L'Équipe a interviewé l'ancien milieu de terrain de l'ASSE qui retrouve ce soir le Chaudron pour un match de coupe d'Europe dont il a toujours rêver. Il donne ses impressions en tout franchise et se montre assez critique sur le groupe stéphanois.
« Que vous inspire ce match ?
De la nostalgie. Sainté m’a vu grandir. J’y suis arrivé adolescent, et j’en suis parti jeune homme. C’est entre ces âges, de 14 à 23 ans, que tu te construis. C’est aussi ici que j’ai commencé à réaliser mes rêves.
Restez-vous supporter des Verts ?
Bien sûr ! Cela m’a fait mal de voir Loïc aller parler aux supporters après Metz(0-1, le 25 septembre), si abattu, lui qui aime tant ce club et sa ville.
Vous faites-vous chambrer sur les Verts ?
Dès le tirage, un équipier de Wolfsburg m’a appelé en Face Time (application de visioconférence). Tout le monde sait que c’est important pour moi. Surtout que les Verts ne sont pas bien. Mes équipiers me demandent : “Il se passe quoi, dans ton club?” ou “L’équipe (Saint-Étienne) n’est pas prête physiquement. Elle se fait manger dans les duels..."
Êtes-vous surpris de les retrouver 19 es de L1?
Un peu, même s’il est très difficile de confirmer après une bonne année. Tu te retrouves dans une zone de confort alors que la saison passée, tu n’as pas tapé les plus gros, à part l’OM, mais ce n’était pas un grand OM (2-1), et Bordeaux et Monaco n’étaient pas là. Sainté a une bonne équipe. Mais si elle ne met pas l’intensité et un cœur énorme, elle ne gagne pas le match. Parce que si Saint-Étienne a des qualités, il n’a pas la technique de Lyon, ni ses individualités. Et puis, Boudebouz n’a rien à voir avec Cabella (parti au FC Krasnodar). S’il fait jouer les autres, il a moins le coup de reins que Cabella, un hargneux qui gratte des ballons. J’ai aussi l’impression que l’équipe n’est pas prête physiquement. Elle se fait manger dans les duels. C’est pour ça que Sainté est devenu une équipe moyenne.
Wolfsburg et Saint-Étienne se ressemblent-ils ?
Les villes, fortement. Wolfsburg est aussi industrielle, portée par la valeur du travail, habitée par des gens simples, mais plus riche et plus moderne, grâce à l’argent de Volkswagen.
Tu t’y sens vite à l’aise. Avec ma famille, on ne se voit pas partir. Il faudra qu’un club m’arrache de Wolfsburg. Je n’en suis pas devenu le capitaine pour rien.
Et au niveau des clubs ?
Comme Sainté cette année, Wolfsburg avait de l’argent et on pensait, les saisons passées, que ça allait suffire pour obtenir des résultats. Mais on n’avait pas la tête. Cette saison, on vient de se renforcer. Notre objectif consiste à terminer dans le top 6 et à nous pérenniser en Ligue Europa(le club est 7 e de Bundesliga après 6 journées). Pour cela, il faut s’habituer au changement dû à l’arrivée d’un nouvel entraîneur, cet été (Oliver Glasner a succédé à Bruno Labbadia).
Le jeu de Wolfsburg a tant changé que cela?
Oui. Avant, il était plus axé sur la possession, en partant du gardien. Aujourd’hui, notre jeu est plus direct, avec un gros pressing et une très bonne assise défensive. On reste en rodage et invaincus. On n’est pas des monstres mais on possède une mentalité exceptionnelle. Notre attaquant (Wout Weghorst)court 12,5 km par match et il a mis 17 buts et 7 passes décisives en Championnat, l’an passé. Quand tu le vois courir, tu as envie de courir avec lui. On a aussi abandonné le 4-3-3 pour un 3-4-3.
Ce qui explique votre reconversion comme défenseur central ?
Oui et ça me fait bizarre, car je venais de réussir une très grosse saison en numéro 6. Même si je prends moins de plaisir, peu importe le poste. Ce que je veux, c’est gagner.
Y compris ce soir ?
Ça me fait mal au cœur pour les Verts, mais je suis professionnel. Leurs jambes risquent de trembler un peu, au premier ballon perdu. Il faut toutefois se méfier d’un animal blessé, et c’est toujours dur de gagner dans le Chaudron, où les supporters te font pousser des ailes.
Wolfsburg demeure-t-il le favori de ce groupe ?
Non, car il est ouvert. Il existe cet aspect mental qui te fait dire que comme tu n’affrontes pas Manchester United ou Arsenal, tout le monde peut taper tout le monde. Saint-Étienne possède les joueurs et l’effectif pour rebondir. Il sait aussi se sublimer pour ces matches. Je me suis souhaité de le jouer et que mes équipiers me disent au coup de sifflet final : “Joss, les supporters et ce club nous ressemblent, avec beaucoup d’énergie.” Je veux que Wolfsburg reparte avec cette image afin que nos fans sachent d’où je viens. Donc, je souhaite que Saint-Étienne lance sa saison jeudi (aujourd’hui),en termes d’intensité et d’engouement, mais pas qu’il gagne. »
Source : L'équipe