"Qui c'est les plus forts évidemment c'est les Verts !", les paroles de l'hymne stéphanois imaginé par Monty n'auraient jamais vu le jour sans celui qui accompagna l'âge d'or de l'ASSE. Robert Herbin fut au début de l'histoire victorieuse des Verts et remporta en 1981 le dernier titre de champions de France du club. Robert Herbin n'était pas un Vert, il était à lui seul les Verts. Tel un cerbère, il a défendu les couleurs de notre ASSE comme joueur puis comme entraîneur... Robert Herbin nous a quitté ce lundi 27 avril 2020 à l'âge de 81 ans.

Il ne lui manque que le titre de champion de France de 1957 ! Formé au Cavigal de Nice, il rejoint une ASSE championne de France pour la première fois de son histoire, et ne la quittera plus, ou presque. De 1957 à 1983, Robert Herbin va donner 26 ans de sa vie à l'AS St-Etienne. Il reviendra entre 1987 et 1990, mais rien ne sera comparable... A lui seul, il a remporté comme joueur ou entraîneur 9 des 10 titres de champions de France et les 6 coupes de France que compte actuellement le club ! Il fut à St-Etienne le véritable trait d'union entre la génération Mekloufi/Carnus et celle emmenée par Platini/Repp.

Le Sphinx, "Personnage énigmatique figé dans une attitude mystérieuse.". Il découvre la définition de son surnom en faisant des mots croisés. Il n'a jamais véritablement adhéré au terme, mais ne l'a jamais combattu non plus... Il faut dire que ce fils spirituel d'Albert Batteux ne faisait pas dans l'originalité ni dans le sensationnel lorsqu'il dirigeait les Verts. De son banc, il observait, surveillait, lançait son oeil bleu perçant vers un positionnement aléatoire de ses hommes ou un changement tactique de l'adversaire. Il faut dire qu'il lui a fallu une sacré personnalité pour accepter l'offre de Roger Rocher, président emblématique des Verts. Après le départ d'Albert Batteux, il propose le poste d'entraîneur à Robert Herbin qui a alors 33 ans... Nous sommes en 1972 et celui qui sera le Sphinx a déjà remporté 5 titres de champion de France et 3 coupes de France comme joueur. De 1972 à 1983 il rajoutera 3 coupes et 4 titres dans la vitrine à trophées de Geoffroy Guichard.

Énigmatique, solitaire, enfermé dans une bulle de songes comme dans sa maison de l'Etrat, Robert Herbin était un taiseux qui ne parlait plus beaucoup. Seules ses chroniques dans le journal Le Progrès nous rappelaient que malgré son âge et l'évolution du jeu, le Sphinx possédait toujours son oeil vif et affûté. La musique classique (notamment celle de Wagner), son chien et ses lectures l'ont accompagné jusqu'à ses derniers jours de vie qu'il a mordue à pleine dent, ne s'interdisant jamais un bon cigare ou la dégustation d'un nectar de qualité. C'était M. Herbin, c'était le Sphinx, il devient notre légende, le plus fort parmi tous les Verts ! Votre âme demeurera dans les entrailles de Geoffroy Guichard M. Herbin, car une chose est certaine, une légende ne meurt jamais...

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