Depuis le début de la saison, les verts souffrent d'un cruel manque d'efficacité et de réalisme devant le but adverse. Ce n'est pas un problème nouveau du côté du Forez où les avant-centres ont du mal à convaincre depuis des années. État des lieux.
Les années 2010 ont été marquées, à Saint-Étienne, par le retour d’une stature européenne pour le club, mais aussi par le problème récurent du manque d’efficacité offensive. On remarque alors le peu de joueurs ayant dépassé les 10 buts par saison en Ligue 1. Le comble étant que la majorité des joueurs ayant atteint la barre des 10 buts ne sont pas (ou pas vraiment) des avant-centre.
Des débuts prometteurs
La décennie avait pourtant bien commencé grâce à Pierre-Emerick Aubameyang, le Gabonais a réalisé deux saisons de haute voltige sous le maillot vert, avec 16 buts en 2011-2012 et 19 buts en 2012-2013. Utilisé tantôt en avant-centre, tantôt en ailier, l’actuel gunner se jouait des défenses par une vitesse remarquable, une véritable qualité de dribble et une finition de qualité. Du haut de ses 1m87, « Aubame » pouvait alors aussi s’imposer dans les airs.
Lors de la saison 2012-2013, il partageait l’affiche avec un pur avant-centre, Brandao. Le brésilien formait un duo hétérogène mais complémentaire avec Aubameyang. Bien moins rapide, l’ancien Marseillais jouait surtout sur son physique et son habilité devant le but. On peut alors parler d’une utilisation comme pivot, un attaquant fort capable de distribuer, un vrai point d’appui, mais aussi capable de mettre la balle au fond des filets. Bilan pour le brésilien, 11 buts à la fin de l’exercice.
L'après-Aubameyang
Cependant, lors de la saison 2013-2014, le brésilien ne marque que 5 buts, ne formant pas un duo complémentaire avec Mevlut Erdinç, venu palier au départ d’Aubameyang. Le turc réalise quant à lui une saison plutôt satisfaisante, malgré des lacunes face au but, avec 11 réalisations. La fin de cette saison marque alors une longue traversée du désert pour les avant-centres verts.
En 2014-2015, c’est Max Alain-Gradel qui signe une saison prolifique avec 17 buts en championnat. Or, l’Ivoirien évolue au poste d’ailier et pour les avant-centres, la saison est plus compliquée. Erdinç ne score que 8 fois, tandis que le néerlandais Van Wolfswinkel, prêté par Norwich, déçoit avec seulement 5 buts.
Beric, adoré mais pas épargné
La saison 2015-2016 est marquée par une arrivée massive d’avant-centres. Au mercato estival, Nolan Roux, Robert Beric et Neal Maupay rejoignent le club alors qualifié pour l’Europa League. Pour Roux, c’est une première saison en demi-teinte avec seulement 9 buts en championnat. Avec 3 buts au compteur, Beric n’a pas pu confirmer sa montée en puissance à cause d’une rupture des ligaments croisés, en début novembre à cause d’un certain Jordan Ferri. Le jeune Neal Maupay n’a, quant à lui, pas réussi à s’imposer sous la tunique verte et ne trouve les chemins des filets qu’une seule fois.
Toujours, lors de la saison 2015-2016, Alexander Søderlund débarque de Norvège au mercato hivernal. L’international Norvégien, très prolifique avec son club de Rosenborg, laisse un sentiment mitigé autour de son passage à l’ASSE. Lors de cette demi-saison, il ne marque qu’à deux reprises en championnat.
En 2016-2017, pas de changement majeur au niveau de l’attaque verte. Robert Beric revient doucement de sa blessure et signe 6 buts en championnat, juste derrière Romain Hamouma, meilleur stéphanois dans l’exercice avec seulement 7 buts. Nolan Roux confirme sa fébrilité devant le but avec 4 buts en Ligue 1, pire pour Søderlund qui ne marque qu’une fois. Les verts terminent à une décevante 9e place, avec seulement 41 buts en 38 rencontres.
La désillusion Diony
Sans Europa League, les verts veulent se reconstruire et les dirigeants mettent le club entre les mains d’Oscar Garcia. La priorité du mercato est placée sur l’attaquant de pointe, un attaquant capable de dépasser la barre des 10 buts en championnats, ce qui n’est pas arrivé depuis Erdinç en 2013-2014. Exit Roux et Maupay, Loïs Diony débarque dans le Forez, devenant la recrue la plus chère de l’histoire de l’ASSE (10 millions d’euros avec bonus).
L’ancien dijonnais déçoit, et c’est peu de le dire. Malgré 16 apparitions, il n’arrive pas à ouvrir son compteur et ne réalise qu’une passe décisive. L’attaquant ne rentre pas dans les plans de Jean-Louis Gasset, nommé entraîneur principal de l’ASSE en décembre 2017. Diony est alors prêté à Bristol City (D2 Anglaise), où il ne parvient pas non-plus à marquer, saison blanche.
Ère Gasset, un second souffle pour l'attaque verte
Gasset fait alors revenir Robert Beric, prêté à Anderlecht depuis le début de la saison. Le slovène va réussir à décomplexer l’attaque stéphanoise jusqu’à la fin de la saison. Il inscrit 7 buts en seulement une demi-saison. Malgré un début de saison catastrophique, les verts arrivent à se hisser à la 7e place, à quelques points de la qualification en Europa League.
La saison 2018-2019 marque l’arrivée de Wahbi Khazri à l’ASSE. Le tunisien peut évoluer à quasiment tous les postes offensifs et notamment au poste d’avant-centre (en faux-neuf), il finit meilleur buteur des verts avec 13 buts en L1. Beric n’a pas forcément les faveurs de Gasset et peine à trouver du temps de jeu malgré des sorties correctes. Avec peu de titularisations et quelques blessures, le slovène inscrit tout de même 9 buts en championnat, avec une moyenne d’un but toutes les 120 minutes. Diony, de son côté, tente de reprendre confiance et parvient à marquer 5 buts dans l’exercice, ce qui reste encore décevant par rapport aux économies investies par le club.
Le bilan de la saison est plutôt convainquant sur le plan offensif, l’équipe comptabilise 59 buts en championnat, bien au-dessus des statistiques des années précédentes. Cependant, le club est touché au terme de la saison par le départ de son entraîneur Jean-Louis Gasset et de son directeur général Frédéric Paquet.
Fin du règne de Gasset, retour des doutes
Sans départs marquants, la saison 2019-2020 démarre avec deux renforts offensifs, Boudebouz et Bouanga. Le poste d’avant-centre est alors réservé à quatre candidats : Beric, Abi, Khazri et Diony. Or, depuis le début de la saison, les verts peinent à se montrer dangereux offensivement.
Beric n’a convaincu ni Printant, ni Puel, et a été poussé vers la sortie lors du mercato hivernal. Le jeune Abi n’arrive pas à s’imposer et ne semble pas encore avoir le niveau d’évoluer en Ligue 1. Diony n’a inscrit qu’un pauvre but depuis le début de la saison et ne semble pas avoir la carrure pour être l’avant-centre d’une équipe aux ambitions européennes. Pour finir, Khazri n’arrive plus, ou presque, à marquer. Manque de réalisme et enchaînement des blessures, le tunisien n’arrive pas à faire la différence.
L’état des lieux étant fait, nous tenterons, dans la deuxième partie du dossier, de trouver le pourquoi du comment : les raisons de cette inefficacité, la question du recrutement, l’utilisation des avant-centres dans le système stéphanois… Nous essayerons aussi de proposer des solutions pour le futur, qui et comment. N’hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires.