L'ASSE n'est pas à vendre, mais à céder à plus ou moins long terme... Une façon de montrer la volonté du club à vouloir rester compétitif mais également celle des dirigeants à chercher un successeur auquel ils céderaient les clés après lui avoir fait visiter toutes les pièces de la maison Verte...

[penci_blockquote style="style-2" align="none" author="Roland Romeyer - Source : L'Equipe" text_size="20"]Avec la banque Lazard, nous avons reçu les représentants (de GACP et King Street qui ont depuis repris le club de Bordeaux) dans un salon privé de l’hôtel NH, à l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry. C’était juste avant d’accéder à la demande de PEAK6 d’entrer en négociation exclusive avec nous(le 15 mai 2018). Je n’ai pas senti pour la pérennité du club une bonne affaire.

PEAK6 ? Qui dit investisseurs ne dit pas mécènes. Ce ne sont pas des passionnés. Comme ils veulent un retour sur investissement, ils privilégient les finances, pas le club. Ça nous a fait peur.

On a décidé à l’été 2018 de consentir des efforts financiers très importants. On a gardé les cadres arrivés au mercato d’hiver pour accompagner la progression des jeunes. Loïc Perrin (le capitaine, formé auclub)a dit qu’il s’agissait de la plus belle équipe sur le papier depuis qu’il joue en professionnels (en2003). Pour la conserver, on a contracté un prêt important, de l’ordre de 20 M€, remboursable en 2020, car les nouveaux droits télé le couvrent.

La plupart des clubs ont présenté des comptes déficitaires à la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion).Nous, on a été le bon élève pendant huit ans de suite. Le club sera à l’équilibre à la sixième place. On se trouve dans le bon timing et pile-poil dans l’objectif fixé. Sinon, on sera obligés de trouver de l’argent. Avec l’évolution du football, l’argent joue aujourd’hui un rôle capital. Si on veut continuer à écrire l’histoire, il faudra en trouver. Si on était des magiciens, ce serait mieux.

L'arrivée d'un actionnaire ? Oui. Minoritaire, apportant de l’argent au capital du club, pas aux actionnaires, car ayant vocation à prendre petit à petit le relais. Je voudrais un passionné, un made in France. Mieux : de la région. Je peux toujours rêver. Regardez : je me penche vers la fenêtre de mon bureau et je regarde s’il n’arrive pas. Je l’attends. On travaille. Il y a des contacts. Ce sera peut-être réglé avant la fin de cette saison. Français ? Etranger ? Je n’ai pas vérifié s’il avait été naturalisé. (Il rit.) Vous allez trop vite en affaires. Un bon de commande a une valeur quand il est signé. Surtout dans le football, où je ne crois que ce que je vois. Et tant que ce n’est pas signé…

Je suis préoccupé. J’ai vendu seize affaires dans ma vie. Cela m’a appris que la transmission d’une entreprise ça ne se fait pas comme ça. Et après, tu ne sais jamais comment ça va se passer. Combien se cassent la gueule ensuite ? Pareil pour les clubs. Regardez Lausanne et le Servette de Genève, en Suisse. Ils ont vendu les bijoux de famille, pris le pognon et ils se sont cassés (1). Je ne veux pas de ça pour l’ASSE. L’un de mes grands soucis c’est de laisser le club à la bonne personne, afin de lui permettre de continuer à grandir. Selon une récente étude de la LFP (Ligue de football professionnel), 80 % des amateurs de football ont une bonne image des Verts. Quel que soit l’actionnaire, elle est à préserver. Tout comme le rôle social du club. Surtout à Saint-Étienne. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai créé l’association ASSE Cœur-Vert, en novembre 2011. Parvenir à passer la main tout en préservant notre identité, c’est ça mon challenge.[/penci_blockquote]