André Laurent aurait pu être celui qui donne la réplique à Jean-Michel Aulas durant les années 90 voire 2000 puis 2010. Cet entrepreneur avait la stature et le charisme pour emmener les Verts plus haut. Sans ce putsch organisé par le duo Larqué-Guichard en 1993, l'ASSE n'aurait peut-être pas connu les trou noir des années 90. André Laurent, interrogé par le Progrès, revient sur son mandat et ce triste dimanche matin...
[penci_blockquote style="style-2" align="none" author="André Laurent - Source : Le Progrès" text_size="20"]À cette époque, il n’y avait pas la manne financière des droits TV. Les entrées représentaient 30 % du budget (ndlr : 17% de nos jours), les autres 70 %, il fallait aller les chercher chez les sponsors. Ce n’était pas une mince affaire.
Tous les lundis matin, j’avais une réunion à 8 heures dans mon entreprise avec ma vingtaine de cadres. Que nous ayons gagné ou perdu la veille, il fallait donner le change. Cela vous remet les idées en perspective.
L’intensité, l’âme du football, je l’ai connu dans le vestiaire. Cette exaltation, ces grands moments de bonheur. Ça ne se raconte pas, ça se vit. Intensément. Tout le monde à peur avant un match. Les visages changent. La victoire et la défaite, ce sont deux menteurs avec le même front.
Un soir de défaite, j’ai houspillé les joueurs en les mettant face à leurs obligations. Roby n’a rien dit. Trois rencontres plus tard, les Verts l’avaient emporté aisément mais dans sa causerie d’après-match, il s’est montré très virulent pointant en priorité les carences de son équipe. Je lui ai demandé « Coach, vous ne les félicitez pas ? » Il m’a dit « Non. Ils sont plus réceptifs lors d’une victoire qu’un jour de défaite où ils ne vous entendent pas ». Quelle leçon. Cela m’a servi toute ma vie.[/penci_blockquote]
Le 6 juin 1993, à quelques heures de la demi-finale de coupe de France ASSE-Nantes, Pascal Praud et Jean-Michel Larqué attaquent le bilan d’André Laurent en direct dans Téléfoot qui s'est installé sur la pelouse du Chaudron pour l'occasion. Un véritable putsch qui aboutira à la démission d'André Laurent. Sans les nommer, l'ancien président stéphanois fustige Jean-Michel Larqué, Michel Vernassa et Yves Guichard en expliquant que cette prise de pouvoir est l'oeuvre d' "egos surdimensionnés guère en rapport avec leurs capacités". Voilà qui est dit... S'en suivra une saison très moyenne puis une seconde durant laquelle les Verts finiront par éviter de peu la relégation avant de sombrer en D2 en 1996 !
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