Philippe Guillemet, directeur du Centre de Formation, nous a accordé une interview en exclusivité. Gambardella, Centre de Formation, pros, centre d'entraînement de l'Etrat, il a répondu à nos questions sans détour.
Nous imaginons que vous êtes un directeur de centre de formation heureux...
Oui (gêné). On ne va pas se laisser bercer en rentrant dans une douce euphorie car on n'a encore rien gagné. On ne dit pas aux joueurs "on va au Stade de France, c'est bien". On leur dit : "on va au Stade de France pour jouer contre Toulouse et pour gagner !". C'est important. Demain, ils iront visiter les vestiaires, la pelouse et après ça ils rangeront tout pour ne penser qu'au match, c'est très important.
Que l'ASSE gagne ou perde, qu'est-ce qui reste positif dans le fait d'accéder à une finale de coupe Gambardella ?
C'est un projet de jeu, de formation. De tout temps, l'ASSE a formé des joueurs avec des hauts et des bas comme n'importe quel club. Ce qui a été fait auparavant il faut le poursuivre. Cette finale s'inscrit dans une continuité. On est contents bien sûr mais tout les matchs que l'on a joué ont été difficiles, notamment le premier match contre le FC Lyon. A Auxerre, les choses paraissaient "cuites", mais les joueurs ont fait honneur à ce qu'est l'ASSE et à l'histoire du club en renversant le match. Ils ont eu un instinct de survie, ils ne voulaient pas mourir. On fait honneur au maillot Vert, le club est réputé pour ça.
Est-ce que cette rencontre à Auxerre a été un match charnière qui a donné un supplément d'âme aux stéphanois ?
C'est le match charnière, l'élément fondateur. L'âme était déjà là. Ce match a fait la différence et il est certain que les joueurs étaient contents de se retrouver pour préparer ces matches de coupe. Je rappelle que ce collectif s'entraîne habituellement sur trois groupes différents (ndlr : pros, N2 et U19). On a enchaîné de très gros matchs comme Lille, Nantes, Bordeaux et puis Toulouse qui sont de très grands clubs formateur.
Remporter une coupe Gambardella ou un championnat U19... Qu'est-ce qui est le plus fort ?
Les matches de coupes sont différents, ce sont des matches sanction. Vous pouvez mal jouer et vous qualifier, ou l'inverse. En championnat on peut toujours se rattraper. Les coupes ont une saveur particulière, comme quand on a gagné la coupe de la ligue, tout le Peuple Vert attendait ça. On espère la même chose pour samedi puis, le lendemain il y a un autre match important parce qu'on est dans une situation de jouer une coupe d'Europe l'année prochaine.
Vous pouvez d'ores et déjà nous annoncer que William Saliba ne sera pas à Paris mais plutôt à Geoffroy Guichard ce dimanche ?
Ah non non non... C'est Jean-Louis Gasset qui va annoncer les choses. En tout cas il a fait un match magnifique contre Bordeaux et ensuite contre Reims. Il engrange beaucoup de confiance et c'est important. On sait que tous les pros sont derrière nous. Jean-Louis Gasset a parlé aux joueurs, on sent la ferveur derrière nous donc j'espère que l'on va remporter ce match. Il ne faut pas oublier que la petite vingtaine de joueurs qui composent cette équipe est là depuis 6 ans. Ils ont de l'amour les uns pour les autres, ils se connaissent depuis longtemps, depuis l'école de foot pour certains... Ils montrent les valeurs d'amitié et de solidarité qui sont chères au club.
On a la sensation que les jeunes du centre de formation de l'ASSE possèdent des valeurs chères au club et à la région. Des valeurs que l'on ne retrouve pas ou beaucoup moins chez nos voisins lyonnais...
Oui... (gêné) On n'aime pas trop se comparer, on regarde surtout ce qui se fait chez nous... Les valeurs stéphanoises dont vous parlez, on sait que nos jeunes les ont. C'est une transmission qui s'est faite de tout temps à l'ASSE. Le club est une vraie famille. Le centre d'entraînement accueille des U12 aux professionnels. Ici, ils croisent tout le monde, le président, Dominique Rocheteau qui incarnent cette humilité, le travail. C'est une transmission de tout un club. Les valeurs de l'Asse perdurent et c'est vrai qu'on le ressent.
