La saison de l’ASSE, comme les précédentes, n’est pas un long fleuve tranquille. En réalité, elle est faite de séries positives comme celle en cours actuellement (3 victoires consécutives) et de passes de moins bien. Néanmoins, un constat est faisable : le bilan d’Olivier Dall’Oglio depuis son arrivée est meilleur (1,88 point/match) que celui de Laurent Batlles au début de saison (1,41 point/match).

Ce bilan plus favorable pour ODO à l’ASSE est forcément le fruit d’un travail de remodelage de l’effectif grâce au mercato, couplé à des choix forts dans la composition d’équipe. Le coach cévenol l’a toujours dit : les joueurs qui afficheront le meilleur état d’esprit et qui seront les meilleurs sur le terrain, joueront.

Dans cette logique, certains joueurs titulaires indiscutables sous Laurent Batlles ont fait les frais de cette nouvelle politique de management. À l’inverse, d’autres joueurs ont bénéficié de l’arrivée du nouveau coach qui a amené dans ses bagages un nouveau système tactique, un nouveau discours, une nouvelle manière de travailler, et de nouveaux principes de jeu. Bien évidemment, les choix d’Olivier Dall’Oglio ont aussi été guidé par les absences de certains cadres partis à la CAN (Sissoko, Batubinsika), ou de joueurs blessés (Diarra, Wadji) et suspendus (Tardieu, Monconduit).

Quoi qu’il en soit, la bonne série d’invincibilité en cours, pousse Olivier Dall’Oglio a misé autant qu’il le peut, sur la continuité, se contentant de changements contraints par blessure (Moueffek) ou suspension (Monconduit). Comme évoqué, certains joueurs pâtissent des choix du coach de l’ASSE, tandis que d’autres en profitent, tour d’horizon.

Ils ont perdu du temps de jeu sous Dall’Oglio

Léo Pétrot, le déclin d’un soldat de Batlles

Le cas le plus énigmatique des joueurs qui ont fait les frais des choix d’ODO, est assurément Léo Pétrot. Le défenseur formé à l’ASSE est revenu dans le Forez dans les bagages de Laurent Batlles, qui lui a toujours témoigné sa confiance. Durant le début de saison, sous l’ère Batlles, Pétrot a disputé 91% du temps de jeu possible (1476 minutes de jeu sur 1620 toutes compétitions confondues). Encore mieux, Léo Pétrot a été titularisé lors des 17 matchs de L2 coaché par Laurent Batlles. Le seul match que le défenseur polyvalent a manqué, c’était le déplacement à Bourg-en-Bresse en Coupe de France. Sous Laurent Batlles, Léo Pétrot disposait du 2ème temps de jeu de l’effectif.

À son arrivée, Olivier Dall’Oglio n’a pas voulu tout chambouler d’un seul coup et a préféré prendre son temps et observer les joueurs déjà en place. Ainsi, Léo Pétrot a poursuivi sur sa lancée et a été titularisé face à Bordeaux, Bastia et Laval.

Mais 3 jours plus tard, à Pau, ODO décide de mettre Léo Pétrot sur le banc et de le remplacer par le revenant Yvann Maçon. Le joueur originaire de Firminy n’entre même pas en jeu. Depuis, et hormis un match face à Dunkerque où il a été titularisé dans l’axe avec Anthony Briançon, Léo Pétrot alterne entrées en cours de match (7 min face à Amiens, 25 min face à Troyes et 6 min contre Annecy) et cirage de banc (pas d’entrée en jeu contre Angers).

La descente aux enfers est délicate pour Léo Pétrot qui a vu Yvann Maçon prendre sa place dans le couloir gauche et se débrouiller à merveille. Dans l’axe, Mickaël Nadé performe lui aussi, et le retour de Batubinsika bouche encore un peu plus les possibilités de temps de jeu pour Léo Pétrot.

  • Léo Pétrot sous Laurent Batlles : 1476 minutes de jeu (91% du temps de jeu possible). 2ème temps de jeu.
  • Léo Pétrot sous Olivier Dall’Oglio : 398 minutes de jeu (49%). 14ème temps de jeu

Benjamin Bouchouari, une perte de statut

Alors qu’il était un des hommes-clés de Laurent Batlles, Benjamin Bouchouari est en train de perdre du terrain sur ses concurrents au milieu de terrain. Titularisé lors des premiers matchs de l’ère ODO, l’international espoir marocain semble avoir vécu un tournant dans sa saison lors du match contre Amiens le 27 janvier dernier. Sorti à la mi-temps par son entraîneur, mécontent de sa prestation, il est depuis cantonné à un rôle de remplaçant. Pire, il n’est même pas rentré contre Angers lors de la 25ème journée. Lors des 3 derniers matchs auxquels il a pris part, le jeune milieu de terrain a disputé en tout et pour tout 52 minutes de jeu.

