Dominique Rocheteau, qui n'a jamais vraiment affectionné son surnom "L'Ange Vert", va donc quitter l'ASSE après 10 ans passés à s'occuper du sportif aux côtés de Christophe Galtier, Oscar Garcia puis jean-Louis Gasset. Un parcours usant qui l'a poussé, à l'instar de Jean-Louis Gasset, à prendre du recul pour se reposer et profiter de sa région, la Charente, ainsi que de se famille. Pour lui, Ghislain Printant représente la meilleure solution pour remplacer Gasset...

[penci_blockquote style="style-2" align="none" author="Dominique Rocheteau - Source : L'Equipe" text_size="20"]Je me suis posé la question toute la saison de savoir si j’allais rester un an de plus ou pas. Je me trouvais alors plus dans l’optique de rester. Et la réponse s’est imposée d’elle-même, dimanche, au lendemain de la plus belle ambiance que j’ai connue de toute ma vie (face à Nice, 3-0).

J’en ai parlé à Jean-Louis (Gasset), lundi après-midi. Il se trouvait en plein dans son truc, aussi (l’entraîneur quitte également l’ASSE). Dans la foulée, je suis allé voir Roland (Romeyer, le président du directoire). Je lui ai rappelé ce qu’il m’avait dit, en 2010 : “Viens, je suis sûr que tu vas rester dix ans.” Et bien voilà, on y est. Comme on n’en avait jamais trop parlé, il ne s’y attendait pas du tout. Il a pris un coup. Roland est hyper sensible. Il avait les larmes aux yeux. On a passé neuf ans ensemble. Il y a eu pas mal d’émotion dans son bureau. Mais il a compris. C’est le bon moment pour moi d’arrêter, sur une note positive, et commencer une autre vie. Surtout, je ressens un peu de lassitude physique et mentale. Je ne me plains pas. On est des privilégiés. Mais travailler dans un grand club comme Saint-Étienne, où il y a beaucoup de pression, ça use au quotidien.

C’est à la fois valorisant et difficile de côtoyer le groupe, de se placer entre le sportif et les présidents. J’ai toujours eu cette fibre d’ancien joueur. Après, il faut éviter de prendre le stress du groupe, parvenir à le réguler et à le juguler. Sous des airs tranquilles, je bous à l’intérieur. Si j’ai réussi une carrière de footballeur, c’est que je n’étais pas si calme que cela. Comme Bernard (Caïazzo, le président du conseil de surveillance) et Roland ont chacun leur personnalité, j’entretenais des relations complètement différentes avec les deux. Mais je retiens qu’ils m’ont toujours accordé leur confiance et soutenu.

Si mon départ est lié à celui de Jean-Louis Gasset ? Jean-Louis, c’est un livre ouvert, un homme que j’ai vraiment apprécié, une très belle rencontre.  Christophe (ndlr : Galtier) m’avait dit : “Dom, c’est peut-être le moment pour toi de partir.” Ça m’avait incité à réfléchir (Rocheteau était finalement resté, en obtenant le poste de directeur sportif). Avec Jean-Louis, c’est aussi la fin d’un cycle magnifique. Mais je n’arrête pas parce qu’il arrête. C’est un tout.

Partir avec un nouvel entraîneur ? Je ne me suis pas posé cette question. J’en ai connu deux grands : Christophe, avec qui j’ai vécu une belle aventure, et Jean-Louis, avec qui j’ai vécu quelque chose de très fort. On a noué une relation teintée d’un grand respect. Si cette saison avait été très difficile, je serais resté. Là, elle est belle, grâce aussi aux joueurs qui ont formé le meilleur groupe que j’ai connu en neuf ans, et elle me permet de terminer comme ça.

Si Ghislain Printant est l’homme idoine pour succéder à Gasset ? Oui. C’est la bonne et la meilleure solution. Ghislain possède toutes les qualités requises. Il connaît bien le club, les joueurs, le staff et je suis sûr qu’il peut réussir. Sa première qualité, même si elle n’est pas suffisante, c’est d’être un fou des Verts. Il donnera tout. C’est sa jeunesse. Il était à Glasgow pour la finale de 1976 (0-1, contre le Bayern Munich). Donc on en parlait souvent. La première fois que je l’ai eu au téléphone, il m’a dit : “Je suis le plus heureux des hommes à l’idée de venir.”

Le prochain coach ? J’espère qu’il s’inscrira dans la continuité du travail débuté il y a deux ans. Je parle surtout de la formation. C’est ça, la pérennité du club. On en récolte les premiers fruits (l’ASSE a gagné la Gambardella). La force, ce sera aussi d’avoir un coach principal qui fasse confiance (aux jeunes).

J’aurai encore des activités. Mais plus dans le football. Ça, c’est sûr. Vous ne l’aimez plus ? Je ne suis pas saoulé, ni devenu anti-football. Mais je m’aperçois que je vieillis et que je ne profite pas de ma famille, de mes sept enfants et mes deux petits-enfants. J’ai perdu mon père il y a deux ans et je n’ai guère revu ma maman depuis. Je vais garder ma maison à Saint-Etienne et partir en vacances chez moi, en Charente, où j’ai vendu ma maison. Car je vais prendre du temps pour en acheter une autre pour la fin de mes jours.[/penci_blockquote]