Le projet "La mine Verte" mis en place en 2017 par Julien Sablé et Bernard David a-t-il été un tournant pour le centre de formation ou bien est-il dans la continuité de ce qui se faisait ?
Il est totalement dans la continuité du travail effectué auparavant. D'autres ont oeuvré à ce projet : Razik Nedder, Jean-Philippe Primard notamment. Tout le monde était très motivé par ce projet global qui englobe trois dimensions : le sportif, le socio-éducatif et le scolaire. Le club a donné des moyens supplémentaires : une préparatrice mentale, un responsable scolarité, des binômes d'entraîneurs sur les équipes "nationales", un nutritionniste... C'est un encadrement qui doit permettre aux jeunes joueurs de ne négliger aucune des dimensions précédemment citées.
Lorsque vous accueillez un joueur candidat à l'entrée au centre de formation, quelle est la qualité (s'il y en a une) que doit absolument posséder ce dernier ?
C'est une question difficile. Le joueur doit avoir au moins une qualité forte pour rentrer dans le centre de formation, on essaye de se renseigner un maximum sur la famille du joueur. On est attentif aux valeurs du joueur, son niveau scolaire et surtout son comportement. On sait qu'un jeune garçon qui rentre au centre peut avoir des hauts et des bas dans sa scolarité ou son comportement, mais on essaye de l'aider et de l'accompagner au mieux.
Tous les joueurs qui joueront samedi ne seront pas professionnels à l'ASSE. Que fait-on au club pour ceux qui ne seront pas conservés ?
On incite les joueurs à avoir leurs diplômes s'ils ne franchissent pas le cap de footballeur professionnel. On a un taux de réussite au Bac légèrement supérieur à la moyenne ce qui est une satisfaction pour des jeunes qui sont soumis à un rythme soutenu avec le football. Certains peuvent mettre un peu leurs études en sommeil pour confirmer ou pas leur projet de professionnalisme quand d'autres voudront s'investir dans un projet post-Bac.
A quel moment annonce-t-on aux joueurs qu'ils vont être conservés ou pas au club ?
C'est en ce moment, même si on est plutôt sur la fin qu'au début. Pour des raisons de clarté et afin de leur laisser une chance de se retourner, on a commencé vers le 20 mars. En contrepartie, il est important que tout le monde reste mobilisé jusqu'au bout et continue à honorer les engagements qui sont pris ou les contrats pour ceux qui en ont un. En règle générale ça se passe bien.
Il y a des annonces à venir concernant de futurs contrat professionnels...?
Tout les ans, on fait signer des jeunes joueurs, je rappelle que déjà six joueurs dans l'équipe de Gambardella sont professionnels. Il y a des joueurs qui vont se voir proposer un contrat professionnel. On attend un petit peu... Vous le saurez dans peu de temps... Quand il y a de belles saisons il y a des récompenses...
On sait qu'il y a un côté obscur dans les centres de formation : ce sont les gens qui gravitent autour des joueurs et qui pourraient ne pas avoir une bonne influence sur ces derniers (amis, famille, agents...). Comment parvient-on à gérer cela ?
Il y a des gens pour gérer cela et ils le font très bien : Dominique Rocheteau, Gérard Fernandez ou David Wantier ont l'habitude car cela fait partie du paysage. Ce n'est pas mon domaine.
Qu'est-ce qui vous irrite le plus aujourd'hui ? Les réseaux sociaux omniprésents ou bien l'argent qui gravite autour des jeunes dans les centres de formation ?
Le football évolue. On espère toujours que tout se passe bien. L'argent ? A partir d'un moment où on parle d'un sport populaire, il faut accepter le fait que l'argent est une source de revenue pour plein d'entreprises, c'est aussi un bon côté mais l'ASSE développe surtout des valeurs de travail.
L'Etrat qui était à la pointe des installation en 1998 quant il a accueilli des équipes pour la coupe du monde en France est-il toujours un outil de qualité ?
L'Etrat est en plein développement, il y a des travaux en cours, le club ne pouvait pas le développer car il n'était pas propriétaire mais c'est en train de changer. C'est un très beau site, très proche de Geoffroy Guichard, c'est vraiment quelque chose qui faut que l'on garde. Ce site est très apprécié, l'ambiance qui y règne est très positive.