ce deuil, j’ai décidé de suivre à la lettre les 5 étapes selon Elisabeth Kübler-Ross.
ÉTAPE #1 : LE DÉNI
Vous vous souvenez de notre dernière année en L1 ? Nombreux étaient ceux, et votre serviteur en faisait partie, je le reconnais aujourd’hui bien volontiers, qui ne pouvaient pas imaginer une descente en L2, malgré tous les indicateurs qui conduisaient à cette réalité. Aveuglés que nous étions par le sacro-saint syndrome du « club mythique », celui « dont la place est en L1 évidemment », à grands renforts de « Sainté C’est Nous ! », auquel un bon pote du Bourbonnais ajoutait des « Tu vois Bin !! » à chaque fin de phrase.
J’aurais dû me méfier, surtout que lui est un adepte des fins de soirées alcoolisées en peignoir bleu beaucoup trop court pour lui. Mais à l’époque, pas question de trembler comme un feuillage en automne. On est Sainté quoi, ça va forcément passer. Et tant pis pour le péché d’orgueil conduisant à ne pas voir combien d’autres « clubs mythiques de L1 » avaient sombré en L2, voire pire, depuis quelques années, en mettant parfois 10 ans s’en remettre pour ceux qui s’en sont remis.
Mais que vous et moi nous ayons pu commettre ce péché d’orgueil n’était finalement pas bien grave en soi. Nous sommes des passionnés, donc par nature aveuglés par l’amour. Ça l’était beaucoup plus de la part de notre Direction, staff sportif et joueurs de l’époque.
Ça, c’était le déni.
ÉTAPE #2 : LA COLÈRE
La colère elle, est venue lors de la première saison de L2. Une colère d’éléphant qui vient d’apprendre que sa femme le trompe. Colère froide ou exubérante, selon les moments, de voir le toboggan de l’enfer se poursuivre, de voir un coach visiblement isolé mais assurément en roue libre, jouer avec son dogme en refusant l’idée de son inadaptation à son faible effectif. Colère avant Noël de voir mon club, (vous savez le fameux club mythique qui a sa place en L1 et pas ailleurs…), se faire lécher les miches par les flammes de l’enfer du National. La colère de voir mon club au lendemain de Noël se faire humilier une fois de plus à Annecy. Colère enfin de voir qu’il aura *encore* fallu compter sur un funambulisme de mercato d’hiver, s’avérant heureusement plein de réussite, pour arrêter enfin de transpirer et sauver son cul en L2.
La première saison de L2 est donc marquée par la colère. Et moi une fois que je suis sorti de mes gonds, c’est tout un travail de patience pour me rajuster le caractère.
ÉTAPE #3 : LE MARCHANDAGE
La phase la plus subtile et en même temps la plus difficile à comprendre. Celle où malgré les deux précédentes, qui auraient normalement dû nous mettre le prépuce à l’oreille, on continue tous de tenter de nier ou de *minimiser* la réalité. Sans doute pour masquer le fait qu’on a tellement les jetons qu’on n’arrive plus à les compter. Mais à l’image de l’étape du déni, le fait que nous, supporters, embrasés par notre irrationnelle passion, nous nous rendions coupables de ce marchandage, passe encore. Mais que nos Dirigeants le fassent, et essayent en même temps de nous le faire avaler, ça m’interroge. Malgré tout, nous avons fini par accepter le marchandage. Et, tout en voyant bien à l’été 2023 que l’effectif est toujours aussi mal construit et sortira probablement moins du lot en L2 qu’un Sumo à une première communion, nous avons fini par acheter les promesses de L1.
ÉTAPE #4 : L’ABATTEMENT
Et voilà, 6 mois plus tard, c’est l’abattement qui se pose sur nous comme une bouse de vache sur une pâquerette. Les mêmes recettes donnent les mêmes résultats. Après la prise en compte, au bout du bout du bout d’un voyage au bout de l’ennui qui n’aurait pas déplu à Louis-Ferdinand Céline, de l’échec de son système de jeu, après un ajustement salutaire par Batllès qui aura accouché d’une embellie de courte durée (au passage, notre déni et notre marchandage nous auront masqué le fort indice de *réussite* dans les résultats), et bien nous revoilà en train de pleurer, de ruisseler même, comme des toitures savoyardes à la fonte des neiges.