Et les choix d’Olivier Dall’Oglio face à Annecy ne semble pas laisser présager de bon pour Bouchouari. Alors que Thomas Monconduit était suspendu et qu’Aïmen Moueffek était blessé, beaucoup ont pu penser avant la rencontre que ces absences allaient permettre à Benjamin Bouchouari de retrouver une place de titulaire et de se relancer, mais que nenni. Florian Tardieu et Lamine Fomba (lui aussi grand perdant des choix d’ODO) lui ont été préférés et ont débuté la rencontre. Pire encore, Benjamin Bouchouari n’a pu disputer que des miettes de temps de jeu samedi, en entrant en jeu ) à la 84ème minute.

  • Benjamin Bouchouari sous Laurent Batlles : 1117 minutes de jeu (69% du temps de jeu possible) malgré 2 suspensions. 8ème temps de jeu.
  • Benjamin Bouchouari sous Olivier Dall’Oglio : 419 minutes de jeu (52%). 11ème temps de jeu.

Lamine Fomba, un soldat en permission

Enfin, le dernier cas concerne un autre milieu de terrain : Lamine Fomba. L’ancien nîmois est un cas complexe et paradoxal. Et pour cause, c’est le seul joueur de l’effectif stéphanois à avoir pris part aux 28 matchs (toutes compétitions confondues) disputés par les Verts depuis le début de saison. Pour autant, Lamine Fomba ne possède que le 11ème temps de jeu de l’ASSE sur l’ensemble de la saison. Au total, Lamine Fomba a débuté 15 matchs dans la peau d’un titulaire, dont 13 fois sous les ordres de Laurent Batlles. La 14ème fois c’était en Coupe de France face à Nîmes, lorsque Laurent Huard assurait l’intérim. Et la dernière fois, c’était pas plus tard que samedi contre Annecy. La seule fois qu’Olivier Dall’Oglio a couché le nom de Lamine Fomba sur la composition de départ. Et comme évoqué précédemment, c’était le fruit d’une conjoncture d’indisponibilités (Moueffek et Monconduit).

Jusqu’à samedi, le milieu de terrain arrivé dans le Forez l’hiver dernier, devait se contenter d’entrées en jeu en cours de matchs, plus ou moins longues : 23 et 26 minutes face à Bordeaux et Pau, 8 et 6 minutes face à Bastia et Angers.

  • Lamine Fomba sous Laurent Batlles : 980 minutes de jeu (60% du temps de jeu possible). 10ème temps de jeu.
  • Lamine Fomba sous Olivier Dall’Oglio : 219 minutes de jeu (27%). 16ème temps de jeu.

Ils ont gagné du temps de jeu avec Dall’Oglio

Dylan Chambost, la nouvelle renaissance du phénix

Le natif d’Annecy ne finit plus de nous surprendre. Sa relation avec l’ASSE est faite de hauts et de bas depuis le début, et ça n’est visiblement pas près de s’arrêter. Cette saison en est un résumé parfait. Revenu lui aussi dans le Forez dans les valises de Laurent Batlles, Dylan Chambost a alterné blessure, passages répétés sur le banc et quelques séries de titularisations la saison dernière. Cette année, le début de saison sous les ordres de Laurent Batlles a à nouveau été délicat pour Dylan Chambost rarement titularisé et parfois même laissé sur le banc sans entrer en jeu. Ainsi, sous les ordres de Laurent Batlles, Dylan Chambost dispose seulement du 13ème temps de jeu de l’effectif.

L’arrivée d’Olivier Dall’Oglio va tout chambouler et constituer une opportunité pour Dylan Chambost de renverser la vapeur. Le nouveau coach de l’ASSE décide de le titulariser d’emblée, dès son premier match aux manettes des Verts, à Bordeaux. Depuis, le joueur passé par l’ES Veauche, n’est jamais sorti du XI titulaire. Encore mieux, hormis face à Bordeaux où il est sorti à 10 minutes de la fin du match, Chambost a disputé les 8 autres matchs dans leur intégralité. L’arrivée d’ODO a transformé Dylan Chambost, basculé dans un premier temps sur l’aile droite avant d’être replacé au coeur du jeu.

