7 novembre 1979
ASSE-PSV Eindhoven 6-0
Un exploit pour un match dâanthologie
UNE VIEILLE CONNAISSANCE
Le tirage au sort des 1/16e de finale de la coupe UEFA 1979-80 offre une nouvelle fois le PSV Eindhoven comme adversaire pour lâASSE. Câest la 3e fois que les 2 Ă©quipes sâaffrontent en coupe dâEurope. Les deux premiĂšres fois câĂ©tait en coupe dâEurope des clubs champions. Au printemps 1976, les Verts avaient Ă©liminĂ© les Hollandais en demi-finale (1-0 et 0-0). A lâautomne 1976, câĂ©tait en 1/8e de finale que les Bataves ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©s. Toujours sur le mĂȘme score (1-0 et 0-0). En 6 heures de jeu, grĂące Ă un Ivan Curkovic Ă©tincelant et Ă une dĂ©fense intraitable, le PSV nâa pas rĂ©ussi Ă marquer le moindre but.
Mais cette fois-ci, la donne est un diffĂ©rente. Tout dâabord, Eindhoven est le tenant du titre de la compĂ©tition. Il a battu, on sâen souvient, la vaillante Ă©quipe de Bastia lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente en finale oĂč figuraient dĂ©jĂ Jean-François Larios et Johnny Rep qui jouent dĂ©sormais pour lâASSE.
Surtout au match aller, les Verts ont subi la loi des Hollandais qui ont marquĂ© deux buts sans que les StĂ©phanois ne puissent rĂ©agir (0-2). Ce match sâest disputĂ© dans une ambiance dĂ©lĂ©tĂšre avec un entraĂźneur nĂ©erlandais, Kees Rijvers (que les StĂ©phanois connaissent bien puisquâil a jouĂ© Ă lâASSE dans les 1950-60), qui a annoncĂ© 5 joueurs blessĂ©s qui Ă©taient pourtant tous prĂ©sents au coup dâenvoi. Les joueurs locaux ont distribuĂ© les coups en toute impunitĂ© avec un arbitre SuĂ©dois qui a trop fermĂ© les yeux sur les agressions du PSV notamment sur Johnny Rep qui a reçu un traitement spĂ©cial car, en tant quâancien joueur de lâAjax Amsterdam, il Ă©tait considĂ©rĂ© comme un traitre. Pour couronner le tout, le premier but Ă©tait hors-jeu. Les StĂ©phanois sont donc animĂ©s dâun esprit de revanche sur lequel Robert Herbin compte capitaliser pour renverser la tendance au match retour Ă Geoffroy-Guichard.
Au match aller, face au PSV Eindhoven, Johnny Rep, le « traitre », a reçu un traitement musclé
UNE PREPARATION MINITIEUSE ET UN COUP DE POKER
Pour le match retour, Dominique Rocheteau est blessĂ©, donc forfait. Il se rendra au stade en bĂ©quilles. Toutefois, les Verts ont dâautres solutions que lâentraĂźneur compte bien mettre en place et il a dĂ©cidĂ© dâĂȘtre innovant. Dans un premier temps, Jean-François Larios occupera le poste dâavant-centre en alternance avec Michel Platini. Par ailleurs, Jacques Santini et Thierry Oleksiak se partageront le poste de stoppeur afin de verrouiller le cĆur du jeu et rendre le PSV inoffensif. La titularisation dâOleksiak (fils de Jean Oleksiak champion de France avec lâASSE en 1957) est une vĂ©ritable surprise. Il nâa encore jamais jouĂ© avec les professionnels mais Herbin le croit capable de contrĂŽler le stratĂšge adverse, Van der Kuylen, capitaine et dĂ©positaire du jeu dâEindhoven.
Pour terminer, certains joueurs auront des numĂ©ros fantaisistes dans le dos de leur maillot. Jacques Santini aura le numĂ©ro 10, Platini le 6, Jean-Marie Elie le 7, Jacques Zimako le 8 et Larios le 9. Mais ce nâest pas tout : les joueurs joueront quelques instants au poste correspondant Ă leur maillot. CâĂ©tait une tactique gĂ©niale qui a complĂštement dĂ©sorientĂ© les Hollandais qui ont Ă©voluĂ© en fonction des positions originales des StĂ©phanois. Le temps de comprendre quâils se sont fourvoyĂ©s, il Ă©tait dĂ©jĂ trop tard.
LâEquipe de lâAS Saint-Etienne contre le PSV Eindhoven prĂȘte pour lâexploit
5 MINUTES DE FOLIE
Les NĂ©erlandais ne comprennent plus rien. Ils sont dĂ©munis face aux permutations des joueurs locaux quâils nâarrivent pas Ă contenir. Câest tout dâabord Larios, Ă la suite dâune contre-attaque Ă©clair et face Ă une dĂ©fense aux abois, qui marque le premier but sur un tir Ă ras du poteau gauche de Van Beveren aprĂšs seulement 2 minutes de jeu 1-0. Platini double la mise aprĂšs une cafouillage dans la surface de rĂ©paration, les Hollandais Ă©tant dans lâimpossibilitĂ© de dĂ©gager le ballon 2-0. Le match a commencĂ© depuis seulement 3 minutes et les Verts ont dĂ©jĂ fait leur retard. Et ce nâest pas fini : Jacques Santini inscrit un troisiĂšme but dâune frappe limpide aux abords de la surface de rĂ©paration Ă la 5e minute 3-0. Van Beveren, considĂ©rĂ© comme lâun des meilleurs gardiens du monde, est dĂ©jĂ allĂ© cherchĂ© trois fois le ballon au fond de ses filets en moins de cinq minutes de jeu. Du jamais vu Ă Geoffroy-Guichard.
Le premier but de lâASSE par Jean-François Larios
Les Hollandais ne se remettront jamais de cette leçon de tactique et de football. En deuxiĂšme mi-temps, alors que Platini avait demandĂ© Ă sortir, un peu diminuĂ©, son Ă©quipe obtient un coup-franc dangereux Ă la 58e minute. Il ne se fait pas prier pour le convertir optant pour le cĂŽtĂ© gauche du gardien nĂ©erlandais, le mĂȘme cĂŽtĂ© quâil choisira contre ce mĂȘme gardien en 1981 face Ă aux Pays-Bas pour qualifier lâĂ©quipe de France pour la coupe du monde 1982 4-0. Le match est pliĂ© et les Verts ajouteront deux nouveaux buts en toute fin de match ; le premier Ă la 89e minute par Laurent Roussey qui a remplacĂ© Platini, 5-0. Le jeune attaquant semblait ĂȘtre revenu en pleine possession de ses moyens aprĂšs une longue dâabsence de presquâun an consĂ©cutive Ă une blessure qui a nĂ©cessitĂ© une opĂ©ration et une longue rééducation. Le sixiĂšme but est lâĆuvre de Johnny Rep sur penalty Ă la 90e minute sur lequel il se fait justice lui-mĂȘme 6-0. Tout un symbole !
Le 5e but de lâASSE par Laurent Roussey
Les 38 000 spectateurs prĂ©sents ont assistĂ© Ă un match dâanthologie. De par son scĂ©nario, certainement la victoire la plus extraordinaire de lâhistoire de lâAS Saint-Etienne !
Le résumé du match avec notre partenaire ASSE Memories :
Article Rédigé par Albert Pilia