28 mars 2024
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Dossier : L'ASSE à l'aube d'une saison charnière, peut-être galère mais certainement enthousiasmante !

Adil AOUCHICHE of Saint Etienne before the pre season friendly match between Rennes and Saint Etienne at Roazhon Park on August 12, 2020 in Rennes, France. (Photo by Baptiste Fernandez/Icon Sport) - Roazhon Park - Rennes (France)

Être supporter n'empêche pas de rester lucide. On aime nos Verts à la folie, et pourtant, il faut certainement se résoudre à vivre une saison qui devrait accoucher d'un classement modeste, entre la 16ème et la 8ème place. Claude Puel a décidé de déconstruire pour rebâtir, et tout comme Rome, l'ASSE de demain ne se fera ni en un jour, ni en une saison. Analyse.

Sans les opposer, Jean-Louis Gasset et Claude Puel sont aux antipodes l'un de l'autre quant aux missions qui leur ont été allouées. Si le premier a dû faire dans l'urgence pour sauver le soldat ASSE et bénéficié d'une enveloppe exceptionnelle qui lui a permis d'attirer quelques vieux loups de mer comme Debuchy, Subotic, Khazri ou M'Vila, le second a pour mission de maintenir le club et le relancer en s'appuyant sur sa jeunesse. Exit donc les vieux loups de mer, quitte à les mettre de côté malgré leur apport sportif. Côté enveloppe, aucune marge de manoeuvre, il faut non seulement faire fondre la masse salariale mais également recruter quasi gratuit et très malin. 

Une ASSE sans le sou...

Claude Puel l'a d'ailleurs rappelé hier dans une interview accordée au Progrès en expliquant qu'il a "la volonté d’améliorer [le groupe] avec deux ou trois joueurs maximum mais ça ne sera peut-être pas possible par ce que le groupe est très important et qu’on a aucune manne financière pour pouvoir faire des investissements. C’est très clair là-dessus. Si on ne réduit pas la masse salariale, le groupe… J’en ai pris note depuis un moment."

Une ASSE sans le sou qui a pourtant réussi un joli petit coup au nez et à la barbe du PSG. Comme nous vous l'annoncions en exclusivité en mai dernier, Adil Aouchiche a signé au club et confirmé l'attractivité de St-Etienne pour un jeune joueur en devenir qui était très convoité sur la scène européenne. Son arrivée valide également la capacité qu'a Claude Puel à tenir un discours convaincant auprès de joueurs possédant une grosse marge de progression.

Pour recruter malin il faut également avoir les yeux partout et voir en certains joueurs ce que d'autres recruteurs ne détectent pas. C'est ainsi que Puel est allé dégoter du côté du Portugal un Yvan Neyou Youpa dont personne ne se préoccupait vraiment. Le pari semble osé sportivement mais absolument sans conséquence financièrement. Au pire, dans un an il retournera du côté de Braga si le staff estime qu'il n'a pas le niveau pour poursuivre son aventure en Vert puisque le camerounais de 23 ans n'est que prêté avec option d'achat.

L'ASSE redevient dépendante de son centre de formation

Jean-Philippe Krasso est un autre exemple de recrutement malin et inspiré. En provenance d'Epinal où il a brillé lors de la campagne de coupe de France, le buteur a vécu un début de carrière tortueux. Si l'attaquant a su faire mouche lors de ses premières sorties, il marque toutefois le pas et semble laisser la voie ouverte à Charles Abi issu du centre de formation.

Un centre de formation qui prend sous la direction de Claude Puel toute son importance. La dernière fois que L'Etrat a massivement fourni l'équipe professionnelle, c'était au milieu des années 90 après le passage de Jean-Michel Larqué et de son projet XXL pour les finances Vertes. Grégory Coupet, Sébastien Pérez, Fabrice Manucci, Lionel Potillon, Willy Sagnol et autres Pierre Bastou et Bibiche Aulanier composaient alors l'effectif de stéphanois en pleine reconstruction. A l'époque, les Verts dont les caisses étaient vides espéraient, sous les ordres d'Elie Baup, se sauver d'une relégation qui ponctuera finalement la saison 1995/1996.

Claude Puel arrive sur un matelas financier quasi équivalent mais possède quelques leviers. Tout d'abord celui de vendre les joueurs possédant les plus gros salaires afin de faire fondre la masse salariale. Les joueurs les plus coûteux ont donc été invités à partir et concrétiser les touches que certains ont avec d'autres clubs. Ils n'ont toutefois pas été exclus du groupe professionnel et ne sont pas des pestiférés au club comme l'a rappelé le manager général de l'ASSE hier dans les colonnes du Progrès en indiquant qu'il n'était " [...] pas là pour chasser les joueurs. Ils sont sous contrat et on les respecte."

Il serait toutefois bien perçu qu'ils s'en aillent rapidement. Jean-Louis Gasset a certes sauvé le club en 2018, mais il l'a également marqué au fer rouge en ce qui concerne les dépenses. Alors que le salary cap était de rigueur, ne permettant à aucun joueur d'émarger au-delà de 90 000 euros par mois hors primes, Gasset a fait venir des cadres pour le double (voire davantage), hors primes également. Une folie financière qui a toutefois permis aux Verts de se maintenir dans l'élite. L'urgence a un prix que le club paye encore.

Puel ne rénove pas, il rase et rebâtit !

En facilitant le départ de Khazri, Boudebouz, M'Vila, Diony, Trauco, Silva ou encore Ruffier, Claude Puel veut également tourner l'onéreuse page Gasset. Dans cette liste, seul Ryad Boudebouz apparaît comme une victime collatérale de cette politique de départs provoqués. Le meneur de jeu a montré des signes encourageants de progression en fin de saison dernière et semblait sur une belle dynamique lors de la campagne de matches amicaux. Son seul défaut, un salaire devenu trop lourd pour les finances des Verts. L'ancien montpellierain n'est toutefois pas encore parti et pourrait encore porter la tunique verte cette saison malgré le peu de marge de manoeuvre sportive que lui laisse Puel.

Pour M'Vila, Khazri et les autres c'est un peu différent. Si M'Vila semble davantage en jambes et affûté, son apport sportif laisse le staff sur sa faim. C'est encore pire pour Wahbi Khazri qui ne marque plus et dont le niveau de jeu est devenu aussi critiquable que son hygiène de vie. Pour les autres, il y a longtemps qu'ils ne convainquent plus. Le cas Ruffier est à part, malgré un dernier communiqué envoyé à son entraîneur par voie d'avocat (!), il s'est mis hors-jeu tout seul et devra donc trouver un club ou bien s'entraîner avec la N2 durant toute la saison.

Puel ne cherche donc pas à rénover l'ancien mais souhaite raser les vieilles fondations. Exit le directeur du recrutement, David Wantier. Exit Fabrice Grange, le mentor de Stéphane Ruffier qui avait en coulisse montré son désaccord au moment de titulariser Jessy Moulin. Une stratégie qui vaut à Piel d'être critiqué par de nombreux observateurs mais également au sein du club. Toutefois, les déçus de cette nouvelle ligne directrice semblent de moins en moins influents en interne. 

Une fois la place libre et réaménagée, Puel va pouvoir travailler à installer son projet pour les Verts. Ce sera long, douloureux et peut-être même angoissant. Cette jeune génération encadrée par quelques vieux grognards sera-t-elle à la hauteur ? Le manager général stéphanois semble optimiste et loue les qualités humaines de ses hommes comme il l'expliquait hier dans le Progrès. Il apprécie "l’état d’esprit général du groupe, ceux qui sont ici (au stage de Dinard, NDLR), ceux qui ne sont pas ici aussi. L’objectif est d’alimenter ce courant et, malgré tout, il faut avancer, parce qu’il faut définir un groupe. Il y a aussi la satisfaction de ce que l’on perçoit en termes de qualité. Et il y en a. C’est un groupe qui va être jeune, talentueux. Le but sera de trouver de la régularité dans les performances et les résultats. C’est le challenge mais, vraiment, il y a des possibilités. Ce sont des gamins qui vivent bien ensemble."

Enthousiasmant comme discours, mais ce dernier est-il le fruit de l'oeil averti d'un technicien qui n'a pas à faire ses preuves concernant sa capacité à faire éclore de jeunes talent ou bien d'une méthode Coué ayant pour but de rassurer ses hommes comme les supporters ? Difficile d'y voir clair. Après le match amical remporté face aux Girondins (4-2), nous aurions parié sur un groupe pétri de talent et capable de créer la surprise cette saison. Cependant, Rennes et Angers sont passés par là et les Verts ont encaissé 4 buts sans en rendre un seul. Alarmant ? Pas davantage que les succès face à Nice (4-1) et Bordeaux devaient pousser les supporters à verser dans l'optimisme. 

Finalement, cette campagne de matchs amicaux de préparation est peut-être à l'image de ce que sera la saison des Verts. Irrégulière, faite de hauts et de bas, parfois séduisante et tantôt inquiétante. Un parcours inhérent à la jeunesse de l'effectif. Les supporters doivent ainsi s'attendre à vivre une saison charnière. Il faudra peu pour qu'elle verse même dans l'année galère. Une mauvaise série, une cascade de blessures, des faits de match qui ne tournent pas à l'avantage des Verts... Il faut s'attendre à tout. Churchill promettait du sang et des larmes... Nous n'irons pas jusqu'à le paraphraser. Toutefois, les Aouchiche, Youssouf, Abi, Fofana, Mouffek ou encore Gourna-Duath ne sauront rivaliser durant 38 journées avec les plus grandes équipes de L1. Claude Puel reconstruit et il lui faudra du temps, celui qu'on ne laisse finalement jamais à un entraîneur au moment de redémarrer un cycle. Geoffroy Guichard devra se montrer patient, très patient. Ne pas siffler les jeunes pousses mais les encourager, tout le temps, quel que soit l'adversaire, le score, l'enjeu... Nous ne craignons pas notre public qui connaît le football, la galère mais également les folles épopées. Nous craignons davantage la pression médiatique, les ragots de journaleux et le spectre des exclus de ce projet que seuls les résultats valideront...

Crédit photo : Icon Sport

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