18 avril 2024
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Dossier : Faut-il encore croire au projet soutenu par Claude Puel ?

Claude PUEL coach of Saint Etienne during a press conference ahead of the 2020 Final French Cup match at Stade de France on July 23, 2020 in Paris, France. (Photo by Anthony Dibon/Icon Sport) - Stade de France - Paris (France)

Les rencontres se suivent et les résultats se ressemblent. Après une 7ème défaite de rang, l'ASSE pourrait tomber à la 17ème place du classement en ce dimanche. Inquiétant. De quoi remettre en cause le projet de Claude Puel ? Nous tentons de répondre.

Horrible, honteux, inadmissible... Quelques mots qui ont pu nous traverser l'esprit à la fin de la rencontre jouée contre Brest hier après-midi et qui s'est soldée par la septième défaite de rang d'une ASSE aux abois dans cette Ligue 1 pourtant réputée si faible... Ce soir, les Verts pourraient descendre à la 17ème position du classement si Reims ou Nîmes et Lorient s'imposent aujourd'hui. De quoi tirer la sonnette d'alarme ? Elle l'est déjà ! Depuis plusieurs semaines St-Etienne vit en assistance respiratoire. Est-ce le projet Puel qui est à remettre en cause ou bien les Verts traversent-ils une crise qui était inéluctable ? 

Claude Puel est victime d'un héritage en trompe-l'œil !

Jean-Louis Gasset avait remis les Verts sur pieds en 2018. Arrivé fin décembre 2017, son mercato hivernal avait permis aux stéphanois de repartir de l'avant après un début de saison catastrophique sous la houlette d'Oscar Garcia puis Julien Sablé. Cette crise avait eu pour conséquence de mettre un terme au fameux salary-cap qui faisait la fierté du club ! Pas plus de 90 000 euros de salaire et le reste en primes liées aux résultats. Avec les arrivées de Subotic, Debuchy, M'Vila puis Khazri ou encore Cabella, les dirigeants ont fait exploser la masse salariale d'un club qui a fini par vivre au-dessus de ses moyens. L'explosion des dépenses combinée à des recettes qui ne décollent pas a réduit la capacité du club à pouvoir investir sur les mercatos. A l'été 2019, Ghislain Printant a reçu les clés d'un camion rutilant, dont il était jusque là le co-pilote, mais qu'il n'a finalement pas réussi à mener à bon port... A cette époque, que ce soit Garcia, Gasset ou Printant, chacun a mené sa barque dans l'insouciance de la santé financière de l'ASSE. Pour avoir des résultats il leur fallait du talent sur le terrain, et donc de l'argent dans les caisses.

C'est cette triste réalité qui a explosé à la figure des dirigeants, condamnés à obtenir des résultats pour continuer à mener un train de vie dispendieux. Le problème est qu'à la même époque, Gasset avait installé une gestion d'équipe à double tranchant en créant une bulle humaine et sportive dans laquelle les joueurs étaient comme des coqs en pâte mais le rendaient bien à leur coach. Ghislain Printant connaissait la recette, mais n'est pas grand chef qui veut ! Un manque de charisme évident doublé d'approximations dans sa gestion sportive ont rapidement conforté les gros salaires à se lover dans un confort incompatible avec la performance. L'équation était simple : de gros salaires touchés par des sénateurs et des résultats catastrophiques. Impossible à soutenir pour la trésorerie stéphanoise.

Arrive alors un Claude Puel, pas comme entraîneur mais comme manager général ! On l'oublie trop souvent. Il est le premier entraîneur à réellement connaître et assumer des responsabilités sur le plan financier. Ainsi, ne comptons pas sur lui pour lancer des piques aux présidents en expliquant qu'il lui faut plus de moyens. De l'argent, il n'y en a pas ou si peu. Et ce n'est pas la crise sanitaire doublée à l'imbroglio Mediapro qui arrangent les choses. Les ventes de Saliba, Fofana, Honorat...? Elles servent tranquillement à faire tourner un club qui pourrait mettre la clé sous la porte sans ces bouffées d'oxygène. N'oublions pas non plus que cet argent n'est pas sur les comptes. Les paiements se font en plusieurs tranches et habituellement sur plusieurs saisons. La priorité de Claude Puel a ainsi été de vendre les plus gros salaires afin de repartir avec une base financière saine. Il a réussi en partie son pari. Restent encore des joueurs comme Khazri (210 000), Boudebouz (190 000) ou Ruffier (180 000) qui plombent les finances d'un club au sein duquel un joueur comme Maçon ne touche que 4200 euros par mois... La masse salariale est annuellement de 25 millions d'euros. Avec le départ des trois plus gros salaires, elle tomberait à 18 millions d'euros. Voilà déjà 7 millions de gagnés pour le mercato... 

Une gestion en bon père (Fouettard) de famille...

