29 mars 2024
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Anthony Mounier revient sur ses quelques jours en Vert : E-DI-FIANT !

Loin de nos habitudes, nous avons décidé de reprendre intégralement l'interview d'Anthony Mounier parue ce matin dans l'Equipe. Seulement parce qu'elle est édifiante et met en lumière la bêtise et la folie d'une minorité de supporters stéphanois. Nous ne commenterons pas plus... Tout est dit !

"Je suis un habitué des transferts dans les derniers jours du mercato, mais c’est vrai que la situation était inédite, un peu stressante. Soit je restais à Sainté sans jouer, soit je trouvais un autre club parce que je pense que Bologne ne m’aurait pas repris. Mes conseillers ont vraiment fait du bon boulot. Mais c’est vrai que certaines nuits ont été très, très courtes.

Je ne me rappelais même plus de cette vidéo ! J’avais vingt-deux ans, je jouais à Nice en plus. C’était une joie après un but (“Je baise les Verts”), après quatre-vingt-dix minutes d’efforts. À l’époque, on était mal au classement. J’avais simplement exulté avec l’adrénaline. Après, il y a des interviews qui m’ont été reprochées, notamment celle de ma non-venue à Saint- Étienne (été 2015). J’étais un peu remonté contre le club parce que je devais signer, tout était calé et je n’avais finalement plus eu de nouvelles. J’étais prêt à m’expliquer sur tous ces épisodes. Quand je suis descendu de l’avion, en arrivant à Saint- Étienne, j’ai effectivement commencé à recevoir plein de photos. C’était les banderoles. Je me suis dit que ça allait être chaud. Mais la direction pensait pouvoir gérer ça. 

J’ai entendu dire que certains joueurs auraient refusé de me serrer la main, c’est complètement faux. J’ai même dîné avec certains d’entre eux en ville le vendredi soir, à Toulouse (où l'ASSE était en stage). Et quand c’était fini, j’ai même échangé des messages avec le capitaine, Loïc Perrin, et Jessy Moulin. Je les ai remerciés pour leur accueil.

On a réfléchi à des solutions quitte à ce que je dorme au centre de formation pendant quatre-cinq mois, c’est vrai, quitteà ce qu’une personne de la sécurité soit avec moi au quotidien. J’étais prêt à rester tout seul, à faire des allers-retours pour voir ma famille. Parce que, dans ces conditions-là, c’était sûr, je laissais ma femme et mes enfants en Italie. Si ça restait dans le cadre sportif, entre les sifflets ou les insultes, j’aurais pu le supporter.

Quand j’ai vu Jessy Moulin, que je connais depuis tant d’années, s’embrouiller avec les supporters à Toulouse, à l’échauffement. Parce que lui, c’est un pur Stéphanois, il est au club depuis 1999 je crois. Mais, même lui, il n’a pas été écouté. Il a demandé aux supporters de me laisser au moins une chance, de voir si je mouillais le maillot. Ils ne voulaient rien entendre. J’avais rejoint le groupe à Toulouse, le vendredi. Le lendemain, après le dîner, vers 22 h 20, le team manager m’appelle et me dit que le coach veut me voir. J’arrive, il y a Christophe Galtier, Dominique Rocheteau (coordinateur sportif) et Roland Romeyer (président du directoire) dans la pièce. Le président me dit : “On a rencontré les supporters, on pensait pouvoir les raisonner mais on avait en face de nous des gens qui ne voulaient rien savoir.” Il était hors de question pour certains d’entre eux que je porte le maillot vert. Il fallait trouver une solution en urgence. Il ne me restait plus que deux jours pour trouver un autre point de chute. Sachant que j’avais refusé d’autres clubs pour venir à Sainté…

Si j’avais fait du tennis, un sport individuel, j’aurais pu encaisser les critiques, les insultes. Mais là, c’est un sport d’équipe et je n’avais pas envie de devenir un poids pour tout le monde. J’ai demandé à ne pas aller au match, ça ne servait à rien parce que, si les gens m’avaient vu en civil, ils auraient commencé à se poser des questions. Et si les supporters avaient commencé à m’insulter, les caméras auraient été braquées sur moi en tribune. Ça aurait pu être vécu comme une provocation de me voir assis à côté du président et de Dominique Rocheteau.

Je n’ai pas eu le temps. Je ne suis même pas resté vingt-quatre heures à Saint- Étienne finalement. Je suis arrivé le jeudi soir, j’ai passé la visite médicale le lendemain matin, j’ai fait la conférence de presse et j’ai rejoint le groupe à Toulouse. J’ai commencé à réaliser ensuite quand on m’a rapporté le déferlement de haine sur les réseaux sociaux.

Je n'ai pas reçu de menaces de mort personnellement, mais des phrases m’ont été rapportées. C’était plus du domaine de l’intimidation. Elles sont réelles et elles faisaient quand même vraiment peur. Un mec a dit au président qu'il était marié, avec enfants, mais que ça ne lui poserait pas de souci, s'il me croisait, de me démonter et qu'il était prêt à faire cinq ou six mois de prison, pas de problème ! C’est vraiment allé loin. J’avais demandé au président de les rencontrer pour essayer d’apaiser les choses. Parce qu’ils me reprochaient mes déclarations, pas le fait d’avoir été formé à Lyon, je crois d’ailleurs que j’aurais été le quarante deuxième joueur de l’histoire à avoir joué dans les deux clubs.

J’ai été extrêmement bien entouré. Tous les gens du club m’ont super bien accueilli, ceux que j’ai croisé quelques minutes comme ceux avec lesquels j’ai passé plusieurs heures. Je suis tombé sur des personnes extraordinaires, qui se sont pliées en quatre pour moi, pour trouver une école pour mon fils, pour me trouver une maison. Maintenant, je veux simplement rejouer au foot normalement avec Bergame."

Source : L'Equipe

 

 

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