  • Dylan Chambost sous Laurent Batlles : 588 minutes de jeu (36% du temps de jeu possible). 13ème temps de jeu.
  • Lamine Fomba sous Olivier Dall’Oglio : 800 minutes de jeu (99%). 3ème temps de jeu.

Mickaël Nadé remercie la République Démocratique du Congo

C’est ce qu’on pourrait appeler un opportuniste, mais dans le bon sens du terme. Un joueur qui profite de l’absence du titulaire à son poste, parti jouer la CAN en Côte d’Ivoire, pour prendre temporairement (voire plus durablement ?) sa place, faire ses preuves et gratter du temps de jeu. Ce costume, Mickaël Nadé l’a enfilé à merveille. Le joueur formé à l’ASSE a lui aussi connu une relation mouvementé avec son club formateur. Lui qui a été un des très rares joueurs à rester à l’ASSE après la relégation, à depuis, systématiquement été donné sur le départ à tous les mercatos. Cet hiver encore, un bon de sortie a été donné à Nadé par la direction, sachant que son défenseur central est en fin de contrat et donc libre de s’engager où il veut cet été.

Mais Mickaël Nadé a eu du flair et à refuser de partir. Et pour cause, il savait que durant ces mois de janvier et février, il allait avoir l’opportunité de montrer de quoi il est capable à son nouveau coach Olivier Dall’Oglio. Pari réussi pour le joueur originaire de Sarcelles. À la faveur du bon parcours de la RDC à la CAN et donc de l’absence de Dylan Batubinsika, Mickaël Nadé a livré de bonnes performances dans l’ensemble durant cette période, associé à Anthony Briançon. Titulaire face à Laval, Pau et Amiens, il retourne sur le banc des remplaçants face à Dunkerque. Dall’Oglio décide d’essayer l’association Pétrot/Briançon en charnière centrale, sans succès. Mickaël Nadé fait son retour dans la composition de départ à Troyes, puis enchaîne contre Angers et Annecy malgré le retour dans le Forez de Dylan Batubinsika, preuve de la confiance accordée par le coach de l’ASSE à son défenseur central.

  • Mickaël Nadé sous Laurent Batlles : 422 minutes de jeu (26% du temps de jeu possible). 17ème temps de jeu.
  • Mickaël Nadé sous Olivier Dall’Oglio : 535 minutes de jeu (66%). 8ème temps de jeu.

Monconduit et Moueffek, le milieu contre-attaque !

Enfin, dans des proportions légèrement moins importantes, deux autres joueurs ont sensiblement gagné du temps de jeu depuis l’arrivée de Dall’Oglio à la tête de l’ASSE. Il s’agit de Thomas Monconduit, éternel revenant lui aussi, et Aïmen Moueffek qui rayonne.

Le premier cité a vécu un début de saison encore une fois très compliqué, entre blessure, mise à l’écart, transfert avorté et envie de départ. Sous les ordres de Laurent Batlles, Monconduit dispute ainsi seulement 374 minutes de jeu. Cet hiver, Monconduit est annoncé encore une fois sur le départ, mais de son côté ça n’est pas son souhait, il veut finir la saison dans le Forez. Et lui aussi, a eu raison de persister et de tenter le pari, puisqu’il s’est relancé sous Olivier Dall’Oglio. Monconduit a été titularisé 5 fois en 8 matchs. Sous Dall’Oglio, le milieu de terrain passé par Lorient dispose du 10ème temps de jeu de l’effectif.

  • Thomas Monconduit sous Laurent Batlles : 374 minutes de jeu (23% du temps de jeu possible). 19ème temps de jeu.
  • Thomas Monconduit Nadé sous Olivier Dall’Oglio : 428 minutes de jeu (53%). 10ème temps de jeu.

De son côté Aïmen Moueffek lui aussi a bénéficié de l’arrivée d’Olivier Dall’Oglio à l’ASSE. Cantonné majoritairement à un rôle de remplaçant de luxe avec Laurent Batlles, le milieu de terrain formé dans le Forez a acquis une place de titulaire dans l’esprit d’ODO. Malgré un remplacement à la mi-temps contre Amiens, et une mise sur le banc le match suivant à Dunkerque, Aïmen Moueffek a réussi (contrairement à Bouchouari) à retrouver la confiance de son coach et à récupérer sa place de titulaire contre Troyes et Angers. Une blessure en début de match contre Angers le freine néanmoins dans son élan.

  • Aïmen Moueffek sous Laurent Batlles : 570 minutes de jeu (35% du temps de jeu possible). 14ème temps de jeu.
  • Thomas Monconduit Nadé sous Olivier Dall’Oglio : 470 minutes de jeu (58%). 9ème temps de jeu.