Bernard Caiazzo a livré cette semaine une interview dans France Football où il explique que malgré la politique de "transferts malins" mise en place par l'ASSE et menée de main de maître par Christophe Galtier, le déficit structurel du club est chaque année de 8 à 10 millions d'euros. Voici l'analyse de Bernard Caiazzo : « Nous sommes obligés de combler chaque année un trou de 8 à 10 millions d’euros sur notre compte d’exploitation, comme beaucoup d’autres clubs français, assure le co-président des Verts, qui évoque les actionnaires à l’OL. C’est la grande différence avec nous. Tout comme MLD à l’OM, l’actionnariat de Lyon va combler le trou. Soit par abandon de créance, soit en remettant de l’argent, soit en faisant de la dette»
Combler c'est quoi ? Et bien combler c'est soit augmenter ses revenus en accueillant plus de spectateurs, en augmantant les prix (billets, produits dérivés...), en vendant plus de produits dérivés, en finissant à une meilleure place, en contractant plus ou de plus gros sponsors, en vendant des joueurs avec une plus-value...
Soit baisser ses dépenses en limitant l'effectif quantitativement ou qualitativement, en encadrant la masse salariale, en limitant le personnel qui travaille au club...
Au final, beaucoup de clubs essayent de faire les deux à la fois, ce qui parfois est contradictoire. A St-Etienne, on a cherché à faire des investissements pour économiser à long terme comme avec l'Etrat dont le club s'est porté acquéreur. Rarement le club a cherché à assommer les spectateurs avec une politique de billetterie onéreuse pour le supporter : le club n'a ni intérêt par rapport à son identité, ni les résultats pour justifier cette politique. Ainsi, une fois le salary cap mis en place, l'ASSE a un triple objectif extrêment compliqué : acheter des bons joueurs en leur vendant le projet sportif pour un salaire basé sur les primes, ne pas commettre d'erreur de casting et sortir des jeunes du centre de formation !
Pour attirer les joueurs, l'ASSE peut compter sur : ses résultats récents, la coupe d'Europe (quand elle y figure), le contexte passionné et l'image du stade et de ses supporters et le profil de l'entraîneur ! Et là on comprend mieux pourquoi Galtier ne doit pas partir : il est actuellement notre plus gros appât à joueurs français ! je dis français car seuls les grands entraîneurs sont capable d'attirer à l'international... Galtier jouit d'une belle réputation et possède un CV qui démontre sa capacité à propulser les joueurs peu reconnus sur la scène internationale (Zouma, Ghoulam, Aubameyang, Perrin, Matuidi... bientôt Tabanou ou Théophile-Catherine ?). Par conséquent, le club a tout intérêt à conserver son coach Galtier car il est acquis que quand un entraîneur de ce calibre part d'un club, ce dernier perd de l'argent ! C'est ce qu'expliquent François Meyssonnier et Myriam Mincheneau dans leur publication "Le contrôle de gestion des clubs de football professionnel". Ils rapportent ici les propos d'un DG de club professionnel : « Ce qui permet d’équilibrer les comptes, le signe de bonne gestion, c’est la pérennité. Il faut avoir une gestion sportive qui a un sens, cohérente dans la durée. A partir du moment où vous avez un départ de coach imprévu en fin de saison, vous mettez en péril le club. Nous, quand on a perdu beaucoup d’argent, c’était lié au départ du coach. »
L'autre objectif précédemment cité c'est d'éviter les erreurs de casting. Et c'est là que l'ASSE fait moins bien qu'avant. Si certains joueurs ont été de bonnes surprises parfois même inattendues comme Aubameyang ou même Pogba, il est clair que Monnet-Paquet, Van Wolswinkel (prêt payant), Corgnet, Baysse voire Tabanou qui se refait une santé mais qui a été acheté sur la base du marché des joueurs offensifs (5 millions !) sont des erreurs de casting qui coûtent cher au club. Plus le club fait d'erreurs de ce type, plus il creuse son déficit : équipe moins compétitive, moins de spectateurs, moins de droits TV, moins d'attractivité pour d'autres joueurs, démotivation... C'est là que Galtier fait encore une fois le boulot, car il est clair qu'avec le groupe dont il dispose actuellement, il fait des prouesses ! Toujours dans le document précédemment cité, un autre DG explique : « Gérer un club c’est facile. Ce qui est difficile c’est de le dimensionner. Le problème, ce sont les périodes de mercato où on est en danger. On peut se planter, acheter un joueur blessé … on a un joueur ici depuis 18 mois qui n’a jamais joué. C’est une erreur de gestion sportive qui coûte 1,5 millions ! »
Enfin, le centre de formation ! Tout le monde aura compris que former coûte moins cher qu'acheter ! La génération lyonnaise actuelle c'est l'équivalent d'un coffre de pièces d'or trouvé dans son jardin ! C'est aussi les fruits d'une belle politique de formation ! L'ASSE en est capable mais c'est un travail de longue haleine où le maillage est extrêment important ! Etant donné les dépenses engagées dans la détection et les partenariats conclus, il arrive un moment où le maillage a un coût qui doit porter ses fruits. Sauf que depuis Zouma, la relève n'arrive pas ! St-Maximin, Bamba, St-Louis, Souici, Chapuis... Lequel sera le futur grand ? C'est en tous cas notre meilleur assurance contre les erreurs de casting, car là, si on se trompe, on n'a moins d'état d'âmes que quand on a déjà posé 2 ou 3 millions sur la table ou que quand on a donné une belle prime à la signature !
Au final, 8 ou 10 millions de déficit structurel c'est beaucoup, mais cela pourrait être bien pire et surtout, tout cela ne tient qu'à un fil ! Une mauvais esaison et l'ASSE détricoterait tout (ou presque) ce qu'elle a construit depuis 5 ans !
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