À force d’accumulation de bouses footballistiques, mais surtout de persistance de cet état d’esprit généralisé d’indifférence à tous les étages du club (en tout cas vu de l’extérieur, tout le monde semble s’en cogner comme de leurs premières chaudes pelisses, des joueurs, inexistants dans l’implication, à la direction sportive, transparente, jusqu’aux dirigeants dont les préoccupations semblent désormais loin du rectangle vert), et bien nos optimismes les plus chevronnés, nos espoirs les plus ancrés, notre passion la plus indéfectible, tout ça se met à vieillir comme du lait hors du frigo.
C’est-à-dire pas bien. C’est l’abattement.
ÉTAPE #5 : L’ACCEPTATION
C’est l’étape ultime, et je m’y dirige tranquillement.
Je ne prévois pas de mouchoirs, car je me prépare à avoir l’œil sec comme le cœur d’un marchand de canons. J’en reviens à l’essentiel, en me rappelant que je me sens mourant depuis que je me sais mortel. Mais surtout, j’arrête d’essayer de pisser contre le vent (c’est généralement dangereux et tu gagnes rarement) car le constat est là. Froid. Implacable. Ce club travaille bien trop mal et depuis trop longtemps. L’heure est probablement venue de payer la facture.
Donc nous la payerons, cher, en admettant l’augure de peut-être devoir supprimer une passion dans nos vies. Mais finalement, ça sera peut-être mieux comme ça. C’est l’acceptation, étape essentielle pour ce que Elisabeth Kübler-Ross appelle la « résolution » du deuil.
EN CONCLUSION …. Y AURAIT-IL UNE ÉTAPE #6 ? LA RECONSTRUCTION ?
Vous l’avez compris, je commence gentiment à tangenter l'indifférence par le bas.
Mais …. Il parait que les théories d’Elisabeth Kübler-Ross sont contestées aujourd’hui. Notamment parce qu’elles excluent la phase dite de reconstruction. L’idée d’un « après » quoi.
Et pourquoi pas …
*Attention*… Je ne fais pas ici allusion à l’arrivée de l’intérimaire-pompier-magicien JOSS_RAN_DALL’OGLIO, dont on imagine mal qu’il sera d’un coup à la L2 ce que Jeanne d’Arc fut à l’Anglais. Car même si le garçon a déjà vu le loup péter sur la Pierre de bois, même si j’aime bien son idée du jeu (attention toutefois au dogmatisme, on a déjà donné !!), je l’imagine mal transformer d’un coup les MORTAL_FOMBA, CHARBONNIER_DE BAIN, ou autres fraudes comme DIARRA_KIRI ou CAFARO_SUR_LE_BAUDET en joueurs de foot impliqués et performants (et j’aurai pu allonger la liste …). Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, dans la situation actuelle du club et considérant la faible qualité de l’effectif, changer de coach sera peut-être un peu comme changer de transat sur le Titanic. Et il n’est pas impossible que nous continuions à avoir le capot qui fume, même en descente.
Non, pour l’éventuelle étape de reconstruction, je pensais au changement que nous attendons tous. Celui sans lequel nous pourrions tous être définitivement t’atteints, comme une tarte aux pommes renversée servie tiède avec une boule de glace. Je parle bien sûr d’un changement de propriétaires, seule chose qui nous permettrait d’espérer un nettoyage complet, vertical, plutôt au karcher qu’à l’éponge, car à force de temps passé à laisser s’installer l’incompétence, elle a fini par s’incruster dans les murs.
Pour autant, nous savons tous que ça ne sera pas un gage de réussite absolue. Que le risque existe que ce soit même pire après. Mais j’ai le sentiment que – pour un temps en tout cas - ça nous laisserait au moins une chance. Car ce qui est certain, c’est que dans l’état actuel du club, cette chance a définitivement disparue.
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