Bernard Caïazzo a témoigné dans Le Monde de son agacement vis-à-vis du football business qui gangrène le football. Il y dénonce ceux qui voient dans le foot une poule aux oeufs d'or. Si d'après-lui la saison actuelle ne devrait pas faire de gros dégâts, la suivante pourrait en revanche être fatale à de nombreux clubs. A son sens, les gros clubs doivent protéger les autres...

[penci_blockquote style="style-2" align="none" author="Bernard Caïazzo - Source : Le Monde" text_size="20"]Je ne vois pas de clubs en difficulté à l’issue de la saison actuelle. Les clubs ont des réserves qui seront mobilisées ainsi que des capacités d’emprunt. Si, dans le pire des cas, on ne reprend pas la saison, on peut s’en sortir sans défaut de paiement.

Le gros sujet, c’est la saison 2020-2021. Les voyants étaient tous au vert il y a quelques mois – ventes de joueurs, développement marketing, droits télévisés – et sont passés au rouge.

Cette course à l’argent, aux records de salaires, de budgets est ridicule et ne crée aucune valeur ajoutée. Pourquoi ne pas fixer un plafond salarial, dont on pourrait exclure trois ou quatre joueurs ? Il y a aussi des questions plus fondamentales à se poser. Le but du football, c’est de donner du bonheur aux gens. On doit vivre avec son temps, mais tout ce business est de trop. Trop de visions purement capitalistiques, de profits, de plus-values ! Il y a des clubs en milieu de tableau qui n’ont qu’une idée en tête : gagner de l’argent par le mercato. Ce n’est pas ça, le sport !

On a fini par payer un joueur moyen 60 millions d’euros, avec un agent qui touche 6 millions. C’est aberrant. Et on voit arriver des gens qui s’intéressent au football parce qu’ils ne connaissent pas d’autre secteur d’activité où quelque chose vaut zéro en décembre et 40 millions d’euros en juin. Il faudra que les instances établissent des règles plus fortes. Elles n’ont pas le choix. On va avoir quinze mois difficiles mais on repartira plus fort, plus équilibré. Il y aura un avant et un après, le football ne pourra plus être dans la même démarche.

Le problème du foot français, c’est qu’il est habitué, par réflexe, à entretenir des rivalités. Tout le monde est en train de comprendre que si l’on ne fonctionne pas comme une armée dans laquelle on met les gros bataillons devant, on ne gagnera pas. Les gros clubs sont équipés en juristes, financiers, analystes utiles dans les comités de crise. Compte tenu de l’état d’urgence, il y a une expérience plus grande chez les dirigeants de club qu’à la Ligue. In fine, c’est bien le bureau de la Ligue qui décide de la stratégie, les payeurs sont les clubs. Et le payeur doit être le décideur.[/penci_blockquote]

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