Matthieu Rostac, spécialiste du football néerlandais et journaliste pour SoFoot nous a très gentiment brossé le portrait du nouvel ailier de l'ASSE : Oussama Tannane. Finalement, on en sait peu sur le bonhomme, et beaucoup doivent se demander comment l'ASSE a fini par se pencher sur son profil. Christophe Galtier, sensible à la personnalité de ses joueurs a-t-il pris un risque en faisant venir ce fort tempérament ? Matthieu Rostac nous raconte l'éclosion du jeune marocain et nous donne son avis sur ses premiers pas en Vert !
"Selon moi, Oussama Tannane à l'ASSE, c'est une double surprise. La première, c'est que le joueur s'est révélé il y a peu, finalement. Avant qu'il claque son quadruplé contre Cambuur en août dernier, pas grand monde savait qui était Tannane aux Pays-Bas. En termes d'espoir, ça fait des années qu'on parle d'El Ghazi, de Ziyech, de Zivkovic, de Kishna, de Maher, de Narsingh. Mais lui... On s'y attendait pas. Les seuls qui pouvaient éventuellement se douter d'un truc, c'est le Heracles Almelo et plus précisément son coach, John Stegeman. Après être passé par divers centres de formation avec lesquels ça s'est pas forcément bien terminé (Ajax, Utrecht, PSV), puis Heerenveen où il a connu la même infortune en raison d'un comportement jugé pas toujours professionnel, Tannane s'est retrouvé dans le « petit » club de Heracles Almelo en 2013 à seulement 19 ans et on disait déjà que c'était pour lui « le club de la dernière chance ». C'est vite juger le gamin mais bon, c'est ce qui se disait aux Pays-Bas.
Tannane fait une première saison correcte sans être extrêmement décisif. En même temps, son équipe termine quatorzième d'Eredivisie et lui vient à peine de fêter ses vingt ans donc pas évident. Seconde saison, ça se passe moins bien, Tannane retombe dans ses travers de joueur au sang chaud et s'embrouille par deux fois avec ses coéquipiers à l'entraînement en février 2015. John Stegeman l'envoie alors se refroidir la tête en équipe B pendant quatre bons mois, le temps de régler ses petits soucis de comportement avec un psychologue. Le fait est que ça a payé, que le mec est revenu encore plus fort en août dernier et qu'il a roulé sur l'Eredivisie les deux premiers mois avant de se blesser. Avec Iliass Ben Hassani, il composait un duo d'ailiers imparable, insaisissable, incroyablement vif et si Heracles était quatrième d'Eredivisie quand Tannane a signé à l'ASSE, le club peut lui dire merci.
La seconde surprise, c'est clairement sa signature à l'ASSE. Parce qu'il y a en général peu d'intérêt de la part du championnat français pour le championnat néerlandais et ça s'explique par le fait que ce sont deux championnats bien éloignés : s'il y a bien une recherche tactique commune, l'Eredivisie c'est la cavalcade et les grands espaces quand la Ligue 1, c'est serré comme un café sur la Piazza Navona. Donc en principe, c'est compliqué pour un joueur issu du championnat néerlandais de se sentir à l'aise très vite en Ligue 1. Or là, Tannane a pris ses marques facilement et confirme son niveau entrevu en Eredivisie, ce qui confirme au passage une montée de régime pour lui. Certes, il y avait un trou à combler pour l'ASSE, Roux offrant pas les garanties nécessaires et Hamouma étant pété mais quand même, Tannane a l'air d'être comme un poisson dans l'eau à Saint-Étienne et en Ligue 1. Il apporte vitesse – une sacrée mobylette, le gonze – dribbles, qualité de passe et une vraie alternative quand il s'agit de frapper au but, de près comme de loin. Même s'il a une petite tendance à tricoter et à bouffer la feuille. Qui plus est, l'homme semble avoir fait la paix avec son tempérament de chaud bouillant, lui qui avait pour habitude de se prendre des cartons dispensables par le passé. Donc c'est une excellente pioche pour l'ASSE, encore plus quand on connaît le prix final d'achat de 3,5M€. Un cadeau de Saint-Nicolas, le mec."
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