Mais il n'y a qu'à faire jouer ces gros salaires puisqu'on les paye ! C'est en tout cas ce qui est reproché à Claude Puel depuis sa prise de fonction, à savoir s'être coupé des "anciens" ou des "cadres". Le coach stéphanois a travaillé très simplement et comme tout chef d'entreprise : il a regardé le rendement de son salarié et il l'a comparé au salaire qu'il lui versait. De là, il en a tiré des conclusions. M'Vila, dont on louait la passe "Ligue des Champions" dont il nous a gratifié pendant 6 mois seulement, est parti du côté de la Grèce. D'autres ne coûtant pas cher mais rapportant rien comme Dioussé, la trouvaille transparente de David Wantier ont été prêtés, tout comme Katranis et quelques jeunes. Lorsqu'il a fallu vendre Honorat, le club avait-il le choix ? Claude Puel souhaitait-il vraiment s'en séparer ? Oui et non. L'ailier n'était pas un pilier de l'équipe et Brest en proposait 5 millions d'euros. De quoi entretenir Ruffier et Khazri pour leur dernière année de contrat... Le premier que tout le monde réclame ne rejouera plus sous le maillot Vert. C'est son choix, pas celui de Puel, tout comme c'était son choix de ne plus rallier l'équipe de France, pas celui de Deschamps. A vouloir imposer ses conditions, Ruffier n'a pensé qu'à sa pomme sans se soucier du collectif. Habituel... Ainsi, il vit paisiblement une pré-retraite à 180 000 euros par mois. Ne lui reprochons pas ce salaire, il n'a fait que signer un contrat validé par les présidents. Quant à Wahbi Khazri, voilà un joueur qui n'a plus marqué un but depuis l'ère glaciaire et qui touche à lui seul les salaires de Moueffek, Maçon, Bajic, Camara, Neyou, Nordin, Youssouf, Hamouma et Silva réunis ! Qui peut aujourd'hui reprocher à Puel de vouloir le vendre ? Qui peut reprocher à Claude Puel de souhaiter se séparer de joueurs qui ne montrent plus rien depuis des mois, et ce bien avant son arrivée ?

Au final, des économies ont été faites et des achats "low cost" sont venus remplumer un effectif en mal d'expérience et de talents. Les révélations du début de saison coûtent seulement 16 000 euros de salaire... Maçon (blessé) et Neyou n'ont rien coûté (ou presque) et ne pèsent rien dans la masse salariale. Claude Puel ne réussira pas ces coups à chaque mercato.

Passé cette partie financière, il est temps de parler du sportif. Toutefois, nous observons que les deux sont bien évidemment liés. A la folie estivale s'est substitué le spleen automnal. Les jeunes sont des... jeunes, à savoir des joueurs qui doivent apprendre, souffler, être introduits dans l'équipe à doses homéopathiques... Mais pour toutes les raisons précédemment citées, ils jouent et sont devenus les piliers d'une équipe où seuls Debuchy, Hamouma, Bouanga et Kolodziejczak ont survécu au plan social de départs volontaires ! Et encore, le dernier cité a été acheté 4,5 millions d'euros par l'opération automatique d'une option d'achat subtilement négociée par... David Wantier. 

Interdiction de se tromper lors du mercato hivernal !

Ainsi, les jeunes apprennent dans le dur et les anciens sur lesquels Puel compte pour encadrer cette juvénile troupe rendent des copies parfois très insuffisantes. Outre Debuchy blessé pendant 7 journées de championnat et Hamouma, Bouanga inefficace et Kolodziejczak hors du coup sont aujourd'hui des déceptions. 

De quoi remettre en cause le projet de Claude Puel ? Notre réponse est non ! Pas que la situation actuelle nous plaise, juste parce que le club n'a pas de plan B, et Claude Puel avec... Sans le sou, nous allons devoir nous en sortir avec les moyens du bord. Le tournant sera toutefois le mercato hivernal au cours duquel il faut souhaiter les départs de Khazri, Ruffier et Kolodziejczak voir Boudebouz s'il ne se montre pas d'ici-là. A cela, il faudra recruter et bien recruter ! Malin mais efficace. Ainsi, l'arrivée d'un défenseur central est indispensable. William Saliba est en pôle position et devrait encore alimenter la rubrique mercato dans quelques semaines. Il faut également se doter d'une vraie pointe. Il y a beaucoup de rumeurs actuellement, mais il est indispensable d'attirer un joueur roué aux joutes des championnats de haut-niveau. Exit les paris tels que Krasso ! N'éludons pas le poste de gardien de but. Moulin est victime d'une défense catastrophique et peut toutefois se refaire la cerise avec de vrais attitudes défensives devant lui. Il était trop simple de trouver des circonstances atténuantes à Ruffier quand ça allait moins bien en prétextant une mauvaise défense et de ne pas permettre à Moulin de brandir la même excuse. Toutefois, le chantier du gardien, s'il n'est pas réglé en janvier (et il ne le sera pas !), devra l'être en juin.

L'avenir s'annonce inquiétant, stressant et la saison pourrait accoucher d'une catastrophique descente en L2. Ne soyons pas dupes ou aveugles, cette équipe n'a qu'un potentiel, pas encore le niveau de la L1. Certains dont on attend beaucoup n'ont pas été performants en N3 l'an passé voire même pas titulaires (Sissoko)... Puel est manager général, pas magicien. A ceux qui expliquent que c'est son projet nous répondons qu'il règle surtout la note des projets précédents et qu'il s'attache à effectuer le sale travail ! Doit-on lui lancer la pierre pour cela ? Préférons-nous aujourd'hui être 6ème avec le spectre de la DNCG ou bien 17ème avec un espoir de maintien et une santé financière assurée ? Comme certains diraient, "la question elle est vite répondue"...

Crédit photo : Icon Sport

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